Fort du succès du premier film de ce qui allait devenir par la force des choses une trilogie, Steven Soderbergh est de retour avec le deuxième opus des aventures des voleurs de casino de Las Vegas. Ocean’s Twelve paraît donc en 2004, soit 3 ans après le premier volet. Reprenant les codes du genre sans reprendre tous ceux d’une suite, il est considéré par les spectateurs et les critiques comme le moins réussi des trois. Critique d’un film de braquage parfois malhabile, parfois inutilement complexe, mais tout de même captivant.

Après avoir dérobé un peu plus de 160M$ à Terry Benedict (Andy Garcia) le soir d’un match de boxe, Danny Ocean (George Clooney) et ses acolytes vivent dans le luxe avec leur part du butin. Il ne faudra pas attendre longtemps avant que Benedict leur fasse comprendre qu’ils ont deux semaines pour le rembourser, en ajoutant les intérêts des trois dernières années bien évidemment. Alors que certains ont presque tout dépensé, d’autres se sont montrés plus conservateurs, mais on est bien loin du compte. Les partenaires ont donc l’idée de trouver un autre coup pour les aider à payer leur dette. Après avoir réussi à entrer par effraction dans la maison la mieux protégée d’Amsterdam, les « douze » réalisent qu’ils se sont fait prendre de vitesse par François Toulour (Vincent Cassel). Quand celui-ci se retrouve chez LeMarque, ce voleur dont personne ne connaît vraiment l’identité et qui a toujours réussi à échapper à l’organisation Europol, LeMarque mentionne que le coup d’Ocean au casino trois ans auparavant était dans les meilleurs qu’il avait vu. Irrité, Toulour a l’idée de conclure un accord avec la bande : si Danny réussit à voler avant lui un œuf Fabergé devant être exposé bientôt, le français rembourse Benedict. Le gagnant doit ramener l’œuf au Marque. Le défi interpelle immédiatement l’équipe, et les préparatifs commencent!

Le premier film des aventures de Danny et sa bande nous permettait de voir plusieurs étapes de la préparation du plan, mais surtout de se délecter devant l’exécution de ses multiples détails. On ne peut pas en dire autant ici, car le tout est présenté d’une façon inutilement complexe qui multiplie sans arrêt les fausses pistes et les revirements de situations. Tellement, qu’un épisode absolument sublime de Rick and Morty (One Crew Over the Crewcoo’s Morty, S4.E3) s’en est inspiré de façon grandement parodique.

Il est plus facile de s’y retrouver lors d’un second visionnement, mais en comparant Twelve à Eleven et même à Thirteen, tout est plus confus dans ce film-ci. En effet, sans trop entrer dans les détails, tout est orchestré par quelqu’un de plus haut que les héros dans cette nouvelle aventure. Benedict se pointe chez Danny? On lui a demandé de le faire. LeMarque mentionne que Danny est impressionnant devant Toulour? On lui a demandé de le faire. Toulour a l’idée d’organiser un défi contre Danny? Vous l’avez deviné : on lui a demandé de le faire. Et quand j’écris « on », comprenez qu’il ne s’agit pas toujours de la même personne qui est derrière tout ça. Dans ce nouveau chapitre, qui se passe loin du Nevada, on voyage avec les héros dans les villes européennes, ce qu’on appréciera, mais on joue aussi beaucoup avec les limites du film en donnant par exemple à Julia Roberts le rôle de Tess qui se déguise en Julia Roberts lors d’une visite dans le musée pour voir (et voler) l’œuf. Et il fallait que Bruce Willis joue son propre rôle dans cette scène menant à l’arrestation de la bande par Europol.

Ajoutons aussi que les révélations finales sont rendues possibles grâce à beaucoup d’informations qui ne sont jamais présentées avant, alors le sentiment d’euphorie que l’on pouvait vivre dans Eleven est beaucoup plus ténu ici. On nous présente par exemple un moment sur le quai d’une gare après que plusieurs événements importants se sont passés, sans jamais les mentionner. Lors des révélations finales, on revient dans le train, et on termine sur le quai. Les exemples sont multiples et c’est bien dommage. Il est toujours plus facile d’affirmer que quelque chose s’est passé sans qu’on ait de preuves. Le fait que presque tous les éléments importants aient eu lieu hors champ est vraiment décevant ici. On aurait voulu que le tout se déroule comme dans le film précédent, disons.

Une des choses les plus intéressantes de ce film est le personnage de Vincent Cassel. On assiste à ses entraînements chorégraphiés lui rendant possible de traverser des lasers et le résultat, quoiqu’un peu long, est magnifique. Son mode de vie extravagant et sa façon d’opérer feront bien des heureux. Si, même à la fin du film, on se demande ce qui s’est passé, c’est lors de la discussion entre Danny et Toulour sur le porche de ce dernier qu’on aura quelques aperçus. Tout le monde n’aimera pas cette conversation, car c’est là où les « oui, mais » se multiplient.

Contrairement à Ocean’s Eleven, Twelve se termine de façon pour le moins étrange avec des personnages qui se retrouvent malgré quelques motivations irréconciliables. C’est peut-être juste moi, mais quand on passe sa vie à vouloir arrêter des voleurs, on ne va pas dans leur repaire pour jouer au poker avec eux. Bref, les questions sont nombreuses à la fin de ce deuxième volet. On regrette d’avoir délaissé Las Vegas et ses casinos, on aime le contexte européen malgré qu’on l’exploite à moitié, mais on s’ennuie, surtout, d’un plan qui nous fait sourire à chaque étape comme c’était le cas dans le précédent.

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