Cette critique a d’abord été publiée dans le journal Le Collectif. Pour consulter la critique originale, cliquez ici.

Replaçons-nous au milieu des années 2000. Le film de zombie y connaît alors un regain exceptionnel de popularité, popularité qu’il n’avait pas eu depuis les films de George A. Romero et de Sam Raimi entre les années 1960 et 1980. Des films comme 28 Days Later, Shawn of the Dead, Dawn of the Dead (remake de Zack Snyder) et la série Resident Evil connaissent tous un succès commercial (et même critique pour certains). Arrive alors Zombieland, prenant tout le monde de court en 2009 en proposant une comédie d’action à la fois intelligente et surprenante. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis, et l’intérêt envers le film de zombie oscille au rythme de la qualité des saisons de Walking Dead. Y a-t-il une place en 2019 pour un film comme Zombieland : Double Tap?

Tous à Babylon!

D’entrée de jeu, le film joue sur cette omniprésence de zombies au cinéma et à la télévision, remerciant son auditoire d’avoir opté pour ce film plutôt qu’un autre parmi la multitude d’options disponibles. On retrouve pour une nouvelle fois les personnages devenus iconiques de Columbus (Jesse Eisenberg), Tallahassee (Woody Harrelson), Wichita (Emma Stone) et Little Rock (Abigail Breslin), qui s’approprient nulle autre que la Maison Blanche. Dix ans ont passé depuis les événements du parc d’attraction Pacific Playland. Dix années qui n’ont en rien réglé la pandémie à l’origine des zombies. Au contraire, on remarque que certains ont muté en un nouveau type plus rapide et plus intelligent que ses semblables. Surnommés les T-800 (en référence à la série Terminator), ils causeront de nombreux soucis au groupe tout au long du récit.

Si la plupart des personnages n’ont pas connu de véritable évolution au fil des ans, il n’en est pas de même pour Little Rock, désormais une jeune adulte qui cherche désespérément à quitter sa nouvelle « famille » et trouver des gens de son âge. Elle croise miraculeusement le chemin de Berkeley (Avan Jogia qui interprète un personnage dont on aurait pu se passer), et tous deux faussent compagnie au groupe pour se diriger vers la mystérieuse Babylon, sorte de repère hippie libre de zombies. Le groupe partira donc à sa recherche, ce qui le mettra dans des situations toutes plus dangereuses les unes que les autres.

Columbus et Tallahassee font cependant la rencontre de Madison (Zoey Deutch, dans une performance brillante), une jeune femme qui vit depuis la pandémie dans le réfrigérateur d’un restaurant situé dans un centre d’achat. Assez niaise, elle devient la risée du groupe, et particulièrement de Wichita, qui se plait à la taquiner. L’ajout de ce nouveau personnage est probablement la meilleure addition à ce second opus. On se paie sa tête à profusion, et sa difficile intégration au groupe contribue aux meilleurs moments du film.

L’inévitable comparaison

Le premier film de la franchise est un succès à plusieurs niveaux. Alliant à la fois des éléments de comédies légères (quête salvatrice de Tallahassee pour trouver le dernier Twinkie) et de comédies intelligentes (les multiples règles de Columbus pour survivre aux zombies), il contenait en plus une bonne dose d’éléments de surprise (qui ne se souvient pas du cameo de Bill Murray?), rendant Zombieland assez mémorable. Il est très rare dans les films des dernières années d’avoir vécu ces moments de surprise totale. La profusion d’information relayée par les médias sociaux est-elle à blâmer, ou est-ce plutôt la technique de marketing des studios, qui n’osent plus prendre de risques?

Quoi qu’il en soit, Double Tap parvient à recréer plusieurs bons gags à la hauteur du premier chapitre, mais manque toutefois de ces éléments de surprise. On a droit à plusieurs cameos de qualité, qui sont toutefois tristement divulgâchés à la fois dans la bande-annonce du film et dans le générique introductif. On visionne le film dans l’expectative de (finalement) rencontrer ces personnages, dont la présence est bienvenue. En ce sens, on assiste à un film considérablement moins marquant.

Il y a toutefois quelques bons moments, peut-être même plus qu’on ne l’aurait cru, pour ce film dont, avouons-le, une suite n’était pas nécessaire. Deutch brille et amène la principale touche d’humour, mais quelques blagues brisant le 4e mur et plusieurs références populaires, classiques mais efficaces, parsèment le récit. Les interprètes des quatre protagonistes sont évidemment excellents et la distribution de soutien (peut-être un peu trop présente, ce qui contraste avec le premier film) fait habilement le travail. Les situations sont aussi plus spectaculaires, grand merci au budget qui a été doublé au passage, et on ne s’ennuie pas durant les scènes d’action. Force est d’admettre toutefois que le film tombe dans les clichés vers la fin, et plusieurs incohérences sont discernables à travers le récit.

Agréable mais réchauffé

Le manque de surprise (ou même d’audace) se projette jusque dans le découpage somme toute assez classique du récit. L’élément déclencheur, les péripéties et le dénouement n’auront rien pour vous surprendre, et sont peut-être un peu trop prévisibles pour ce genre de film. Il y a peu de prises de risque dans ce second chapitre, et on s’en désole. On aurait souhaité y retrouver le facteur « wow », que même la scène d’après-crédits (eh oui!) ne parvient pas à sauver.

La grande majorité des gens qui iront voir ce film auront apprécié le premier opus. Plus par curiosité que par réel intérêt, les fans de la série ne seront servis qu’à moitié. Notre premier réflexe pour ce genre de film est souvent d’attendre qu’il arrive sur l’une ou l’autre des multiples plateformes de streaming disponibles. Sachez toutefois ceci : si l’on peut aisément être cynique face à une énième suite d’un film à succès, il ne faut toutefois pas bouder son plaisir. En ce sens, on passe bon moment en visionnant Zombieland : Double Tap, même s’il ne marquera pas les esprits.

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