Alors que American Wedding venait sceller les histoires de Jim, Michelle et la bande, voilà que la franchise évolueLe réalisateur Steve Rash, qui a dirigé deux spinoffs de la série Bring It On (Le tout pour le tout en français), est maintenant à la barre de ce premier d’une série alternative de quatre titres prenant place dans le même univers que les trois films originaux. Dans Band Camp, on se transpose au fameux camp musical ayant été le témoin des découvertes sexuelles en tout genre de Michelle. Bonne idée? Malheureusement non, pas vraiment…

On aurait pu aller dans beaucoup de directions différentes avec des spinoffs basés sur American Pie. Le premier a choisi de nous présenter une nouvelle aventure déjantée provenant du camp musical maintes fois évoqué par Michelle. Au centre du récit, on retrouve le petit frère Stifler, Matt (Tad Hilgenbrink en « remplacement » de Eli Marienthal ayant tenu ce rôle dans les deux premiers volets), qui a comme punition de passer l’été au camp à la suite d’un coup qu’il fait à l’orchestre de l’école pendant le concert de fin d’année. C’est nul autre que le Sherminator (toujours interprété par Chris Owen) qui l’y envoie. Se jugeant trop cool pour vraiment avoir du plaisir là-bas, il décide de rentabiliser son été en achetant des caméras qu’il cachera un peu partout et avec lesquelles il prévoit filmer les campeuses à leur insu pour ensuite monter un film presque porno. Son cochambreur Ernie (Jason Earles), sorte de génie informatique, l’accompagnera dans son plan, mais ils buteront à de nombreux obstacles, notamment une rivalité avec une autre école, menée par Brandon Vandecamp (Matt Barr), et les ambitions musicales d’Elyse (Arielle Kebbel), qui est au camp pour obtenir une bourse d’études et pour qui cet été sera déterminant.

Dans la série originale, on pouvait rire lors des apparitions de Stifler car il n’était pas le personnage principal. Ici, on sera irrité après 10 minutes et on voudra que le film se termine à chaque nouvelle scène. L’énergie caractéristique de la famille Stifler marche bien, à petite dose. Quand on a les mêmes gestes, rires, expressions et ambitions dans un personnage principal, il est plutôt difficile de se ranger de ce côté, même si ce n’est que pour une heure et demie. Matt apparaît ici comme l’idiot, surtout en contexte de camp musical où il est, pour une fois, l’exception et non la règle. L’histoire d’amour inévitable entre Elyse et lui n’est absolument pas crédible, car tout les sépare. Il sera difficile, par ailleurs, de vouloir que ça fonctionne entre les deux, car on sait pertinemment qu’Elyse mérite nettement mieux que cela.

On pourra noter également qu’Elyse n’apparaît pas sur la pochette du film, puisqu’on a préféré montrer des filles sexy, et que dans le contexte du récit, on ne peut pas la classer dans cette catégorie. Après tout, elle ne montre jamais ses seins. Alors qu’elle soit le personnage féminin principal n’a plus aucune importance, semblerait-il. Jason Earles est lui aussi absent de la pochette, car on a préféré montrer l’antagoniste et deux autres campeurs ayant beaucoup moins d’importance que lui dans le film, pour les mêmes raisons j’imagine.

Récit pour le moins prévisible, Band Camp n’a aucun message caché, aucune morale, aucune évolution de ses personnages, si ce n’est de l’attendue prise de conscience de Matt qui causera le creux émotif du film avant une finale clichée et impossible, comme dans tout film de ce genre qui se respecte. En effet, après avoir causé de la peine à Elyse, Matt se rattrape en demandant aux musiciens de jouer devant les gens qu’elle devra impressionner pour son admission à une école prestigieuse de musique et obtenir une bourse. Évidemment, la personne en charge sera plus impressionnée que jamais et offrira presque instantanément la bourse à Elyse, sans formulaire, sans entrevue, sans test, sans rien.

Ce n’est bien entendu pas la seule chose qui peur irriter dans le film, la principale étant son but, soit de filmer des gens à leur insu pour monter un film osé qui présenterait le revers du camp musical. Mis à part le fait que l’idée est douteuse, plusieurs des scènes sont rendues possibles car les personnages semblent ne pas avoir de vision périphérique (et ne pas remarquer les caméras bien visibles un peu partout), mais on verra aussi énormément de moments sortis de fantasmes masculins qui ne se pourraient pas en temps normal. Notons par exemple que les douches sont exactement de la bonne hauteur pour que les seins des filles soient toujours en vue, et que les campeuses marchent toutes nues, parlent de leurs chirurgies, se crèment l’une l’autre et bien d’autres choses qu’elles ne feraient pas dans la vraie vie.

En tant que le premier de la série alternative, Band Camp ramène le personnage du père de Jim, dont on ignore toujours à ce stade-ci le prénom. L’excuse du scénario est que M.Levenstein (encore et toujours Eugene Levy quelque part sous ses sourcils) remplace Michelle en tant que MACRO (Morale and Conflict Resolution Officer) au camp cette année-là car elle est enceinte. Cependant, on passe plusieurs lignes de dialogues à donner le plus de détails inutiles possible sur Jim et Michelle afin que le spectateur ne puisse plus douter qu’on est dans le même univers.

Bien qu’il soit difficile d’apprécier ce film, il n’est malheureusement pas le pire des quatre de la série alternative. Band Camp n’a pas vraiment de qualités, la plupart des éléments scénaristiques semblent forcés, et le personnage principal est difficile à aimer… mais on aimera quand même son environnement, duquel on nous avait promis tellement de belles choses avant.

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