Don’t Worry Darling
Le nouveau film d’Olivia Wilde est arrivé sur nos écrans avec une série de scandales et de controverses. Shia LaBeouf était engagé pour jouer le rôle qui s’est finalement fait offrir à Harry Styles – le nouveau prétendant de Wilde après son divorce avec Jason Sudekis – après que des allégations d’inconduite sexuelle ont été dévoilées au grand jour. C’était, en tout cas, l’excuse de la réalisatrice, qui disait vouloir protéger Florence Pugh, mais un enregistrement audio publié sur les réseaux sociaux a plutôt démontré que LaBeouf a décidé de quitter la production, et qu’il s’était fait supplier de rester. En pleine tournée de festivals, l’actrice principale a habilement évité les événements de promotion du film, mais Wilde a dit que c’était tout à fait compréhensible vu l’immense popularité de Pugh, qui tourne en ce moment avec Denis Villeneuve pour le prochain Dune à Budapest. Puis tout culmine à Venise à l’automne, alors que le « spitgate » fait couler beaucoup d’encre. Harry Styles a-t-il craché sur Chris Pine ? Ouf ! Je n’ai pas souvenir d’un film qui soit arrivé avec autant de bagage que Don’t Worry Darling, se créant ainsi déjà une réputation intrigante ! Au milieu de critiques mitigées, j’ai décidé d’aller enfin plonger dans l’univers de ce projet à mi-chemin entre Pleasantville et Stepford Wives.
Dans les années 1950, Alice (Florence Pugh) habite avec son mari Jack (Harry Styles) dans une communauté fermée au milieu du désert. Tous les jours, les hommes vont travailler sur le projet secret Victoire, et les femmes restent à la maison pour effectuer les tâches ménagères ou boire des cocktails autour de la piscine. Elles font toutes aussi partie du même cours de danse, donné par la femme de Frank (Chris Pine), l’architecte idéateur du quartier. Et quand elles ont du temps libre, elles se rendent en tramway au centre commercial pour magasiner. Au milieu de sa routine quotidienne, Alice commence à suspecter que quelque chose cloche dans sa vie rangée. Après tout, c’est bien ce que Margaret (Kiki Layne) tente d’expliquer aux épouses : on nous ment depuis le début. En proie à des hallucinations, Alice tentera de découvrir la nature de Victoire, jouant ainsi sa réputation et l’emploi de son mari.
D’entrée de jeu, je dois avouer que les années 1950 me plaisent énormément au cinéma. Back to the Future, Pleasantville et les autres qui prennent place dans cette décennie sont à mes yeux tout à fait charmants. J’aime les robes fourreau, les milkshakes, les juke-boxes et les cocktails on the rocks, et je ne me lasserai pas de l’élégance qui vient avec chacun des éléments caractéristiques de cette époque. Don’t Worry Darling, à ce niveau, fait tout aussi bien que les autres. Le visuel du film est particulièrement travaillé, et l’atmosphère chaude du désert est quant à elle parfaitement agencée à l’éventail de couleurs explosives qui nous est présenté. Si les costumes, coiffures et maquillages sont plus extravagants que les décors, ceux-ci font un travail tout à fait efficace pour nous représenter les années 1950, que ce soit par les tapis bruns ou les baignoires de couleur entourées de murs de miroirs. Le film n’est pas seulement stylé, son environnement est crédible et, même si on se doute que Victoire a quelque chose à cacher, on a envie d’y être, un verre de whiskey à la fois !
Au-delà du bonbon visuel qui s’offre à nous, la trame sonore est excellente et tout aussi représentative de l’époque dans laquelle prend place le thriller. On peut compter sur des pièces jazzées et très énergiques, ou alors des morceaux plus doux au son davantage crooner. Encore une fois, l’ambiance réussit à nous transporter au milieu des années 1950 !
S’il y avait un reproche à adresser à Don’t Worry Darling, ce serait le manque d’originalité du dévoilement final et le fait qu’on n’ait pas de scène au-delà de la course d’Alice pour accéder à la vérité concernant Victoire. Les films de ce genre ne sont rien sans leurs dénouements et, malheureusement, celui-ci ne fait pas mieux que ses comparables à cet égard. Le crescendo qui nous y mène est lent, jusqu’à une scène charnière où nous avons droit à un pas de deux tendu entre Chris Pine et Florence Pugh.
Toutefois, la révélation aura des airs de déjà vu pour les spectateurs expérimentés, car on a là une réactualisation d’un autre film particulièrement connu de la fin des années 1990 dont je tairai le nom. Bref, on a déjà eu droit aux mêmes découvertes, et Don’t Worry Darling sombrera probablement dans l’oubli, ce qui est somme toute dommage en raison de tout le reste qu’il a à nous offrir. Au-delà de tous les scandales, le film d’Olivia Wilde demeure un choix divertissant à l’atmosphère réussie, mais il parvient difficilement à se détacher des précédents et à innover suffisamment pour se faire une solide réputation dans le milieu cinématographique.