How the movie 'Contagion' predicted the 2020 coronavirus crisis

Au début de la pandémie cette année, alors que le confinement est devenu pratique courante dans plusieurs pays, les plateformes de cinéma en ligne ont connu un regain de popularité. Dans la quête de divertissement de plus en plus grande qui a pris d’assaut les télétravailleurs et ceux qui ont vu leurs tâches êtres réduites, le film Contagion, de Steven Soderbergh (Logan Lucky, Ocean’s Eleven) s’est avéré une option de choix. Traitant d’un virus mortel se propageant lui aussi à une vitesse folle, ce long métrage de fiction est presque devenu plutôt un documentaire sur notre propre situation. Critique d’un film fort pertinent quoiqu’en avance sur son temps.

Il ne faut pas attendre longtemps avant que le virus présenté dans Contagion se propage partout dans le monde. En fait, les premières images nous montrent des gestes anodins que l’on voit aujourd’hui d’un autre oeil. Prendre l’autobus, tousser en public, toucher des objets sans raison particulière, se rendre au travail alors qu’on est malade, prendre un enfant dans ses bras, boire dans un verre qui nous a été servi par quelqu’un qu’on ne connaît pas, tant d’images banales qui nous font déjà comprendre à quel point la propagation de ce virus est rapide et facile, et aussi que les kilomètres ne semblent pas décourager cette maladie qui voyage à la même vitesse que notre rythme de vie effréné.

Top 'Contagion' science consultant has coronavirus - New York Daily News

Rapidement, plusieurs personnages succombent au virus. Les gens qui en sont atteints ne tiennent pas longtemps, et la violence de la maladie est telle que de l’écume leur sort de la bouche, leurs corps sont pris de convulsions et que certains de leurs membres finissent bleus ou noirs. Le film suit donc à la fois de ces personnes pour quelques minutes, tout comme le mari de l’une d’entre elles, Mitch (Matt Damon), qui a la chance de n’avoir aucun symptôme, et le blogueur Alan Krumwiede (Jude Law) qui crie au complot et qui tente de discréditer la CDC (Centers for Disease Control and Prevention) en prétendant avoir pris un médicament qui l’a sauvé alors qu’aucune recherche scientifique n’a donné de résultats probants à ce sujet. On nous amène aussi dans les laboratoires où des recherches pour un vaccin sont en cours. Bref, on suit grossièrement les étapes, le protocole qui s’enclenche pour une situation de ce type, tout en étant dépassés par les événements, et surtout par la nature humaine qui, en mode « survie », pousse les gens à s’entre-tuer d’une façon pouvant rappeler aisément The Purge.

Sorti en 2011, le film de Soderbergh s’apprécie probablement encore plus aujourd’hui. Tout ou presque y passe. On parle de distanciation, on fait des réserves de bouteilles d’eau et de Purell, on porte des masques, on songe à fermer les magasins et on restreint l’accès aux villes et États. Même le docteur Sanjay Gupta fait son apparition à la télévision, en entrevue avec la CDC d’un côté et le blogueur de l’autre. La seule chose dont on ne parle pas dans le film, c’est de la position du gouvernement américain sur le sujet et des effets d’une telle pandémie sur l’économie. Lorsque le virus est connu des chercheurs, la docteure Erin Mears (Kate Winslet) tente de convaincre ses collègues qu’il faudrait songer à fermer les écoles, ce à quoi une personne seulement s’opposera, argumentant qu’on ne peut pas demander aux Américains d’être en quarantaine. C’est la seule opinion contraire qui sera présentée dans le film, si ce n’est de celle de Krumwiede.

Contagion,' Steven Soderbergh's 2011 Thriller, Is Climbing Up the Charts - The New York Times

Roger Ebert, critique cinématographique notoire, avait dit à la sortie du film que le personnage de Jude Law était peu crédible dans la trame narrative scientifique du film en raison de son scepticisme plutôt risible. Je me doute qu’il aurait changé d’idée en voyant à quel point il semble plutôt fade en comparaison aux conspirationnistes actuels, à commencer par le Président des États-Unis lui-même.

En fait, ce film, d’une précision déconcertante, fait un excellent travail dans sa façon de présenter les étapes. Aujourd’hui, on le regarde presque pour comprendre comment ça se passe dans la réalité car on se doute que le protocole doit être sensiblement le même que celui illustré dans Contagion. En le visionnant, par ailleurs, on se demande comment des complotistes et de faux traitements peuvent s’attirer les grâces de millions d’américains, puis on se rappelle que l’hydroxychloroquine a connu environ le même destin que le remède miracle présenté dans le film. Puis on repense à Fox News, et à toutes ces personnes qui ont crié au complot avant d’attraper eux-mêmes la maladie. Et, finalement, on a des images du Black Friday en tête, et on se dit qu’il est malheureusement totalement crédible que des gens s’entre-tuent pour une boîte de céréales.

Jude Law relished his prickly part in 'Contagion' thriller | Grand Forks Herald

À regarder Contagion, on peut avoir un aperçu de ce qui nous attend si la pandémie actuelle s’étend sur plusieurs années. Quand on nous présente une loterie pour savoir qui pourra avoir accès au vaccin (trouvé somme toute assez rapidement, il faut l’avouer), c’est par la date d’anniversaire que la sélection se fait. Aux abords comiques, cet élément peut tout de même nous faire nous demander comment les gouvernements géreront la demande dans quelques mois (ou années?) quand un vaccin sera finalement disponible.

En somme, la force du film se trouve assurément dans son réalisme. En 2011, l’opinion populaire n’était peut-être pas la même qu’en 2020 sur la qualité du scénario, mais Contagion est rapidement devenu l’un des films les plus regardés sur Netflix cette année pendant le confinement, et il est facile de comprendre pourquoi. Tout se passe très vite ici. La tension est bien ressentie, et on met une fois de plus en images la nature humaine qui n’est jamais reluisante dans les dystopies. Le problème c’est que, cette fois, la proposition est crédible, comme l’a si bien démontré 2020.

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