Première collaboration du duo iconique Janet Gaynor-Charles Farrell (qui feront une douzaine de films ensemble), 7th Heaven est également le film à décrocher le plus grand nombre de nominations (et de statuettes) lors de la première cérémonie des Oscars. Ce mélodrame campé durant la Première Guerre mondiale expose la rencontre de Chico (Farrell), un employé des égouts de Paris aspirant à devenir balayeur de rue, et de Diane (Gaynor), une jeune prostituée maltraitée par sa grande sœur. Alors que Diane tente d’échapper à sa sœur, elle est « recueillie » par Chico, qui prétend être son mari auprès des autorités. Les deux doivent donc maintenir leur façade, et, alors qu’elle loge chez Chico, ils tombent follement amoureux, avant que la conscription ne vienne briser leur union.

Le mélodrame est un genre très populaire auprès des studios hollywoodiens des années 1920, qui produisent presque exclusivement des films muets. La plupart de ceux-ci sont basés sur des pièces de théâtre, qui elles aussi priorisent grandement ce type de récits. Il faut donc être prédisposé à aimer ces histoires romantiques pour pleinement tirer profit d’un film comme 7th Heaven. Toutefois, sous la réalisation de Frank Borzage (qui fera également Street Angel l’année suivante, toujours avec Gaynor et Farrell), cette histoire pourtant simple prend des proportions quasi-épiques, résultat qui lui vaudra d’ailleurs son premier Oscar. En plus de quelques plans de caméra spectaculaires – dont la fameuse « ascension au 7e ciel » qui suit les personnages monter sept étages d’un bâtiment – l’action, bien que se déroulant en grande partie dans l’appartement de Chico, est moins statique que l’on pourrait s’y attendre. Les beaux plans se multiplient, les décors sont somptueux, et nous avons même droit à quelques scènes sur les toits de Paris franchement bien fichus.

A very remarkable fellow!

C’est toutefois l’histoire d’amour qui est au cœur du récit, et celle-ci ne déçoit pas non plus. Gaynor, qui remportera elle aussi l’Oscar pour ce rôle, est charmante à souhait, et la dynamique entre elle et Farrell est tout simplement superbe. Leur amour, tiré par les cheveux au début, évolue de très belle façon, de sorte que l’on ressent vraiment leur tristesse lorsqu’ils sont séparés par la guerre, et l’espoir qu’ils se retrouvent un jour nous habite tout autant qu’eux. D’ailleurs, on a rendu hommage au film dans La La Land, alors que le couple formé d’Emma Stone et Ryan Gosling suit une évolution semblable à celui de Farrell et Gaynor.

Le cinéma muet ne se prête bien souvent pas bien à une histoire complexe qui implique de nombreux personnages et trames narratives. On préfère davantage jouer sur les sentiments de l’auditoire, ce qui donne souvent lieu à des performances mémorables de la part d’acteurs et d’actrices, qui supportent plus souvent qu’autrement le poids de la réussite d’un film. C’est ce qui arrive ici, puisqu’on a bien peu à se mettre sous la dent au niveau scénaristique. Il n’en demeure pas moins que 7th Heaven est un film touchant qui aura lancé la carrière de ces deux acteurs et ainsi formé l’un des premiers « couples » hollywoodiens à l’écran. Parmi tous les mélodrames, celui-ci se démarque par son exécution parfaite et ses quelques scènes mémorables. Il demeure cependant un film romantique simpliste qui récompense le visionnement, sans être le meilleur film de sa cohorte.

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