Wolfwalkers
À Kilkenny dans les années 1650, on craint les loups de la forêt qui se trouve de l’autre côté des portes donnant accès au village. Pour protéger les habitants, les enfants ne sont pas autorisés à franchir les portes et un groupe de chasseur est engagé pour tendre des pièges à la meute. Robyn (Honor Kneafsey, A Christmas Prince) a du mal à accepter les règles ayant été mises en place pour sa propre sécurité et souhaiterait plutôt suivre son père Bill (Sean Bean) dans ses chasses. Alors qu’elle réussit à s’échapper du village et observe son père dans sa quête, Robyn est horrifiée lorsque son oiseau est tué et emporté par une jeune fille qui semble faire partie du clan. Les wolfwalkers, ces humains qui se transforment en loup la nuit, ne sont-ils qu’une légende ou existent-ils vraiment? Robyn et Mebh (Eva Whittaker) devront allier leurs forces pour sauver les loups de la forêt et retrouver la mère de Mebh, disparue depuis longtemps.
À une époque où les films d’animation se font un point d’honneur d’être toujours plus réalistes, le nouveau venu Wolfwalkers surprend par son dessin entièrement fait à la main, qui cadre totalement avec l’année où prend place le film. Les lignes sont simples, les couleurs sont éclatantes, les détails sont mignons sans être trop près de notre quotidien. D’emblée, on aime l’attention portée aux couleurs, tant dans les arrières-plans qui semblent fait à l’éponge que dans les éléments à l’avant qui présentent de nombreux contrastes. Lorsqu’on a accepté l’animation, on est totalement charmé par le contexte irlandais et les accents des personnages principaux, qui semblent tout droit sortis de Game of Thrones.
En fait, le film peut rappeler la série à plusieurs niveaux qui dépassent les accents et la présence de Sean Bean. On accepte rapidement la mythologie entourant les wolfwalkers et l’animal de compagnie de Robyn qui est un oiseau avec lequel elle semble avoir des conversations. De même, le contexte irlandais de 1650, qui vient avec un village boueux aux multiples maisons identiques et le régime de peur qu’inspire celui qui gouverne, ne fait qu’ajouter au mythe et le tout est un ensemble particulièrement cohérent.
Au-delà de cette histoire déjà charmante, le film devient nettement plus personnel quand Robyn se lie d’amitié avec Mebh et qu’elle tente de faire comprendre à son père que les loups ne sont pas aussi dangereux qu’on le croit au village. À partir de là, il faut admettre que le récit devient plus prévisible, mais il parvient tout de même à nous garder investi, que ce soit par ses quelques scènes d’animation rappelant la réalité virtuelle ou par l’entêtement (frustrant) de Bill à tenter de discipliner sa fille.
Wolfwalkers ne révolutionne pas les films d’animation et il ne pourra pas non plus faire compétition à Disney ou Pixar. Cependant, l’histoire qu’il présente est belle, le style d’animation qu’il met de l’avant est audacieux et l’environnement dans lequel le tout prend place donnera envie de replonger dans les multiples contes et légendes de notre enfance qu’on avait oubliés jusque-là. Puis, au-delà du folklore que l’on adore voir se dérouler devant nos yeux, on prend conscience de discours qu’il tente de faire passer; quelques leçons sur le rapport des hommes avec la nature et des parents avec leurs enfants. Au final, le film impressionne par son visuel peu commun, accroche par la poésie de son histoire et laisse une forte impression une fois le visionnement terminé.