Alors qu’elle était la reine de Rosehill, un collège privé huppé en Floride, une vidéo compromettante de Drea (Camila Mendes) est envoyée à tous les étudiants, par son copain Max (Austin Abrams). Perdant ainsi son cercle d’amis et ses chances d’être admise à Yale, elle rencontre pendant un camp de tennis estival Eleanor (Maya Hawke), qui joindra les rangs de la prestigieuse école l’automne prochain. Puisque personne ne la connaît, Drea convainc la nouvelle de procéder chacune à la revanche de l’autre, car, apprend-on, Eleanor s’est fait humilier par Carissa (Ava Capri), la fille à qui elle avait avoué ses sentiments dans un camp d’été quelques années plus tôt. Dès la rentrée, Drea et Eleanor mettent donc tout en place pour assouvir leurs vengeances, la première en travaillant à la culture de légumes sur le campus avec Carissa, et la seconde en joignant la bande de Max.

Do Revenge est arrivé sur Netflix au milieu du mois de septembre, juste à temps pour le retour en classe. Et comme nos amies sont maintenant en dernière année avant leur entrée à l’université, on embarque avec elles dans une aventure qui commence à l’automne et se terminera à la fin de l’année scolaire. Il y a quelque chose de charmant à regarder leur histoire se dérouler pendant les quelques mois de cours. Avec un tel environnement, on se demande si on ne va pas se faire présenter les lieux et les cliques avant notre premier cours. Et en fait, c’est exactement ce qu’on nous offre ici. Do Revenge ne se cache pas d’avoir voulu rendre hommage à plusieurs films pour adolescents qui se déroulent en milieu scolaire, notamment Mean Girls, Scream, Cruel Intentions, Clueless et 10 Things I Hate About You. Ainsi, Eleanor rencontre sa future flamme lors d’une visite guidée du campus à sa première journée, même si les bandes présentées ne sont plus des amateurs de café ou amoureux de la culture rasta comme dans 10 Things. On parle maintenant de passionnés de théâtre ayant voulu refaire Hamilton avec un ensemble d’acteurs blancs et s’étant fait envoyer une mise en demeure par Lin-Manuel Miranda!

Les deux filles se retrouvent pendant le discours de début d’année prononcé par Max lors duquel il fait ouvertement allusion à la vidéo qui a causé la tombée de son ex l’année précédente. Sans plus attendre, il inaugure un club d’hommes cisgenres hétérosexuels à la défense des gens qui s’identifient en tant que femme, initiative chaudement saluée par ses collègues. Drea n’étant pas de cet avis, elle trouve refuge dans la salle de bain et est rejointe par Eleanor. Rapidement, le plan prend forme. C’est ainsi qu’on a droit à une scène de métamorphose, qui verra Eleanor passer d’une élève timide – et lesbienne – à une fille de la clique des enfants populaires et riches qui flirte avec Max. De l’autre côté, Drea, qui faisait partie de ce monde jusqu’à tout récemment, joindra le projet de ferme de Carissa. Elle rencontre du même coup Russ (Rish Shah) un élève en retrait des autres ayant les cheveux bleus.

Sans surprise, les histoires d’amour parallèles des filles se déroulent comme dans tous les films du même genre. Eleanor se rapproche de la sœur de Max, tandis que Drea évoque la forte attirance qu’elle ressent envers Russ en disant (étonnamment) qu’elle était bien heureuse d’avoir une serviette sous elle sur sa chaise de plage. À cet effet, le film surprend à quelques moments dans son ouverture face à la sexualité. Do Revenge retrouve une sextape au cœur de son intrigue, de même qu’une scène plus osée entre Eleanor et Russ (même si on est loin d’American Pie), sans compter l’aisance avec laquelle on parle d’identités de genre, 2022 oblige. À voir se dérouler les flirts des héroïnes, on se demande toutefois quand et comment on vivra le moment des révélations choc qui viendront troubler leurs nouvelles relations.

Et c’est là – entre autres – où le film surprend. En entrant dans une telle prémisse, on sait d’avance qu’il est inévitable que la vérité éclate au grand jour. Le plan sera découvert et on aura droit à des « ce n’est pas ce que tu crois » pleins de larmes. C’est ce qui se produit, mais pas tout à fait. Do Revenge pourrait ainsi être qualifié d’un film d’adolescents typique, with a twist. Sans entrer trop dans les détails, le moment se présente bel et bien, mais amène davantage de questions que de réponses pour les personnages. À partir de ce moment, on change de registre et on rejoint plutôt le thriller, et la surprise est bienvenue!

Mais est-ce vraiment une surprise? Pas totalement. À la moitié du film, on pourra se demander comment le double plan des filles se terminera. Et on commencera à avoir des doutes sur ce qui nous est présenté. Et alors, des idées saugrenues viendront teinter notre visionnement. Et s’il y avait quelque chose de plus grand que cette revanche adolescente? Heureusement, les réponses viendront rapidement après. Et au milieu des revirements crédibles, on a cru bon ajouter du drame et d’autres situations auxquelles on pourra ne pas adhérer aussi facilement.

Do Revenge est donc ce film qui tangue entre plusieurs tons, genres et inspirations, empruntant les moments forts des classiques qu’il veut honorer, mais qui parvient à conjuguer habilement le tout dans un audacieux mélange qui aurait pu être plus décousu. Certaines scènes ont été recopiées assez fidèlement pour qu’on en reconnaisse l’origine. Drea arbore la même pose que Regina George (Mean Girls) dans un corridor, et se livre à une guerre de ballons de peinture comme Kat et Patrick (10 Things), puis le film se termine dans le même genre de voiture que celle de Cruel Intentions. N’oublions pas non plus la présence de Sarah Michelle Gellar (Cruel Intentions) en tant que la seule adulte du film. Si le scénario est rempli de passages qu’on a déjà vus ailleurs, il parvient étonnamment à s’en détacher en empruntant un peu de tout à tous ces films desquels il s’inspire. Sans être révolutionnaire, il est assez bien ficelé pour qu’on apprécie le visionnement et qu’on chante à tue-tête les chansons des années 1990 de sa bande sonore.

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