Ces dernières années, il semble y avoir eu un nouvel engouement pour les films s’adressant à un auditoire plus âgé. Alors que Last Vegas s’est intéressé à un enterrement de vie de garçons de vieux amis dans la ville du vice, Book Club voulait rejoindre les femmes et abordait de front la thématique de la sexualité des personnes âgées. En 2019, c’est au tour de la clique Fey, Poehler et als. de proposer Wine Country, ce récit plein de tanins sur des femmes célébrant le 50e anniversaire de l’une d’entre elles dans la vallée de Napa. Prémisse intéressante, mais assurément pas pour un public de tous âges.

C’est donc l’anniversaire de Rebecca (Rachel Dratch), et ses amies de longue date organisent une fin de semaine à Napa pour aller déguster des vins et célébrer à la hauteur du « big 5-oh! ». À la tête de cette organisation méticuleuse se trouve Abby (Amy Poehler dans un rôle semblable à celui de Leslie Knope de Parks & Recreation), qui a même créé des pochettes avec un itinéraire rodé au quart d’heure. S’ajoutent Catherine (Ana Gasteyer) la fondatrice d’un empire culinaire, Naomi (Maya Rudolph), mère de plusieurs enfants qui attend avec un certain stress les résultats d’une analyse sanguine, la très charmante Val (Paula Pell), qui sympathise avec tous les gens qu’elle rencontre et qui a de nouveaux genoux qu’elle est prête à mettre à l’épreuve, et Jenny (Emily Spivey), qui ne voulait pas faire partie de ce voyage, et qui passera les trois jours à vouloir retourner à la maison.  Le groupe passera le week-end à l’impressionnante maison de Tammy (Tina Fey, évidemment!), une entrepreneure californienne, et se prépare donc à vivre trois jours de dégustations, de conversations crues et d’épreuves venant tester leur amitié qui est née alors que toutes les six travaillaient à la même pizzeria à l’adolescence.

D’entrée de jeu, disons qu’on sait assez rapidement si on est le public cible d’un film ou non. Si un Ready Player One existait mais transposé aux années 1990, il est fort probable que j’y adhère (plus) fortement qu’à celui de Spielberg. Je n’étais assurément pas la personne visée par Wine Country… mais je n’étais pas non plus de l’âge des « jeunes », dépeints dans le film comme des artistes qui enchaînent les phrases vides de sens et sont toujours scotchés à leur téléphone pour filmer quelque chose qu’ils souhaiteraient rendre viral. Entre les deux, j’ai donc trouvé qu’il me manquait de référents pour faire partie du premier groupe (je n’ai aucune idée de qui est Brené Brown et je ne me considère pas encore assez vieille pour participer aux tristes discussions des « choses qu’on dit maintenant » qui font état de l’âge des héroïnes) et je ne suis assurément pas non plus assez jeune pour comprendre les grands questionnements de cette génération à qui l’on colle plusieurs stéréotypes dans le film. À 30 ans, on se retrouve donc dans ce vide qui n’est jamais comblé, mais ça ne nous empêche pas nécessairement de passer du bon temps à Napa.

En effet, le prétexte d’une route des vins et les décors qui viennent avec sont probablement ce qui m’aura fait la plus forte impression dans Wine Country. Comme Sideways l’a fait, ici on a vraiment envie de vivre les aventures de la bande, et de se rendre aux endroits où elles vont. Les vues sont incroyables, la maison de Tammy semble tout droit sortie d’un rêve et les vins donnent envie également. Dans un contexte où voyager devient plus difficile, on profite de chaque seconde de ces images.

Par-dessus les vallées, la thématique principale du film est bel et bien l’amitié. Une amitié qui vieillit et sait s’adapter. Si les personnalités s’entrechoquent parfois et qu’on se remettra en question, on ne perd jamais de vue que ce groupe est soudé depuis plus de vingt ans, et a traversé plusieurs épreuves avant d’arriver à Napa. Ce week-end n’est pas aussi confrontant qu’il aurait pu l’être, les querelles ne sont pas à la base de la dynamique du groupe, et c’est tant mieux. Malgré quelques accrochages, on n’est pas là pour « laver notre linge sale » (car on aurait pu verser davantage dans le drame) mais bien pour boire du vin!

Cependant, j’aurais aimé voir les actrices vivre le voyage, plutôt que les personnages. En effet, on dit que Wine Country serait inspiré d’une vraie virée d’une bande de Saturday Night Live pour un 50e anniversaire, et on n’a pas de misère à le croire. Notons ici que les femmes à l’avant-plan ont toutes participé à cette émission de variété de près ou de loin. Toutefois, si l’humour tombe parfois à plat dans le film (comme lors de cette interminable scène de tarot ou quand Devon (Jason Schwartzman) propose à Abby qu’ils couchent ensemble et qu’on reste beaucoup trop longtemps sur son visage qui évalue la situation), on se dit quand même qu’on aurait probablement eu davantage de plaisir à suivre le vrai week-end, ou, du moins, être sur les lieux de tournage.

Wine Country n’est pas exempt de défauts, mais les principaux éléments qui fonctionnent moins bien sont assurément dus au fait qu’il faut avoir 50 ans et une bande d’amies de longue date pour en apprécier toutes les nuances. Avec ses images et ses vins, il nous donne certainement envie de voyager, et peut même susciter l’envie de vieillir, ou, du moins, de profiter le plus possible d’une amitié, peu importe l’âge que l’on a.

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