Quatre ans après l’énorme succès de Back to the Future, Bob Gale et Robert Zemeckis proposent le deuxième volet de ce qui deviendra finalement une trilogie en 1990 : Back to the Future Part II. Après avoir fracassé le box-office avec le premier opus, une suite était évidemment prévisible, mais risquée. Allait-on retrouver trop d’éléments semblables dans cette nouvelle histoire ou allions-nous au contraire être encore une fois émerveillés devant un nouveau scénario surprenant? Un peu des deux!

Dans cette suite à l’aventure de Marty McFly, on reprend là où nous avions laissé les personnages à la fin du premier film : dans la voiture (volante cette fois) de Doc, en route vers l’année 2015 pour aller sauver les enfants de Marty et Jennifer (Elisabeth Shue en remplacement de Claudia Wells).

Dès leur arrivée en 2015, le centre-ville iconique est bien différent! Les voitures volantes sont maintenant communes, Jaws 19 sortira bientôt, le café où l’on retrouvait George dans le premier film propose maintenant une ambiance rétro « années 1980 » et le look vestimentaire de tous mélange allègrement les styles, les tissus et les textures. Ah et les planches à roulettes sont maintenant, elles aussi, volantes!

Marty doit rapidement empêcher son fils de s’associer au petit-fils de Biff, Griff (toujours joué par Thomas F. Wilson), pour lui éviter la prison. Il se fait donc passer pour lui au café, et laisse entendre à Griff qu’il ne le joindra pas pour son prochain coup. Profitant du fait qu’il est dans le futur, Marty tente de ramener un almanach sportif qui résume tous les gagnants des compétitions sportives des années 1950 à 2000, ce à quoi Doc s’oppose fortement. Il jette le magazine aux poubelles, mais un vieux Biff le ramasse et vole la DeLorean pour revenir en 1955 pour le remettre à son jeune lui. En parallèle, Jennifer se fait ramener « chez elle » par la police lorsque deux agentes la découvrent endormie dans une ruelle. Elle assistera donc à quelques scènes de son futur avec Marty et leurs enfants (tous joués par Michael J. Fox) en tentant de ne pas se faire voir. Des versions plus âgées de George (Jeffrey Weissman en remplacement de Crispin Glover) et Lorraine sont aussi de la partie.

Lorsque Marty revient en 1985, il constate que le présent ne ressemble en rien à celui qu’il avait laissé derrière. Biff, maintenant millionnaire, est le nouveau mari de Lorraine, George ayant été tué douze ans auparavant. Le centre-ville est maintenant déchu, Biff a bâti un hôtel à même l’hôtel de ville, l’école secondaire est détruite, bref, rien ne va plus! Pour que les choses reviennent à la normale, Doc et Marty concluent que ce dernier doit retourner en 1955 pour empêcher le jeune Biff de mettre la main sur le magazine et espérer sauver George et Lorraine de leur futur alternatif.

Alors que le premier film nous amenait dans l’univers excitant de l’adolescence des parents de Marty, le deuxième volet ose pousser un peu plus loin en multipliant les temporalités, et en le faisant d’une main de maître. On plonge cette fois dans le futur de Marty, et il voudra changer sa destinée, tout en essayant de préserver la nouvelle version du présent, créée dans le premier opus de la série.

Proposer une vision du futur est toujours un pari risqué. Bien souvent, les éléments que l’on met de l’avant ne se produisent pas, et les films ou séries qui osent imaginer le futur sont désuets lorsqu’on arrive à l’année représentée. Dans ce cas-ci, on ne passe que peu de temps en 2015, mais les minutes où l’on y est nous feront sourire en raison de l’inventivité et, parfois, de leur précision. Les serveurs dans nos restaurants sont maintenant parfois des tablettes, Jaws 19 n’a pas vu le jour mais la saga Star Wars a proposé 8 autres films, et s’il est vrai que les pizzas ne se cuisent pas instantanément dans le four, nos conversations téléphoniques ressemblent beaucoup à celle qu’a la fille de Marty au souper. Après tout, on appelle aujourd’hui nos familles en vidéo sur Messenger, et la réalité virtuelle est bien présente. Il faut toutefois admettre que peu de choses se sont véritablement produites au final, mais Zemeckis propose un futur pour le moins optimiste, ce qui fait contraste avec les autres films de science-fiction des années 1980 comme Blade Runner, Terminator et RoboCop.

