Alex

Après la première dizaine qui regorgeait de classiques et de grands réalisateurs, cette seconde dizaine me paraissait un peu plus faible, bien qu’elle comprenait l’un de mes films préférés. Sans grande surprise (du moins pour moi), c’est à The Silence of the Lambs que revient la première place des films 11 à 20. Il y avait plusieurs films que j’avais hâte de voir toutefois. The Seventh Seal, d’abord, parce que c’est mon premier Ingmar Bergman. This Is Spinal Tap, ensuite, puisque c’est un film culte qui a inspiré les mockumentaries en tout genre. Puis, il y a Salò, l’un des films les plus notoires du cinéma (et que j’ai acheté lors de mon plus récent passage à Sundance). Si la plupart des films ont fini par me surprendre, ma première expérience du cinéma de Bergman m’a un peu déçu.

En fait, c’est que j’avais peut-être un peu trop d’attentes envers The Seventh Seal. Parodié à de nombreuses reprises, le film a été une grande influence pour plusieurs réalisateurs de la Nouvelle Vague et du cinéma américain. Je l’ai trouvé un peu trop lent, et trop vide de sens. J’essayais de dénicher des symboliques qui n’en étaient pas, ce qui a donné un visionnement pour le moins frustrant. C’est loin d’être un mauvais film, mais il ne correspond pas à mes goûts, tout simplement. C’est ma seule véritable déception de la dizaine, même si je serais prêt à lui donner une seconde chance. L’important est qu’il ne m’a pas découragé à poursuivre ma découverte du fameux suédois!

Outre cette déception, tous les autres films m’ont assez plu. Il y a cette Samurai Trilogy de laquelle je n’avais aucune attente, et qui fut une belle découverte. Je n’étais pas familier avec le fameux guerrier Musashi, et, bien que ce ne soit que mon troisième film de samurai à vie, j’ai bien apprécié de voir ces films en couleur. Retrouver Toshirô Mifune dans un rôle plus sobre que celui de Seven Samurai m’a fait apprécier sa versatilité. Nous le retrouverons d’ailleurs dans High and Low au cours de la prochaine dizaine, où, cette fois, il n’interprète par un samurai. Ça promet! Au final, la trilogie s’apprécie mieux comme un tout qu’individuellement, et mon appréciation de la trilogie est égale à celle du troisième film (voir mon top ici-bas).

Parlant de surprise, que dire du programme double signé Samuel Fuller! Le réalisateur de série B est réputé pour avoir inspiré Quentin Tarantino, et on comprend pourquoi assez rapidement, que ce soit par le kitsch de ses histoires ou pour ses scènes inusitées. Cinq des films de Fuller se retrouvent dans la Collection, et j’ai bien hâte de les découvrir! This Is Spinal Tap m’a aussi grandement surpris. Je m’attendais à le trouver sympathique, mais pas à le trouver si excellent. Les comédies ont tendance à mal vieillir puisqu’elles sont ancrées dans leur époque, mais celle-ci a vieilli à merveille. Je suis peut-être biaisé par mon amour du mockumentary (merci à The Office et Borat), mais j’ai trouvé le film succulent. Je ne comprends pas pourquoi je ne l’avais pas vu avant!

Puis, il y a The Silence of the Lambs, dont on s’est procuré l’édition Criterion il y a quelques semaines. Il est parmi mes préférés, et j’ai pu l’analyser en profondeur pour pleinement comprendre pourquoi, notamment avec les nombreux suppléments proposés. J’ai pris plaisir à disséquer l’un des grands classiques du cinéma, et à apprécier une fois de plus l’étendue des talents d’Anthony Hopkins, l’un de mes acteurs favoris.

Enfin, parlons un peu de Salò, que j’avais très hâte de voir. Si ma première écoute a été un peu décevante, plus je lisais sur le film et plus je lui ai trouvé une profondeur. Ma prochaine écoute sera probablement plus satisfaisante, bien que je ne sache pas quand j’aurai envie de me torturer à nouveau. Sid & Nancy est un peu aliénant également, se présentant comme une véritable descente dans l’enfer de la drogue au sein de la scène punk britannique des années 1970. Gary Oldman et Chloe Webb sont tous deux excellents, mais le film a quelques problèmes de rythme qui ruine le visionnement. Sa structure est en elle-même assez punk, expérimentale, et il y règne un chaos continuel qui n’est pas pour tout le monde.

