Après la déception certaine qu’a été Ocean’s Twelve, Steven Soderbergh s’est risqué, encore trois ans plus tard, à proposer Ocean’s Thirteen, qui allait venir fermer la franchise en 2007. Cette fois-ci, on a compris qu’il valait mieux retourner à Las Vegas pour le plus récent coup de Danny et ses complices. On se transporte donc dans un hôtel qui ouvrira bientôt sur la strip, géré par un ancien partenaire d’affaires d’un de la bande, joué par nul autre qu’Al Pacino. Distribution solide, retour aux racines du premier film, ce troisième chapitre sera-t-il plus convaincant que les précédents? Meilleur que Twelve, sans doute, mais un peu derrière Eleven

Dans cette troisième aventure de Danny Ocean (George Clooney), on retrouve Rueben (Elliott Gould) malade et alité après que son partenaire d’affaires Willy Bank (Al Pacino) l’a sorti de force de leur prochain projet d’hôtel de luxe sur la strip. Bank est un propriétaire d’hôtels notoire et il a déjà remporté pour tous ses hôtels jusqu’ici la distinction des 5 diamants (sorte de classement Michelin pour l’hôtellerie). Avec l’ouverture officielle du Bank dans quelques semaines, la bande se met en tête de rendre justice à leur ami, d’abord en empêchant l’hôtel d’obtenir son classement de 5 diamants, mais aussi en ruinant le propriétaire le soir de l’ouverture en faisant gagner les joueurs de multiples façons, car Bank doit réaliser un profit de 500M$ dans son premier trimestre pour que l’hôtel demeure ouvert. Une suite d’événements amènera la bande à recourir aux services de Terry Benedict (Andy Garcia), qui a aussi une dent contre Bank et accepte d’aider Danny à condition que celui-ci dérobe les colliers de diamants de Bank dans son coffre ; un défi difficile, mais pas impossible pour les héros.

Quel bonheur de retourner à Las Vegas, là où tout a commencé! En effet, pendant le visionnement de Twelve, le spectateur pourra regretter cette époque où tout était plus glamour à Vegas. Le vol de musée, c’est bien, mais dans une série de ce type, il est nettement plus intéressant d’être enfermé dans la noirceur sexy d’un casino que d’aller dans une salle d’exposition en plein jour pour dérober un oeuf Fabergé. En ce sens, Thirteen nous ramène aux thématiques de base de la série, soit la vengeance, et, pour y arriver, le vol d’un casino. Mais attention! Le vol dont on parle ici ne ressemble en rien à celui auquel on assiste dans Eleven. On passe à un autre niveau cette fois en voulant ruiner un propriétaire en lui enlevant ce qu’il a de plus précieux, soit une réputation solide. Le « vol » sera donc davantage une série de petites magouilles qui causeront une lourde perte financière à l’antagoniste, sans pour autant faire réaliser un profit aux héros comme la première fois. Ainsi, Saul (Carl Reiner) prétendra être l’employé chargé de noter l’hôtel pour la remise des 5 diamants, pendant que le vrai inspecteur vivra un séjour désastreux, soit parce que sa chambre empeste, que son lit est couvert de puces, qu’il fait une indigestion au restaurant ou une réaction allergique après avoir utilisé les produits dans sa chambre. Tout ça, bien sûr, rendu possible grâce aux complices. En parallèle, Linus (Matt Damon) tentera de se rapprocher de l’assistante de Bank, Abigail (Ellen Barkin) en jouant lui-même l’assistant d’un homme d’affaires asiatique important, joué par leur contorsionniste Yen (Shaobo Kin), afin de voler les diamants dans le coffre de Bank.

Comme dans les deux autres chapitres, une grosse partie de la réussite du plan repose sur la chance ou les coïncidences fortuites. En effet, à plusieurs moments dans le film, les employés actuels du casino aideront les voleurs dans l’exécution de leur magouille, ou alors l’équipe n’aura jamais de difficulté à trouver les bons costumes pour assumer plusieurs rôles différents dans l’espace de quelques semaines, sans que personne ne s’en rende compte. La question du timing est encore plus importante et il semblerait que rien ne vienne nuire à la mise en place de chaque étape.

Ocean's Thirteen | Sky.com

Si l’on oublie cette chance presque improbable (caractéristique du genre, il faut l’avouer), le film demeure un excellent divertissement. Encore une fois, on assiste au déploiement des étapes avec une excitation grandissante tout au long du récit. On sera parfois un peu inquiets que les héros se fassent prendre, ce qui n’arrivera bien évidemment jamais, justement en raison de ce timing incroyable et de toutes ces coïncidences. Le moment où les visages des complices de Dell (Eddie Jemison) apparaissent sur l’ordinateur derrière Bank et qu’il ne se tourne pas avant que les jumeaux aient changé les caractéristiques faciales de chacun des membres de l’équipe est un bon exemple.

On retrouve dans ce nouveau chapitre les éléments que l’on avait aimés du premier film, et on délaisse ceux qui avaient moins bien fonctionné dans le second. En ce sens, Thirteen est nettement supérieur au deuxième, et se retrouve pas très loin derrière le premier. Certains aimeront cette histoire de vengeance, d’autres pourront avoir préféré un vrai vol de casino. Quoi qu’il en soit, ce dernier de la trilogie la clôt bien. Il serait tout à fait faisable de réfléchir à une nouvelle histoire semblable, mais le risque que celle-ci ne soit pas aussi intense que les précédentes serait trop grand. On accepte donc que Thirteen soit le dernier des aventures de Danny, que l’on a vraiment aimé suivre à travers ses magouilles impossibles qui nous auront fait sourire à de multiples endroits.

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