Le défi était de taille pour Sam Raimi et son équipe pour tenter de répéter le succès de Spider-Man deux ans plus tôt. Sans réinventer la roue, le réalisateur a opté pour une formule classique dans la continuité du premier film pour raconter la suite des aventures de Peter Parker. C’était probablement la bonne voie à suivre, car si on se retrouve devant un film assez conventionnel, Raimi parvient à reprendre tous les éléments qui faisaient du premier un bon film, et à en perfectionner les lacunes, ce qui fait de Spider-Man 2 le meilleur de la franchise à présent.

On retrouve Peter (Tobey Maguire) deux ans après les événements tragiques du premier film. On constate qu’il peine à combiner sa vie de super-héros à celle d’un jeune adulte. Il faillit à sa tâche de livreur de pizza, il oublie de se présenter à ses cours d’université, il a de la difficulté à être présent pour Mary-Jane (Kirsten Dunst), Harry (James Franco) et tante May (Rosemary Harris), et, comble de malheur, il semble perdre peu à peu ses pouvoirs. Il fait cependant l’heureuse rencontre d’Otto Octavius (un sublime Alfred Molina), scientifique de renom qui tente d’accomplir l’impossible : créer une source d’énergie aussi puissante que le soleil. L’expérience tournera évidemment au cauchemar, et un nouveau vilain sera né : Dr. Octopus. Peter devra donc tenter de le freiner, tout en remettant en question son rôle de super-héros.

Alors que le Gobelin Vert du premier film était un vilain efficace (joué par le brillant Willem Dafoe), Raimi met cette fois en scène un autre des plus connus antagonistes de Spider-Man. Encore une fois, on a droit à un personnage charismatique très travaillé, qui rend chaque altercation mémorable (notamment la scène de l’hôpital, qui rappelle le cinéma d’horreur auquel nous avait habitués Raimi dans les années 1980). Il n’a malheureusement que très peu de temps à l’écran, toutefois. On le perd de vue à quelques reprises, bien que ce phénomène puisse être dû à la version longue du film. N’empêche, on a fait un bon effort de rendre les tentacules de Doc Ock aussi vivantes que possible, grâce à un heureux mélange entre effets spéciaux et véritables tentacules, contrôlées par des marionnettistes. On ne peut véritablement distinguer les effets spéciaux générés par ordinateur de ceux faits de façon réaliste, ce qui explique probablement pourquoi Spider-Man 2 s’est vu décerner l’Oscar des meilleurs effets spéciaux.

Parlons de ces effets spéciaux, que j’avais trouvé inégaux dans le précédent film. S’il y a encore certaines lacunes, force est d’admettre qu’ils sont beaucoup plus convaincants cette fois. On voit finalement Spider-Man voler entre les gratte-ciels new-yorkais, en plus d’assister à plusieurs scènes d’action en hauteur. C’était un objectif avoué de Raimi, qui trouvait que les scènes d’action de Spider-Man se situaient trop au niveau du sol. C’est mission accomplie à ce niveau, alors que le film regorge de scènes d’action stimulantes, dont l’iconique scène du train. Outre cela, c’est également le CGI (Computer Generated Imagery) qui brille dans ce second volet. On a droit à l’un des premiers plan rapproché sur un visage entièrement généré par ordinateur de l’histoire du cinéma, sinon le premier, dans la scène finale. S’il n’est pas parfait, le rendu est tout de même impressionnant, ce qui prouve une fois de plus de l’énorme travail de post-production effectué ici. Sur le plan technique, cette fois, rien à redire.

Il convient de parler un peu du scénario qui, s’il ne se réinvente pas vraiment, amène toutefois certains aspects intéressants, notamment celui de faire perdre ses pouvoirs à Peter. Le scénario s’inspire à cet égard de l’une des premières trames narratives des bandes dessinées, qui voulait justement démontrer comment un adolescent pourrait mener cette double vie. Ce faisant, vers la moitié du film, on quitte Spider-Man pour renouer avec Peter et sa vie normale. Cela amène plusieurs moments cocasses, dans un scénario qui est également plus léger que celui du précédent film, en partie grâce à une plus grande présence de J. Jonah Jameson (J.K. Simmons, toujours aussi hilarant). Toutefois, il m’a semblé que le film possédait son lot de longueurs. La version longue est possiblement à blâmer, mais la construction du récit n’est pas idéale. Il y a de longs moments où on ne voit plus Dr. Octopus, plusieurs scènes plutôt répétitives, et une certaine stagnation dans l’évolution des personnages, si l’on exclut Peter. Le personnage de Mary-Jane est aussi problématique que dans le premier film, elle qui ne cesse de laisser des secondes chances à Peter, et alors que tout semble aller pour le mieux avec John Jameson (Daniel Gillies), elle remet ce confort en question et retourne tout de même vers Peter. Harry connait une certaine évolution, lui qui entretient une haine envers Spider-Man en raison des événements du précédent film. On sent qu’il jouera un plus grand rôle dans le troisième chapitre de la trilogie.

Outre cette certaine stagnation, on note également très peu de nouveaux personnages, ce qui est une occasion manquée à mon avis. Le Dr. Connors (Dylan Baker), l’un des vilains importants de l’univers de Spider-Man) est présenté dans ce film, bien que l’on n’en tire pas profit (pour l’instant du moins). On aurait aisément pu amener Gwen Stacy ou Eddie Brock, question d’agrandir un peu les trames narratives, qui demeurent pour la plupart centrées sur Peter et Mary-Jane. Cela n’est pas si dommageable à l’histoire, mais aurait pu laisser présager quelques éléments intéressants pour le dernier film de la trilogie.

Spider-Man 2 est globalement plus accompli que le premier film. Il utilise la même recette, mais parvient à l’adapter pour le rendre plus intéressant qu’initialement espéré. Malgré ses quelques problèmes de rythme, il parvient à nous tenir en halène tout au long du visionnement. Le succès qu’il a connu à sa sortie est grandement justifié, encore aujourd’hui.

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