Film d’animation de Noël se voulant une ambitieuse origin story du Père Noël lui-même, Klaus surprend ; d’abord par son animation, ensuite par sa profondeur et finalement par son pas de recul face à l’histoire qu’il présente.

Pour conserver son accès à la fortune familiale qui repose sur le fonctionnement rigoureux de comptoirs postaux et l’entraînement militaire de leurs facteurs, Jesper, le fils paresseux du patron, est mis au défi par son père d’ouvrir un bureau de poste à Smeerensburg, village on ne peut plus au bout de la carte, et de traiter 6 000 lettres avant un an. Refusant de perdre son héritage, il ne lui en faut pas plus pour rejoindre cet endroit polaire gris et triste, se butant au passage à la résistance des habitants.

Avec des dessins qui rappellent les vieux Disney, Klaus est particulièrement beau. L’académie de facteurs, tout ensoleillée, est caricaturale et fait déjà sourire. Les personnages, avec leurs gros torses et minuscules jambes, viennent aussi ajouter à l’aspect comique des situations. Puis vient Smeerensburg, grise, poudreuse et sombre, qui conserve aussi les maisons surdimensionnées et les physiques improbables.

On comprend rapidement comment le film évoluera et on peut aussi s’attendre à sa fin, mais Il faudra un moment avant que l’histoire ne décolle. Cependant, et c’est là une belle surprise, les éléments viennent un à un, sans que l’on n’explique jamais que l’on regarde une origin story. Dès le départ, on peut se demander à quelle époque se situe le récit, en raison des costumes ou des voitures. Quand le premier jouet est fabriqué, on peut penser que l’on regarde Klaus sortir de sa retraite – c’est ce à quoi je m’attendais au départ – car on ne nous dit pas que nous voyons là l’origine de tout le reste. La bande-annonce, d’ailleurs, ne l’explique pas non plus.

Si certains des éléments de l’histoire sont abordés avec sensibilité et humour (comment demander aux enfants d’être bons pour ne pas recevoir de charbon à Noël) d’autres le sont avec une distance quant au mythe (les rennes volent pendant environ 3 secondes dans le film, juste avant de s’écraser dans la neige, parce que les rennes ne volent pas). Puis les derniers fragments de la légende, vers la fin du film, sont tout simplement magiques dans leur exécution.

Sur une trame narrative simple rappelant Roméo et Juliette, Klaus nous offre une version poétique de l’histoire du Père Noël allant même à évoquer la mort à plusieurs moments, et le faisant de façon parfaite. Si la ville divisée et terne du départ deviendra unie et vivante à la fin, les débuts de la légende sont bel et bien présentés comme tels, avec un beau clin d’œil à cet égard dans les dernières minutes.

La magie de Klaus fonctionne sans qu’on ait besoin de se forcer. Certains aspects surnaturels sont présentés, mais ceux-ci ne concernent jamais l’histoire du Père Noël. Tout ce qui caractérise le personnage que l’on connaît aujourd’hui est amené de façon toute simple, voire naturelle, et tout se place exactement au bon endroit. Ajoutons à cela une histoire de croissance personnelle qui finit bien et le tout est tout simplement extraordinaire.

1 commentaire

  1. Coups de cœur de la rédaction – Ciné-Histoire sur décembre 21, 2020 à 11:08 am

    […] film de Noël récent aura toutefois su me charmer plus que je ne l’aurais cru. Klaus, l’un des premiers films d’animation de Netflix, raconte la genèse de l’histoire […]

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