Wonder Woman
Les fans de DC ont dû patienter longtemps pour avoir enfin droit à une adaptation cinématographique de Wonder Woman. Tout juste avant la sortie du très attendu Justice League, Wonder Woman a permis d’étendre le DC Extended Universe (DCEU) au-delà de Metropolis et Gotham pour s’intéresser aux Amazones, ces héroïnes mythiques et recluses sur l’île de Themyscira, ajoutant au passage un peu de couleurs à une franchise qui en avait grandement besoin. Le résultat est l’un des rares blockbusters à mettre de l’avant un personnage féminin et qui, malgré sa simplicité, pourrait très bien s’établir comme l’un des meilleurs films du DCEU.
Sans grande surprise, le film est construit comme un long retour en arrière qui nous présente les origines de la super-héroïne, origines qui remontent à il y a très longtemps, comme en témoigne la photographie datant de la Première Guerre mondiale découverte par Bruce Wayne dans Batman v Superman. On nous plonge alors dans l’enfance de Diana, où elle reçoit l’entraînement militaire de sa tante Antiope (Robin Wright) et les enseignements de sa mère Hippolyta (Connie Nielsen). Puis, un jour, ce havre de paix qu’est Themyscira est perturbé lorsqu’un avion militaire piloté par Steve Trevor (Chris Pine) y fait une apparition soudaine, suivi de nombreux navires de guerre allemands. Après un combat inégal qui voit les Amazones décimer ces soldats nazis, Diana, qui en apprend plus sur la guerre mondiale qui sévit au-delà des frontières de son royaume, décide d’accompagner Steve jusqu’à Londres pour tenter de trouver Hadès (le Dieu de la Guerre), qui, selon elle, est derrière cette machination. S’ensuit alors un périple dans une Europe décimée pour retrouver le général Ludendorff (Danny Huston) et Dr. Maru (Elena Anaya), qu’elle croit sous l’emprise de Hadès.
J’avais hâte de voir comment on allait aborder ce personnage mythique, dont la première apparition dans Dawn of Justice m’avait passablement déçu. On l’avait davantage représentée comme une femme fatale que comme la super-héroïne qu’elle est, et heureusement Wonder Woman vise plus juste. Gadot parvient à insuffler juste le bon mélange de curiosité, de sincérité, de puissance et de compassion pour faire honneur au personnage créé par William Moulton Marston. En fait, pour la première fois, on sent véritablement une distinction entre les autres films de la franchise et celui-ci. Par moments, on se sent davantage dans un film Marvel que DC, tant dans le ton que dans la forme que prend le récit, et c’est tant mieux. La Warner a tenté de se distinguer de ses rivaux avec les précédents chapitres de la série, mais il faut avouer que le DCEU manquait gravement de légèreté et d’humour, ce que Wonder Woman vient habilement combler. Dans la première moitié du film, on est plongé au cœur d’un blockbuster fantastique crédible et efficace, alliant mythologie, féminisme et grandiosité comme peu de films l’ont fait auparavant. Même si la seconde moitié se déroule au sein de l’univers crade qui caractérise la Première Guerre mondiale, on retrouve toujours une certaine légèreté bienvenue.
C’est toutefois dans les dernières 30 minutes que les choses se gâtent. C’est là qu’on ressent vraiment que Wonder Woman fait partie du DCEU, d’une vision qui dépasse son microcosme. Alors que Wonder Woman faisait un bon travail pour présenter des scènes d’actions originales et au ralenti, permettant au public d’apprécier les subtilités de ses chorégraphies, le combat final verse dans les explosions à outrance qui rendent tous ces efforts caducs. On a presque l’impression que Zack Snyder a repris les rênes du projet, alors que son visuel caractéristique imbibe l’action. Les effets spéciaux, en dent de scie, sont davantage engourdissants dans cette finale peu inspirée et banale.
Les antagonistes peu charismatiques y sont peut-être pour quelque chose dans cette conclusion décevante. Huston et Anaya sont très peu convaincants, bien que la faute revienne davantage au peu de nuances qu’on octroie à leurs personnages dans le scénario qu’à leur interprétation. On dirait que le seul fait qu’ils fassent partie de l’armée allemande suffise à les catégoriser comme des vilains, et leurs motivations ne sont jamais vraiment abordées, ce qui en fait des antagonistes inintéressants. De même, la distribution secondaire, qui inclut Ewen Bremner, Eugene Brave Rock et Saïd Taghmaoui, est trop accessoire pour qu’on puisse vraiment s’intéresser à eux, même si leur dynamique de groupe est tout de même acceptable.
Malgré ses quelques défauts, Wonder Woman est assez original pour insuffler un vent de fraîcheur dans un DCEU déjà en perte de vitesse. Lorsqu’on outrepasse l’inégalité de ses effets spéciaux et ses nombreux stéréotypes, le film s’apprécie comme un blockbuster efficace et bienvenu contrastant avec les films de la franchise cinématographique. Il plaira assurément à un vaste auditoire et il parvient à créer un univers qu’on aura le goût de retrouver dans quelques années, pour autant que la noirceur du DCEU ne vienne pas gâcher cette série prometteuse.