Cette deuxième dizaine était un peu moins éclectique que la première, et un peu moins représentative également. Quatre films américains (les premiers de la Collection, rappelons-le), trois japonais, un italien, un anglais et un suédois composent ces dix films qui, comme je l’avais deviné, se sont avérés dans l’ensemble moins bons que les dix premiers films. Cinq décennies sont représentées, et je suis content de voir que les quatre films américains ne proviennent pas seulement que des gros studios, grand merci à Fuller. En somme, outre The Seventh Seal, tous ont su me surprendre à un moment où à un autre. Quel beau projet empli de découvertes!

Mon top 10

10- The Seventh Seal d’Ingmar Bergman (1957)

9- Samurai II : Duel at Ichijoji Temple d’Hiroshi Inagaki (1955)

8- Samurai I : Musashi Miyamoto d’Hiroshi Inagaki (1954)

7- Shock Corridor de Samuel Fuller (1963)

6- Samurai III : Duel at Ganryu Island d’Hiroshi Inagaki (1956)

5- Sid & Nancy d’Alex Cox (1986)

4- The Naked Kiss de Samuel Fuller (1964)

3- Salò, or the 120 Days of Sodom de Pier Paolo Pasolini (1975)

2- This Is Spinal Tap de Rob Reiner (1984)

1- The Silence of the Lambs de Jonathan Demme (1991)

 

Mon top 3

3- Amarcord de Federico Fellini (1973)

2- La Belle et la Bête de Jean Cocteau (1946)

1- The Silence of the Lambs de Jonathan Demme (1991)

Jade

Les 10 premiers films de la Collection m’ont permis de comprendre ce qu’était Criterion et à quoi je pouvais m’attendre des 1000 titres qui font partie de son catalogue. Après m’être familiarisée avec le concept et habituée au travail qu’on faisait avec nos visionnements, j’étais prête à regarder les 10 prochains, dont les bandes-annonces me suggéraient fortement que la qualité ne serait pas la même comparativement aux numéros 1 à 10, exception faite de Silence of the Lambs, que je connais bien, et que j’avais hâte de revoir, doutant qu’il se retrouverait sans doute au sommet de mon palmarès.

Malgré sa renommée et les nombreuses parodies que j’ai pu voir notamment dans Le loup-garou du campus et les Animaniacs, The Seventh Seal m’a laissée sur ma faim. Bien connu en raison de sa partie d’échecs avec la mort (que j’ai moi-même reprise à l’inverse dans un texte intitulé « Partie d’échecs avec la vie » sans savoir que le concept avait déjà existé), le film de Bergman a été mon premier du réalisateur, et, sans doute en raison de mes études collégiales où analyser l’art pour en faire une lecture pleine de symboles était à la base de mes travaux et examens, j’ai été amèrement déçue de constater qu’il n’y avait finalement que peu de texte sous-jacent ici. Bien sûr, la place de la religion et les questionnements au sujet de la foi sont présents de façon explicite et implicite, ce qui explique peut-être pourquoi le film a été ajouté à bien des cursus scolaires de collèges et universités. Toutefois, on peut rapidement se mettre à chercher au-delà de ce qui nous est présenté pour proposer nos propres analogies ; les pièces du jeu d’échecs sont-elles des personnages? Est-ce qu’on assiste simultanément à deux temporalités? Le personnage principal est-il mort dès le début et on revoit les moments marquants de sa vie? Bref, les questionnements sont multiples, mais force est de constater que toutes ces pistes de réflexions, qui auraient amené une texture incontestable au récit, sont à éliminer rapidement. Dommage!

Mes préférés de cette nouvelle dizaine sont, sans surprise, Silence of the Lambs, qui se retrouve au premier rang, mais aussi This is Spinal Tap, un faux documentaire à la The Office / Tour de Pharmacy, dans l’univers d’un groupe rock en déclin qui va sortir son prochain album et faire une tournée américaine pour sa promotion (le groupe étant originaire du Royaume-Uni). On sent ici les influences, et on comprend rapidement le ton. Ce qui surprend de ce film, c’est son genre, et le fait que celui-ci se retrouve dans la Collection. En faisant des recherches, on constate facilement les parodies dans la culture populaire, le faux groupe de musique allant même jusqu’à être présenté dans Les Simpsons ou référencé dans Gilmore Girls et même Friends. Je trouve tout de même un peu triste que des artistes comme Ozzy Osbourne aient pensé qu’il s’agissait d’un vrai documentaire, puisque, dit-on, les événements qui y sont dépeints sont trop près de la réalité pour que c’en soit drôle (à en croire un membre de U2). Puis, en numéro trois de mon top 10, je place fièrement Samurai III : Duel at Ganryu Island, la conclusion de l’épique aventure de Musashi Miyamoto, certes, mais sans aucun doute le meilleur des trois.

