Les films d’action dans les corps policiers sont nombreux. Die Hard s’est bâti une réputation solide au cours des années, et les comédies de cette niche affluent maintenant sur nos écrans, que ce soit par des remakes, des séries inspirées de films ou des suites tardives. Au Québec, il y a Bon cop, bad cop et De père en flic. Aux États-Unis, les séries et films 21 Jump Street, Bad Boys, Rush Hour ou Miami Vice ont permis au genre de s’ancrer dans le paysage cinématographique, mais dans les années 1980, on assistait plutôt aux débuts de ce type de films. Au-delà de la série humoristique Police Academy qui a conquis les spectateurs de cette décennie, le premier de la franchise Lethal Weapon voit le jour en 1987, avant d’être suivi par trois autres volets et qu’une série s’en inspire dès 2016. Avec un duo charismatique et des scènes d’action à grand déploiement, le réalisateur Richard Donner (Superman) a en main les clés d’une série à succès.

Le jour de son 50e anniversaire, le sergent Roger Murtaugh (Danny Glover), vétéran de la guerre du Vietnam, est jumelé à Martin Riggs (Mel Gibson), après que ce dernier a tenté de se suicider et qu’on craigne pour sa vie. Riggs est donc transféré de son département des drogues pour rejoindre celui des homicides, et les deux hommes se rendent rapidement compte qu’ils n’opèrent pas du tout de la même façon. Alors que Riggs n’a rien à perdre (il souhaite rejoindre sa femme, morte trois ans plus tôt dans un accident de voiture), Murtaugh est le père d’une famille de trois enfants. C’est sans surprise donc que le premier soit plus violent avec les suspects alors que le second est de nature plus réservée. Les deux devront s’allier quand Murtaugh reçoit un appel de détresse d’un ancien compatriote et apprend que la fille de ce dernier s’est suicidée. Découvrant qu’elle a plutôt été empoisonnée avant de commettre l’acte, les policiers partent à la recherche de la vérité, au coeur d’un empire de la drogue d’une taille qu’ils n’avaient pas imaginée.

Si nous mentionnions en introduction plusieurs autres films du genre des comédies d’action, il importerait de préciser que Lethal Weapon n’en est pas une. C’est probablement d’ailleurs le fait que le récit ne soit pas drôle qui fera en sorte que les spectateurs ne trouveront pas tout à fait leur compte dans cette histoire de cartel. Au milieu de tous les autres des mêmes années, on ne pouvait pas s’attendre à ce que celui-ci soit différent dans son ton, et tout du long, on espérera rire un bon coup, en vain. En fait, si on joue d’emblée sur l’image du bon cop bad cop, Gibson, dans toute sa détresse psychologique, ne parvient pas à être attachant. On le voit davantage comme perdu au milieu de ses dilemmes, souvent en crise et assurément trop instable pour remplir son rôle adéquatement. Glover ne parvient pas à sauver le tout, parce que son personnage est plutôt perdu dans ses souvenirs de la guerre, au milieu de sa famille traditionnelle où les événements sont autant de rebondissements qu’un rôti de veau un mardi soir.

L’intrigue de l’empire de la drogue pourrait nous satisfaire, mais on aura du mal à comprendre les motivations des vilains, tout en n’adhérant pas aux scènes de torture et à la tracte dans le désert au moment le plus intense du film, après la découverte de l’identité des contrebandiers. De même, on ne nous donne pas vraiment droit à des moments de rapprochements professionnels et amicaux entre les deux policiers, alors que les scènes finales nous montrent une équipe plutôt soudée malgré les différences qui régissent le duo. Lethal Weapon peine à donner plus de profondeur à ses personnages, et c’est aussi le cas pour celui qui est toujours misérable en raison de la mort de sa femme. On aurait aimé que l’action s’étale sur plus que quelques jours, que les partenaires vivent des moments qui solidifient leur nouvelle relation, ou encore que le bon père de famille ait un côté insoupçonné. N’importe quoi en fait, qui aurait pu ajouter de la texture au récit.

Shane Black, qui signe ici le scénario, pourra donc décevoir les spectateurs avec cette absence de contexte et les péripéties qui ne nous font au final que peu d’effet. Cependant, il faut préciser qu’il s’agit de son premier essai à la scénarisation, et que plusieurs autres de ses projets subséquents, notamment Iron Man 3, The Nice Guys ou encore Kiss Kiss Bang Bang, sont pour leur part tout à fait convaincants et réussis dans leurs intrigues. Le projet est toutefois mené d’habile façon par Richard Donner, un habitué des films spectaculaires, et certaines scènes d’action sont en effet très bien réussies, que ce soit lorsqu’une maison d’un quartier résidentiel paisible explose en plein jour, ou encore durant une poursuite en hélicoptère. On le sent en plein contrôle de ses moyens, ce qui ajoute un peu de crédit au film, surtout pour les amateurs de films d’action. Pour les autres, ce sont des éléments qui n’ajouteront pas véritablement de plus-value au scénario.

Malgré le fait qu’il puisse ne pas correspondre à nos attentes, Lethal Weapon a tout de même fait sa marque dans les années 1980, jusqu’à avoir trois suites et une série qui est parue en 2016 avec le patriarche de la famille Wayans. Peut-être que son humour était plus efficace à sa sortie, ou encore ses cascades, mais vu aujourd’hui, seuls les nostalgiques pourront pleinement l’apprécier. On regarde le film avec une certaine appréhension entre l’espoir et la déception face à ses suites. Alors qu’on peine à y trouver notre compte, on se dit que les prochains seront peut-être mieux ficelés et plus dosés au niveau de l’humour, et c’est avec une certaine excitation qu’on a (quand même) envie de plonger dans les suivants.

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