Spider-Man (franchise)
Films de la franchise :
Spider-Man (2002)
Spider-Man 2 (2004)
Spider-Man 3 (2007)
Cette critique contient des spoilers.
J’ai grandi en suivant la trilogie Spider-Man de Sam Raimi. Grand amateur de films de super-héros, j’ai pris un grand plaisir à suivre les aventures de Peter Parker au cours des cinq ans qui séparent le premier du dernier film. Si les deux premiers sont des succès sur toute la ligne, force est d’admettre que la trilogie s’est terminée en queue de poisson avec Spider-Man 3. En fait, cette seule bévue aura considérablement miné mon appréciation générale de la franchise, puisqu’on en termine le visionnement sans avoir le sentiment du devoir accompli, sans que toute l’histoire soit convenablement conclue. C’est dommage, car la série aurait pu s’élever au niveau des meilleurs films de super-héros de l’histoire.
Spider-Man est assez conventionnel dans sa forme. Proposant une histoire d’origine assez classique (ou du moins devenue classique avec le temps), on retrouve plusieurs des personnages connus de la série : Peter Parker (Tobey Maguire), Mary-Jane Watson (Kirsten Dunst), Harry Osbourne (James Franco), tante May (Rosemary Harris) et l’oncle Ben (Cliff Robertson). Ce sont des personnages récurrents dans toute la série, il est donc primordial de bien les présenter d’entrée de jeu. À cet égard, il est intéressant d’observer l’évolution que chacun d’eux connaîtra à travers la série. Du lot, Peter est celui qui bénéficie des meilleures trames narratives (ce qui est normal puisqu’il est le personnage principal). Dans le premier film, il apprend à découvrir ses pouvoirs, et forge peu à peu le type de super-héros qu’il aspire devenir, sans toutefois perdre de vue qu’il n’est qu’un adolescent, aux prises avec des problèmes typiques d’adolescents. Gagnant en confiance au fil des films, on le voit se questionner sur cette double vie dans le second opus, alors qu’il peine à les jumeler adéquatement. Dans le troisième film, on aborde cette fois la question de la célébrité qui vient avec la reconnaissance d’être un super-héros. Si l’exécution n’est pas toujours au rendez-vous, ce sont toutefois des thématiques qui sont intéressantes à explorer chez Peter.
On ne peut pas en dire autant de Mary-Jane, qui semble constamment aux prises entre son amour de Peter et la déception qu’il lui fait vivre. Alors que dans le premier film elle est essentiellement l’adolescente typique, inaccessible au principal protagoniste, plus on explore ses relations, plus on constate que son personnage est mal écrit. Elle saute constamment de relation en relation, toujours pour le plus grand mal de Peter. Passant de Flash Thompson (Joe Manganiello) à Harry à John Jameson (Daniel Gillies) à Peter, puis de nouveau à Harry, il faut admettre qu’on la représente comme étant pratiquement dépendante affective. On est loin de la femme forte qu’on serait en mesure d’espérer de son personnage, surtout puisque Spider-Man doit tenter de la sauver dans la scène finale de chacun des films de la trilogie. Le fait que Mary-Jane et Peter soient de nouveau en couple à la fin de Spider-Man 3 est un énième exemple qui illustre qu’elle soit très accessoire aux films, tristement.
Un autre personnage qui connait une fin décevante est Harry, que l’on nous présente dès la fin du premier film comme étant l’éventuelle némésis de Spider-Man. La plupart des trilogies tentent en effet d’élaborer des arcs narratifs dès le premier opus pour les développer dans les autres films de la série. Si on le fait bel et bien avec son personnage – qui deviendra le Gobelin Vert après la mort de Norman Osborne (Willem Dafoe) – on casse assez rapidement nos attentes au début du troisième film, lorsqu’il reçoit un coup à la tête qui lui fait perdre la mémoire et, du même coup, sa haine envers Spider-Man. C’est une technique tellement facile, un raccourci très décevant, qui enlève toute signification aux actions de Harry dans les deux premiers films. Certes, il revient vers la fin, et se sacrifie pour son ami Peter, mais il me semble qu’il aurait dû être le principal ennemi du dernier film, et non pas le moins important des trois vilains de celui-ci. C’est vraiment une occasion manquée de la part de Raimi et de son équipe, un manque de planification à long terme qui aura coûté cher.
Tante May connait quant à elle ses moments de gloire, bien qu’elle soit moins présente que les trois personnages susmentionnés. Si elle parait fragile, vulnérable dans Spider-Man, on la voit se défendre et être courageuse dans le second volet, avant de se voir pratiquement effacée du dernier chapitre. Elle aura toutefois su laisser sa marque dans la série en offrant de judicieux conseils à Peter.
Ce qui fait la force de la série, ce sont toutefois les vilains, du moins pour les deux premiers films. Willem Dafoe est tout simplement génial en tant que Gobelin Vert, offrant une performance impressionnante et très physique. Son objectif est clair, et on comprend pourquoi Spider-Man veut contrecarrer ses plans. En l’interprétant avec un trouble de personnalité multiple, on observe toute l’étendue du talent de l’acteur, encore une fois. Il en va de même de Dr. Octopus (Alfred Molina), qui est probablement le meilleur vilain de la franchise, et possiblement de l’univers de Spider-Man, tout simplement. Il est très impressionnant avec ses quatre membres amovibles qui semblent avoir leur propre personnalité, et il joue à perfection le scientifique « possédé » par ses tentacules.