Ce petit voyage ne constitue pas la majeure partie du film et c’est tant mieux. À la place, on retourne une deuxième fois en 1955 pour vivre une histoire qui se déroulera en parallèle avec celle du premier film. Il sera alors plutôt impressionnant de revoir les moments marquants du premier volet, tout en ajoutant certains éléments qui n’entreront jamais en collision avec celui-ci. Ce tour de force nous fera même nous demander à certains endroits si l’on regarde seulement les mêmes scènes d’un point de vue différent, ce à quoi le visionnement d’entrevues avec Gale et Zemeckis répondra par la négative. En effet, la soirée dansante a dû être recréée pour l’occasion. À ce moment-là, on réalise un peu mieux l’ampleur du travail accompli dans le deuxième film. Même lorsqu’on regarde les deux l’un à la suite de l’autre, il sera difficile de déceler les défauts de la reprise.

Notons aussi que dans ce deuxième opus, les voyages temporels sont expliqués de la manière la plus facile à comprendre jamais vue au cinéma. On retient donc qu’il existe trois 1955 (l’original, l’altéré au premier film et celui dans lequel Biff se donne l’almanach) et trois 1985 (l’original, l’altéré au premier film et celui dans lequel Biff est riche).

L’un des éléments qui est moins agréable de cette suite, quoiqu’il soit efficace, est le côté nettement plus sombre du nouveau 1985. On retrouve ici une Lorraine alcoolique, dépressive et coincée dans une relation malsaine avec Biff, qui n’hésite pas à la tromper. Les décors, eux aussi, ont subi d’importantes transformations. On a osé faire passer l’hôtel de ville et son horloge d’un lieu de souvenir symbolique dans le premier film à un complexe hôtelier digne de Las Vegas en lui ajoutant une grande enseigne lumineuse. L’innocence des années 1950 part en grande fumée ici.

Le deuxième volet est beaucoup de choses à la fois. Sombre mais coloré, joyeux et presque effrayant, il est inventif dans sa façon de nous représenter 1955 et 1985, mais reste tout de même assez près du matériel d’origine pour nous laisser des repères. L’un des éléments que l’on souhaiterait avoir abandonné est la chance improbable qu’ont Marty et Doc. Le sentiment que tout soit trop facilement exécuté dans le premier film se ressent doublement ici. À titre d’exemple, mentionnons la scène où Marty est sur le banc arrière de la voiture de Biff et parle au walkie-talkie avec Doc, mais que Biff ne l’entend pas. Si on pardonnait ces facilités lors du premier film, on peine à le faire cette fois.

Proposer une suite au grand succès qu’a été Back to the Future était prévisible. Cependant, on apprend en regardant des entrevues avec les réalisateurs que ce n’était pas dans les plans. Dommage que cela se répercute dans l’histoire de Jennifer dans le deuxième (et troisième) film. En effet, on s’est contenté de la faire dormir dans une ruelle, et sur sa galerie, pendant l’entièreté des deux films sauf pour une courte scène de souper en famille chez les McFly. Évidemment, on ne pouvait pas aller modifier la fin du premier chapitre, mais l’histoire de Jennifer est plutôt paresseuse.

Malgré ses défauts, Back to the Future Part II est grandement satisfaisant. En multipliant les trames narratives (et les personnages aux cœurs de celles-ci), en revenant jouer dans celles qu’on avait déjà changées une première fois et en osant aller assombrir les histoires auxquelles on s’était attaché, cette suite est, oserais-je dire, plus ambitieuse, et les essais sont presque tous concluants.

Ce second film se termine avec sa dose de suspense qui met la table pour la troisième partie. Comme c’est souvent le cas dans une trilogie, le troisième opus, tourné simultanément au deuxième cette fois, voudra changer considérablement la formule préétablie. C’est donc l’Ouest américain du 19e siècle qui nous attend, comme le démontre la bande-annonce qui clôt le film. L’idée est intéressante et ambitieuse, mais ce dernier chapitre sera-t-il à la hauteur des deux premiers? À suivre…

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