Proposer une adaptation cinématographique d’un roman vient toujours avec quelques défis, notamment en ce qui concerne le nombre de pages du matériel original à reproduire à l’écran dans un format qui ne soit pas trop lourd pour les spectateurs. L’une des solutions utilisée par quelques méga productions telles que Harry Potter et Hunger Games a été de scinder le dernier roman des séries en deux parties d’un même film, tournées simultanément et que l’on sortira au grand écran à quelques mois d’intervalle. Pour conclure la Saga Twilight adéquatement, on présente donc Breaking Dawn – Part I en novembre 2011, et la deuxième partie un an plus tard. Le résultat en valait-il la peine?

Dans la première partie de ce dernier chapitre, Bella (Kristen Steward) et Edward (Robert Pattinson) nous convient à leur mariage, célébré directement chez les Cullen et organisé par la toujours aussi pétillante Alice (Ashley Greene). On coupe court à la cérémonie cependant pour prendre l’avion vers le Brésil et se rendre en bateau sur l’île d’Esmé, où aura lieu la tant attendue nuit de noces lors de laquelle Bella espère enfin perdre sa virginité avec son époux. Au milieu du voyage féerique, Bella réalise qu’elle n’a pas utilisé de tampons depuis leur arrivée… Il fallait s’y attendre : Bella est enceinte! Craignant pour sa sécurité et ultimement sa survie à l’issue de cette grossesse, Edward décide de la ramener chez les Cullen où ils couperont ensuite toute communication avec le père de la mariée, se préparant pour le pire. En effet, un hybride humain-vampire s’est rarement vu dans leur univers, et la chose qui prend vie dans le ventre de Bella le fait particulièrement rapidement, tout en détruisant peu à peu le corps dans lequel elle grossit. À travers cette nouvelle aventure, les Quileute se mettent en tête de devoir éliminer le futur bébé, qu’ils croient dangereux, causant donc un froid avec Jacob (Taylor Lautner), toujours en amour avec sa meilleure amie mais qui doit se faire à l’idée qu’elle a assurément choisi une autre voie, au péril de sa propre existence.

Si les trois films précédents avaient le potentiel de nous présenter beaucoup d’action à travers les prémisses et l’évolution de la trame narrative, on a souvent été plutôt déçu à ce niveau et force est de constater qu’on semble encore relayer cet aspect au dernier rang dans ce nouveau volet. Il y a dans Breaking Dawn – Part I une sorte de lenteur et d’inaction qui, après quatre films, est particulièrement lassante. Malheureusement, il ne faut pas chercher à obtenir davantage de celui-ci, car ce qui est mis à l’avant-plan est encore une fois l’amour ; entre Edward et Bella, certes, mais aussi de Charlie (Billy Burke) pour sa fille, au même titre que celui de Jacob et des Cullen pour elle. Il n’y a rien de plus, donc, que la croissance alarmante du bébé et le dépérissement de sa mère. Maintenant que les principaux antagonistes ont été éliminés dans les chapitres précédents, on fait place à quelque chose de particulièrement fade, non dépourvu de tension, toutefois.

Je dis « tension » car il est plutôt intéressant ici de suivre le destin tracé d’avance de Bella, qui s’amincit à chaque scène par le biais d’effets spéciaux ou d’un maquillage tout aussi effrayant qu’efficace. Mais on peut rapidement oublier notre angoisse en se rappelant le titre de ce qu’on regarde (« Part I »), se doutant bien que la deuxième partie aura réponse à toutes les questions qui surgiront dans l’esprit d’un spectateur, notamment, et surtout, à savoir si Bella survivra à son accouchement.

Le plaisir que l’on aura dans ce nouveau film sera donc d’assister au beau mariage, de découvrir la tout aussi magnifique île du voyage de noces, et de féliciter le rendu du physique toujours plus fin de Bella. C’est à peu près tout. À ce stade-ci, on souhaite que le prochain et dernier soit différent, mais on ne pourrait s’attendre à autre chose, étant donné la fin de cette première partie qui laisse présager un tout nouveau monde pour le couple.

Breaking Dawn – Part I n’est pas mauvais, il est assurément nécessaire pour faire le pont entre la vie d’avant et d’après le mariage et on peut comprendre pourquoi il existe, car il aurait été particulièrement lourd de n’avoir qu’un seul film pour représenter adéquatement tout ce qui vient après l’union. On a donc droit ici à un film dont la seule utilité est de mettre la table pour le dernier, et on souhaite qu’après tout ce que l’on a regardé, il y ait, enfin, un peu de revirements de situations dans celui-ci. On a maintenant toutes les clés pour ouvrir un autre type de récit, et l’espoir y est, même s’il s’amincit à peu près au même rythme que Bella.

 

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