Ce n’est plus un secret ; plusieurs des films que l’on regarde sont en réalité des remakes. Si les raisons pour réactualiser certains projets sont variées, l’une d’entre elles est sans aucun doute le fait de vouloir s’adresser aux spectateurs dans un contexte qu’ils connaissent davantage que celui du film original. C’est probablement ce qui s’est passé avec Miracle on 34th Street en 1994, quand on a repris la plupart des éléments de celui de 1947 et qu’on les a transposés aux années 1990.

Susan Walker (Mara Wilson, qu’on a pu voir dans Matilda et Mrs. Doubtfire) ne croit pas au Père Noël. Sa mère, Dorey (Elizabeth Perkins) contribue fortement à ce désenchantement et est même fière que sa petite fille soit plus lucide que les autres enfants de son âge. C’est auprès de son voisin avocat Bryan (Dylan McDermott) que Susan commencera cependant à avoir des doutes, celui-ci trouvant que la petite passe à côté d’une partie importante de son enfance. Le jour de la parade de l’Action de grâce du magasin à rayons Cole organisée par sa mère, Susan découvre que l’homme embauché pour jouer le Père Noël est différent cette année. Ayant fait un excellent travail lors du défilé, Kris Kringle (Richard Attenborough) est embauché au magasin pour assurer le rôle auprès des enfants qui viennent lui demander leurs cadeaux. Dès sa première journée, il détonne en proposant aux parents d’aller magasiner ailleurs si les jouets que les enfants désirent sont trop coûteux chez Cole. D’abord mécontents, les patrons réalisent rapidement que la clientèle se fidélise grâce à leur nouvelle approche. Cependant, ce marketing ne plait assurément pas aux compétiteurs, qui tendent une embuscade à Kris jusqu’à ce que celui-ci doivent plaider sa cause au tribunal. Bryan aidera donc l’homme à prouver son identité face à de féroces antagonistes, aidé de Susan, qui commence à penser que Kris dit peut-être vrai, après tout…

Miracle on 34th Street de 1994 est véritablement une réactualisation du film de 1947. Les subtiles différences se situent au niveau de la relation entre la mère et le voisin qui sera plus approfondie ici, et dont on suivra l’évolution plus explicitement que dans l’original. Si on a changé le nom de la chaîne de magasins Macy’s dans le premier pour Cole dans le second, le reste de ce qui nous est présenté est sensiblement pareil. Susan est toujours aussi campée sur ses positions et Wilson le rend particulièrement bien. Kris est toujours aussi magique lorsqu’il chante une chanson de Noël en langage des signes avec une fillette sourde (allemande dans l’original).

Avant de voir le film, on pourrait penser qu’il s’agit d’une autre comédie pour enfants ayant en son centre la fête de Noël. Ce serait se tromper cependant, puisque Miracle est divisé en deux parties bien distinctes. La première suit Kris Kringle (un des noms attribué au Père Noël dans la mythologie qui l’entoure) se tailler une place dans le magasinage de cadeaux des parents en leur proposant de chercher ailleurs qu’au magasin où il reçoit les enfants. La seconde est nettement plus adulte et se concentre sur un tribunal afin qu’il prouve son identité. La grande question à ce moment-là est de savoir si le fait de suivre des procédures judiciaires intéressera les tout-petits, qui ne comprendront probablement pas grand-chose de ces scènes.

Malgré qu’il le défende, Bryan ne semble pas croire une seconde que Kris soit vraiment le Père Noël. L’issue de l’audience ici ira jouer dans la foi des Américains, et lorsque Bryan demande à Kris de se joindre à eux le soir du 24 décembre, il se fera rappeler que Kris est indisponible puisqu’une longue nuit l’attend, ce à quoi Bryan rira en se demandant si Kris avait bel et bien raison tout ce temps.

Ces détails pourront agacer un spectateur avide de grandes finales hollywoodiennes. Il aurait été vraiment satisfaisant de voir Kris partir sur son traîneau, par exemple, ou n’importe quelle autre manifestation de « je vous l’avais dit! » Il semblerait que l’on ait plutôt choisi de faire confiance à la foi du public et qu’on veuille démontrer qu’il n’est pas nécessaire de voir pour croire. In God We Trust, disait fièrement le billet de 1$ remis au juge à titre de preuve.

Au-delà du tribunal, certains éléments du film semblent être particulièrement forcés, notamment la relation amoureuse entre la mère et le voisin. Bien qu’on lui ajoute plus de contexte que dans l’original, cette idylle ne convaincra personne, sauf peut-être les enfants (et ce serait tant mieux). C’est plutôt l’énergie qu’il faut saluer ici, et Mara Wilson, entourée de trois adultes, rendra attachantes toutes ses répliques et aura de la chimie avec les trois de façon égale.

Si les parents ont vu l’original Miracle, on pourrait décider d’écarter le remake. Les différences sont trop minimes pour que le nouveau film ait une plus-value digne de mention. Pour ceux qui n’ont vu ni l’un ni l’autre, le choix leur revient. Pour les enfants, peut-être que le second sera plus attrayant, mais rappelons encore une fois qu’ils risquent de trouver ennuyante la deuxième moitié du récit, voire de ne pas la comprendre totalement. S’adressant donc à la fois aux jeunes et aux moins jeunes, Miracle est un film respectable qui ne marquera pas les esprits au-delà du visionnement.

1 commentaire

  1. […] d’entre vous vous souviendrez probablement davantage de la version de 1994 (présente plus bas dans l’article), mais celle de 1947 est marquante à plusieurs niveaux. […]

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