Parmi les personnages de films d’action et de science-fiction, RoboCop est certainement l’un des plus connus, aux côtés de Terminator. Tous en ont entendu parler et au moins vu des extraits du film, probablement à la télévision un dimanche après-midi. Il existe de nombreuses similitudes entre ces deux franchises. Leurs premiers films sont tous deux sortis dans les années 1980, période marquée par la poursuite des tensions entre l’États-Unis et l’Union soviétique, la désindustrialisation et des nombreux problèmes qui en ont découlé, ainsi que d’un cynisme important face à l’économie et aux problèmes sociaux en général. Alors que James Cameron est allé dans un futur plus éloigné et dans les déboires de la technologie, Paul Verhoeven a opté pour une dystopie plus ancrée dans la réalité avec RoboCop, ce policier du « futur ». Il aura visé juste sur plusieurs aspects, mais le film est plus pertinent comme illustration d’une Amérique désabusée.

L’histoire est campée à Détroit, longtemps symbole de l’innovation américaine et de l’industrialisation forte et prospère. Toutefois, on la retrouve au 21e siècle, dans un état de déchéance accrue qui mine le développement de la ville. La population est constamment menacée par les nombreux criminels qui sévissent plus fréquemment que jamais. La ville est d’autant plus mal gérée financièrement, et fonde un grand espoir dans Delta City, un projet immobilier utopique construit dans les quartiers désaffectés de Détroit. C’est la corporation OCP (Omni Consumer Products) qui est en charge du projet. L’administration de la ville lui confie également le service de police de Détroit pour qu’elle puisse prendre les grands moyens afin d’éradiquer la criminalité. OCP et son Vice-Président, Dick Jones (Ronny Cox), élaborent ainsi ED-209, un méga-robot prêt à neutraliser les criminels. Toutefois, lors d’une démonstration de ses facultés, un funeste accident mettra le projet sur la glace, seulement pour être remplacé par le projet-pilote de Bob Morton (Miguel Ferrer) : le fameux RoboCop.

Le prototype fonctionne cependant en symbiose avec un humain, et ils tirent profit d’un malheureux incident impliquant le policier récemment réaffecté à Détroit Alex Murphy (Peter Weller) pour tester le RoboCop. Il devient alors un policier invincible et travaillant près de 24 heures par jour. Les premières interventions sont prometteuses, mais rapidement les souvenirs de Murphy reviennent le hanter. Il enquête alors sur son passé et se met à la poursuite des criminels ayant causé sa perte, soit l’organisation dirigée par Clarence Boddicker (Kurtwood Smith). Accompagné de la policière Anne Lewis (Nancy Allen), RoboCop traquera les criminels pour obtenir une rédemption.

Ce très long résumé met en place la trame principale de RoboCop qui, s’il possède une histoire plutôt classique similaire à Frankenstein, présente toutefois des notions assez intéressantes de cette société déchue. On aborde entre autres la corruption du secteur privé sur le public, la remise en question de la technologie et de l’industrie, la futilité des médias de masse, et plus globalement la société de consommation. Ces deux derniers éléments sont représentés dans de faux bulletins de nouvelles entrecoupés de publicités toutes plus déjantées les unes des autres (et qui, pourtant, sont assez similaires à des publicités qui jouent à la télévision de nos jours). On y vend « Nukem », sorte de Battleship nucléaire (le film est quand même sorti un an après l’incident de Chernobyl) et des grosses voitures qui consomment beaucoup de carburant, entre autres. Ces segments sont évidemment très drôles et détendent l’atmosphère du film, tout en nous rappelant à quel point la société a bien peu évolué depuis sa sortie…

RoboCop réussit tous les éléments qui font un bon film d’action. Un personnage principal mémorable, non pas en raison de la performance de Weller (qui a bien peu l’occasion de se faire valoir), mais à cause du visuel du robot et, surtout, par ses phrases caractéristiques. Là ou Terminator a « Hasta la vista, baby », RoboCop a « Dead or alive, you’re coming with me! » Moins punchée que la première, cette citation demeure toujours assez connue des cinéphiles, et a été parodiée à de nombreuses reprises. Le film possède également son lot de scènes d’action, assez spectaculaires compte tenu de son budget relativement limité. Plusieurs explosions, de nombreuses fusillades, un ED-209 qui rappelle les At-At de l’univers de Star Wars (c’est d’ailleurs le même concepteur qui a créé les deux), de l’humour et des vilains charismatiques, tous ces aspects font de RoboCop un film d’action plus qu’admirable.

Toutefois, malgré tous ces éléments, le film n’a pas su tomber dans ma palette de goûts. N’étant pas un grand fan des films d’action, j’ai trouvé l’histoire un peu vide, quoique très sympathique. Je lui préfère Terminator, dont les scènes d’action sont plus développées, travaillées. RoboCop n’en demeure pas moins un très bon film culte avec assez de profondeur pour demeurer pertinent encore aujourd’hui. Personnellement, le visuel « série B » m’a un peu déçu, tout comme certains effets spéciaux qui ont mal vieilli. N’en demeure pas moins que c’est un très bon divertissement qui saura assurément plaire aux amateurs de films d’action!

Fait partie de la Collection Criterion (#23).

Fait partie des 1001 films à voir avant de mourir.

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