Je dis « fièrement » car les films de Samurai ne sont pas d’emblée dans mes préférés. Malgré tout le poids derrière le nom de Kurosawa, son Seven Samurai ne m’a pas parlé. Cependant, ici, je dois dire que la trilogie était excellente! Je considère toutefois que les premier et deuxième volets étaient moins forts que le dernier qui pour sa part était une conclusion satisfaisante. Après avoir passé déjà deux films à méticuleusement construire et contextualiser le combat final et au détour l’évolution des relations amoureuses du samurai, le troisième est beau, bien dosé, bien joué aussi, et la scène ultime, quoique trop courte, nous permet d’admirer les prouesses du réalisateur, offrant de magnifiques plans à contre-jour.

Au milieu de mon classement se trouvent donc les Samurai I et II ainsi que les deux films de Samuel Fuller, que j’ai découvert avec Criterion et dans lesquels j’ai éprouvé une multitude de petits plaisirs. Déjà, on peut remarquer quelques éléments qui semblent être répétés dans ses films : la maladie mentale, les pensées intérieures présentées en voix off, et même parfois en montrant un personnage dans la tête de l’autre (un peu à la manière des anges et diables qui ont si souvent dirigé les pensées de personnages pendant des dilemmes), l’auto-référencement du réalisateur sur ses autres projets et les histoires simples qui se transforment rapidement en thrillers. Bref, tout pour me plaire! C’est pourquoi j’ai placé The Naked Kiss en numéro 4 et Shock Corridor juste sous Samurai II, que j’ai longtemps hésité à placer plus haut que Samurai III. En ce qui concerne Sid & Nancy, je n’ai encore pas trouvé mon match, le film étant trop criard pour mes goûts et, malgré que j’aie besoin de stimulation lors d’un visionnement, m’en offrant juste trop pour que je sois à l’aise.

Finalement, je ne pourrais pas finir mon texte sans parler de l’infâme Salò. En étant à mon troisième visionnement du film, j’ai redécouvert un film horrible qui m’avait fortement marquée il y a plus de 10 ans, toujours dans le déplaisir et le malaise. Je ne pourrais pas affirmer que Salò n’atteint pas son but ; si l’objectif est de laisser planer un sentiment de dégoût tout du long, il est tout à fait réussi avec moi comme public. Son efficacité (et le tragique destin du réalisateur) mis à part, Salò demeure un film dont les symboles sont peints avec de trop gros traits rouge et brun pour me plaire. Si l’on veut présenter la surconsommation, il est toujours possible de le faire comme Le Mirage l’a fait, même si pour celui-ci aussi, les traits étaient trop gros (sans toutefois être bruns, ceux-là).

La deuxième dizaine m’a plu dans son ensemble. J’ai découvert et nettement apprécié Samuel Fuller, jusqu’à avoir hâte de voir ses prochains films de la Collection. J’ai fait la paix avec le « genre » samurai, et j’ai même eu droit à un film vraiment léger avec Spinal Tap! L’aventure se poursuit, et je suis même plutôt excitée face à la troisième dizaine!

 

Mon top 10 :

10- The Seventh Seal d’Ingmar Bergman (1957)

9- Salò, or the 120 Days of Sodom de Pier Paolo Pasolini (1975)

8- Sid & Nancy d’Alex Cox (1986)

7- Samurai I : Musashi Miyamoto d’Hiroshi Inagaki (1954)

6- Shock Corridor de Samuel Fuller (1963)

5- Samurai II : Duel at Ichijoji Temple d’Hiroshi Inagaki (1955)

4- The Naked Kiss de Samuel Fuller (1964)

3- Samurai III : Duel at Ganryu Island d’Hiroshi Inagaki (1956)

2- This Is Spinal Tap de Rob Reiner (1984)

1- The Silence of the Lambs de Jonathan Demme (1991)

 

Mon top 3

3- Amarcord de Federico Fellini (1973)

2- La Belle et la Bête de Jean Cocteau (1946)

1- The Silence of the Lambs de Jonathan Demme (1991)

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