À quelques jours d’obtenir son congé de l’armée, le lieutenant Lawson (Cliff Robertson), interprète de japonais dans un corps d’armée américain posté dans le Pacifique, est mandaté par le capitaine Nolan (Henry Fonda) d’aller rejoindre un régiment de l’armée britannique pour y accomplir une mission hautement dangereuse. Réticent au vu des risques associés à la tâche, Lawson est néanmoins contraint de se joindre au bataillon sur une île des Nouvelles-Hébrides, où il apprend que la mission consiste en la destruction d’un poste de radio ennemi pour qu’un convoi de navires américains puisse passer dans la région sans alerter les troupes japonaises.

Sous les ordres du capitaine Hornsby (Denholm Elliott), Lawson est accompagné de soldats moins courageux les uns que les autres : Tosh Hearne (Michael Caine) est le médecin de service, cynique à souhait; Jock Thornton (Ian Bannen) est l’excentrique du lot; Griffith (Martin Horsey) et McLean (Lance Percival) sont des lâches prêts à tout sacrifier pour sauver leur peau… Bref, ce groupe archétypal est lancé dans le feu de l’action et devra réaliser l’impossible pour la mère patrie.

Il ne fait aucun doute, à l’époque comme aujourd’hui, que Too Late the Hero, malgré son ancrage au sein de la Deuxième Guerre mondiale, est un film largement influencé par la guerre du Viêt Nam qui battait son plein lors de sa sortie en 1970, et, surtout, de la mauvaise presse que cette guerre subissait. On est loin d’un film patriotique où chaque personnage fait preuve de courage et de bravoure pour accomplir une mission qui, bien qu’anodine pour eux, est si importante pour sa nation. Ici, les soldats sont blasés, cyniques et mutins par moments, bien qu’ils se résignent, au final, à se lancer dans cette mission suicide.

Ce message anti-guerre se fait sentir dès les premiers instants du film et perdure tout au long du visionnement, sans nécessairement ajouter quoi que ce soit de nouveau plus le récit se dévoile. On comprend rapidement le parti pris du réalisateur et co-scénariste Robert Aldrich (fort du succès de The Dirty Dozen sorti quelques années auparavant, duquel il reprend ici en partie le message et la structure du présent film), et Too Late the Hero n’a que peu à nous mettre sous la dent pour nous garder investis. On note quelques plans de qualité qui nous sont concoctés par un réalisateur d’expérience, et une direction photo plutôt soignée qui met en valeur un environnement tropical, mais l’action est parfois difficile à suivre en raison des trop nombreux plans rapprochés qui nous font perdre tout repère visuel.

On peut néanmoins saluer les très bonnes performances de la distribution, à commencer par son tandem Caine-Robertson, aux antipodes. Les deux acteurs étaient au sommet de leur gloire à l’époque et leur charisme est l’une des seules choses qui transcende l’écran. Du lot, Bannen, Elliott et Ken Takakura, qui interprète le général japonais et le vilain du récit, livrent également des performances généralement crédibles, bien que leur travail soit cependant miné par un scénario qui manque de surprises et de rebondissements. On y retrouve certes tous les clichés d’un bon film de guerre – mission quasi impossible derrière les lignes ennemies, des personnages archétypaux, des antagonistes bien définis, des embuscades, un environnement hostile et une finale explosive – mais il manque ce petit quelque chose qui en aurait fait une expérience mémorable.

Aldrich, qui tente de recréer le succès de The Dirty Dozen, n’y parvient malheureusement pas, bien que l’on puisse saluer ses efforts pour tenter d’humaniser ses personnages. Il met de l’avant le fait qu’il existe de bons et de mauvais soldats d’un côté comme de l’autre, et si la réticence envers la mission imposée à l’escouade britannique est crédible avec la conception de la guerre au début des années 1970, on est loin d’un film qui se veut une reconstitution fidèle d’un moment historique de la Seconde Guerre mondiale. Too Late the Hero a des éléments d’un bon et d’un mauvais film de guerre, mais il est trop oubliable pour qu’on puisse le catégoriser comme l’un ou l’autre.

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