Là où le bât blesse, c’est encore une fois dans ce troisième volet de la franchise. Alors qu’on se concentrait essentiellement sur un seul vilain par film, cette fois on en présente trois, ou même quatre si on inclut le changement de personnalité de Peter. Il y a d’abord la réapparition du Gobelin Vert, qu’on écarte toutefois après les premières minutes du film. On peut comprendre cette décision, considérant qu’il était également le vilain du premier chapitre. Il aurait toutefois fallu y penser d’entrée de jeu, et non une fois arrivé au dernier film de la série. Puis, il y a Sandman (Thomas Haden Church), un vilain moins connu, mais intéressant visuellement. On fait un bel effort de présenter ses motivations, mais on lui en ajoute une supplémentaire, totalement inutile, qui pousse Peter à vouloir s’attaquer personnellement à lui. Il aurait en effet tué Ben Parker, acte qu’on attribuait jusque là au bandit qu’on nous présente dans le premier film. On a voulu lui donner des raisons supplémentaires pour créer un véritable antagoniste, mais ce n’était pas nécessaire. Church est également moins charismatique que Dafoe et Molina, ce qui ajoute à la déception de Sandman. Puis, il y a Eddie Brock/Venon (Topher Grace, très peu crédible), qui fait son apparition seulement quelques minutes avant la fin du troisième film. Certes, Venom prend possession de Peter pour une grande part du film, mais si on souhaite aborder Venom, le vilain le plus iconique de l’univers Marvel, il faut le faire avec soin. Malheureusement, ici on a bâclé son arrivée au grand écran, et on oublie presque qu’il est dans le film.
Quittons un peu les personnages pour s’intéresser aux effets spéciaux des films, un aspect important si on veut réussir à présenter ces histoires adéquatement. Somme toute, un très grand soin est apporté aux effets spéciaux, générés par ordinateurs ou non, et peu de reproches sont à faire à l’équipe technique. Étant un peu à la traîne dans le premier film, on vient consacrer l’exécution dans le second, qui vaudra à l’équipe un Oscar, d’ailleurs. On a droit à un gros plan sur un Dr. Octopus entièrement généré par ordinateur, des effets pyrotechniques impressionnants, des maquettes plus grandes que nature et un travail sans faille du côté des membres articulés du docteur. S’ils laissent un peu à désirer dans le troisième film, les effets spéciaux sont tout de même à la hauteur d’une production de cette ampleur, même si on aurait souhaité moins de CGI (Computer Generated Imagery). Il était très important de voir Spider-Man se promener entre les gratte-ciels new-yorkais, et à cet égard aucun film ne déçoit.
Parlons un peu de l’univers construits lors de ces trois films. New-York y est très bien représentée, et plusieurs scènes prennent place dans des lieux iconiques de la ville. Toutes les scènes à grand déploiement sont agencées à perfection avec la musique envoûtante de Danny Elfman et Christopher Young (pour Spider-Man 3 seulement). Les sonorités gothiques typiques d’Elfman rappellent la musique des Batman de Tim Burton (qu’il avait composée), et collent à merveille à la peau des personnages. Les costumes de James Acheson sont également très bien exécutés, donnant de la texture à celui de Spider-Man de belle façon. Il recrée également bien celui du Gobelin Vert et du Dr. Octopus, alors que ceux de Sandman et de Venom sont plus génériques. Le costume noir de Spider-Man est lui aussi époustouflant, bien que sous-utilisé.
Cet univers réussi, on le doit beaucoup à Raimi, qu’on connait surtout pour ses films d’horreur de série B des années 1980. D’ailleurs, cette influence se fait sentir dans la scène à l’hôpital dans Spider-Man 2, scène qui semble tout droit sortie du cinéma d’horreur. Passionné du super-héros, on sent que c’est un projet cher à Raimi. On constate toutefois qu’il n’a pas l’habitude des grosses productions hollywoodiennes, et ça se fait ressentir dans Spider-Man 3, dont le tournage et la production débutent avant même qu’un scénario final n’ait été sélectionné. Il semble avoir été propulsé dans une machine plus grosse que nature, qu’il a su guider pendant deux films, mais dont le troisième aura su dévoiler les failles. Probablement que les films ont été mis en chantier trop rapidement, causant ainsi une baisse de qualité et une certaine fatigue auprès de toute l’équipe technique, fatigue clairement visible à l’écran. C’est dommage, mais espérons qu’il pourra se reprendre, lui qui pilotera la suite de Doctor Strange d’ici quelques années.
Si j’avais un conseil à prodiguer, ce serait de n’écouter que les deux premiers films de la série, car on est déçu, voire frustré par le dernier chapitre. Il est inutile à la trame de fond de la trilogie, et on peine à le trouver plaisant. Si les deux premiers ont bien vieilli, ce dernier est par moment assez malaisant. On a voulu trop en faire, et cela s’est répercuté sur la qualité du produit final. Toutefois, même si on la prend dans son tout, la trilogie représente un exploit considérable, elle qui est sortie avant le début du Marvel Cinematic Universe, et à une époque où très peu de films de super-héros paraissaient. On peut lui donner du crédit supplémentaire d’avoir instigué, avec les Batman de Burton et les X-Men, l’éclosion de ce genre de films dans les années 2010. Quoi qu’il en soit, la trilogie de Raimi demeure meilleure que les deux Amazing Spider-Man qui verront brièvement le jour, et demeure pour l’instant au même niveau de qualité que la présente franchise instiguée par Marvel, ce qui n’est pas rien!
Classement des films de la franchise :
3- Spider-Man 3
2- Spider-Man
1- Spider-Man 2