Sans savoir vraiment pourquoi, j’ai toujours été attirée par les pièces de Shakespeare. À 10 ans, je faisais des recherches sur le réputé dramaturge et j’ai décidé de louer Othello à la bibliothèque, parce que ça me rappelait le jeu du même nom (ou reversi pour les intimes). Puis comme beaucoup d’autres adolescentes j’ai découvert les comédies-romantiques des années 2000, et quelle ne fut pas ma surprise de constater que certaines d’entre elles étaient inspirées des pièces de mon auteur anglais! Après les deux Lion King en 1994 et 1998 – réadaptations de Hamlet et Roméo et Juliette respectivement, sans mentionner Romeo + Juliet (1996), qui est plutôt explicite dans sa façon de se présenter – j’ai eu droit à Get Over It (2001), O (2001) et She’s the Man (2006), toutes des adaptations adolescentes du théâtre shakespearien. Mais au milieu de tous ces films semblables, 10 things I hate about you se démarque, encore plus de 20 ans après sa sortie. Analyse critique d’un film que j’ai vu maintes fois et dont je connais les répliques et chansons par cœur!

La mégère apprivoisée vs 10 things

À Padoue, un aristocrate aimerait marier sa cadette Bianca qui est convoitée par deux hommes, mais pour ce faire il doit d’abord trouver un prétendant à sa fille ainée Catharina, tâche plus ardue étant donné son caractère difficile.

À Seattle, Kat (Julia Styles) est reconnue pour sa personnalité désagréable et Bianca (Larisa Oleynik) est « la plus belle fille de toute l’école ». Après le changement des règlements de la maison par leur père, Bianca pourra sortir avec des garçons quand Kat sortira aussi.

Cameron (Joseph Gordon-Levitt), nouvellement arrivé à Padua High (référence subtile ici), a un coup de foudre instantané pour Bianca, avant d’apprendre d’abord qu’il n’est pas le seul et devra « compétitionner » avec Joey Donner, riche mannequin narcissique dont toutes les filles (sauf Kat) raffolent, et ensuite que Bianca ne peut pas sortir en raison de la condition émise par son père. Cameron et son nouvel ami Michael (David Krumholtz) demandent donc à Joey de payer Patrick (Heath Ledger) pour sortir avec Kat, laissant la voie libre à Cameron – et à Joey – pour se rapprocher de Bianca.

Si 10 things I hate about you n’est pas le seul film pour adolescents à être une adaptation d’une pièce de Shakespeare, il a été le premier à le faire en 1999, et sans doute le plus réussi lorsqu’on le compare aux autres nommés en introduction. Pourquoi?

Une bonne distribution

Avant d’incarner Cameron, Joseph Gordon-Levitt avait surtout joué dans des téléfilms, mais il était Tommy de 3rd Rock From the Sun depuis 3 ans déjà. C’est toutefois après 10 things que sa carrière a pris son envol.

David Krumholtz, que l’on a pu voir récemment dans The Deuce, avait participé à de nombreuses séries télé et aux films Santa Claus (avec Tim Allen, en 1994 et le second en 2002) avant 10 things, et c’est aussi après ce film que les projets se sont multipliés.

Julia Styles est sans aucun doute l’une des plus grandes stars du début des années 2000 avec 10 things, Down to you (avec Freddie Prinze jr., autre icône de l’époque), O (reprise d’Othello de Shakespeare en 2001), Save the Last Dance, The Prince and Me, et la série de films d’action Bourne avec Matt Damon.

Larisa Oleynik était également bien connue dans les années 90, étant la tête d’affiche de la série Alex Mack de Nickelodeon de 1994 à 1998. Elle avait aussi participé au Baby-Sitters Club en 1995, film adapté d’une série de romans.

La carrière de Heath Ledger après 10 things n’a pas besoin de présentation (Brokeback Mountain, The Dark Knight). Avant d’incarner Patrick Verona ici, il n’avait fait que quelques téléséries.

Une comédie, qui ne tombe pas dans le ridicule

Oubliez Amanda Bynes qui se déguise en son frère et nous fait voir des réactions faciales dignes des séries Disney énergiques à la Hannah Montana. 10 things est loin d’être aussi parodique que She’s the man ou Get over it, dans lequel Ben Foster chante un jingle de gomme à mâcher en audition pour le rôle principal de la pièce de laquelle le film est inspiré ; Songe d’une nuit d’été (Songe d’une nuit d’ados en français). Dans 10 things, le personnage le plus ridicule est assez peu vu (Allison Janney en conseillère d’orientation lasse des écoles secondaires et autrice d’un roman érotique entre deux rencontres). Les autres sont des ados « typiques » dans des situations « typiques » de films d’ados. Le dur à cuire mystérieux dont on ne connaît rien (Ledger), le nouvel arrivé qui apprend les rudiments des classes sociales au secondaire (Gordon-Levitt), l’élève qui lui fait faire le tour de l’école (Krumholtz), la belle fille populaire (Oleynik) et la grande sœur que personne n’aime mais qui est au fond une bonne personne (Styles). Les situations sont alors aussi crédibles que dans n’importe lequel des autres films de ce type, et ne tombent pas vraiment dans l’excès.

Les chansons

Chaque comédie-romantique a le don d’utiliser des chansons populaires de son temps pour s’ancrer encore plus profondément dans l’étiquette des « films d’adolescents ». L’une des séries les plus populaires des années 2000 est sans aucun doute American Pie, dont la bande originale regorge de tous ces groupes que nous avons aujourd’hui oubliés et qui étaient au centre de notre univers il y a 20 ans. Au cœur de son récit, 10 things se démarque de ses comparables en laissant davantage de place à des chansons qui sont relativement inconnues pour la plupart (exceptions faites de One Week en ouverture, I Want You to Want Me au générique de fin et Can’t Take My Eyes Off of You dans une scène iconique sur le terrain de soccer). Résultat? On ouvre Limewire et on télécharge des pièces qu’on ne connaissait pas!

Deux histoires en simultané

Si les comédies au théâtre sont souvent remplies de déguisements et de fausses identités (Molière, Marivaux), alimentant les malentendus comiques jusqu’au dévoilement final, 10 things se distancie de son inspiration en ne le faisant pas, mais on suit tout de même deux histoires se développer en parallèle, élément qui le distingue encore une fois des comédies-romantiques habituelles. Alors on choisit, Team Cameron-Bianca, ou Team Patrick-Kat?

10 things I hate about you est sans aucun doute l’une des comédies-romantiques d’adolescents les plus populaires de son époque, et même plus de 20 ans plus tard, elle a bien vieilli. Les amateurs du genre seront servis. Les acteurs sont charismatiques, les situations sont comiques, la musique est bonne, le ton est parfait. C’est sans grande surprise qu’elle a ouvert la voie à de nombreuses autres par la suite. Tristement, celles-ci n’ont jamais pu se hisser au même rang.

Laissez un commentaire