De façon générale, j’apprécie le cinéma absurde et l’humour britannique. Bien que Terry Gilliam ne soit pas anglais, il a tout de même fait partie des Monty Pythons, ce groupe humoristique britannique bien connu pour ses sketchs déjantés. Si Gilliam a surtout participé aux segments d’animation, on ressent dans son cinéma l’influence des Monty Python dans le ton qu’il donne à ses films. Time Bandits, son troisième (le deuxième si on exclue sa coréalisation sur Monty Python and the Holy Grail) se veut le premier opus de sa trilogie de l’Imagination, qui sera complétée par Brazil et The Adventures of Baron Munchausen quelques années plus tard. Dans chacun de ces chapitres, il explore le concept de l’imagination, vu à différents stades de la vie. Time Bandits se penche sur l’enfance à l’ère des nouvelles technologies et de la consommation de masse, également un thème récurrent chez Gilliam.

De l’imagination, le film en déborde, alors qu’il met en scène le jeune Kevin (Craig Warnock), qui se passionne d’histoire, particulièrement celle de la Grèce antique. Enfant unique, il vit un peu seul dans son monde, ses parents étant complètement déconnectés de la réalité, plus intéressés aux appareils ménagers à la fine pointe de la technologie et leur télévision que par leur fils. Une nuit, alors qu’il est sur le point de s’endormir, un cavalier est expulsé de sa garde-robe. Kevin, apeuré, se cache, puis constate qu’il a rêvé le tout (une image du même cavalier se retrouve sur l’une des affiches accrochées à son mur). La nuit suivante, s’attendant à ce que quelque chose de similaire se produise, il s’arme de son appareil photo dans l’espoir de se convaincre qu’il n’a pas rêvé le tout. Plutôt qu’un cavalier, ce sont six nains qui émergent dans sa chambre.

Après le choc de la première rencontre passé, Kevin s’embarque avec eux à travers un portail temporel pour fuir l’Être Suprême (Ralph Richardson), puisque les nains lui ont ravi une carte qui expose ces failles temporelles. Le groupe part donc à la conquête du temps, en se plongeant dans diverses époques dans le seul but d’aller y piller des richesses. Kevin, loin d’être un voleur, y voit une opportunité de rencontrer des personnages légendaires, et il en rencontrera plusieurs! De Napoléon (un excellent Ian Holm) à Robin des Bois (John Cleese, des Monty Pythons) en passant par un ogre (Peter Vaughan) et le roi Agamemnon (Sean Connery), bref Kevin en a pour son compte.

Le film est à mi-chemin entre un film familial et une comédie absurde. En fait, je me questionne sur l’appréciation que peut avoir un enfant de Time Bandits. Lorsque je le compare à mes films d’enfance, il s’en démarque quand même beaucoup, bien que certains films de Tim Burton qui m’ont marqué étant jeune possèdent ce côté absurde, ou du moins non conventionnel, qui font contraste avec les films d’animation de Disney, par exemple. Il m’est évidemment difficile de me plonger dans l’esprit d’un enfant, mais bien que le film présente plusieurs éléments caractéristiques d’un film familial – les enfants à l’avant-plan, une rébellion envers l’autorité parentale, de l’humour de premier degré et des éléments magiques – il me semble plus sorti d’un film des Monty Python qu’autre chose. En fait, le film est segmenté en divers sketches, renforçant mon sentiment.

Le film a également été co-écrit par Michael Palin, l’un des membres de la troupe, ce qui explique bien des choses. Toutefois, je trouve que, si les deux ou trois premiers segments sont assez drôles, le reste du film tombe à plat, surtout en ce qui concerne le principal antagoniste du film, Evil Genius (David Warner). Si la confrontation finale a des allures de films à gros budget (ce que Time Bandits n’est pas, par ailleurs), elle s’inscrit dans une seconde moitié assez ennuyante, voire superflue. On comprend rapidement le propos du film, et chaque nouveau segment ne nous en apprend pas plus que le précédent. C’est un film d’aventure qui ne possède pas de véritable quête. Il est donc difficile d’être pleinement investi dans le film pour cette raison.

Time Bandits possède néanmoins de nombreuses qualités, à commencer par ses décors et ses costumes somptueux. Il y a une attention aux détails qui est impressionnante, surtout dans la scène finale, où l’on retrouve les jouets de Kevin du début du film qui deviennent partie intégrante du récit. Les costumes des six nains sont également bien exécutés, dignes d’un collage d’éléments anachroniques décousus. Il faut également saluer l’inventivité de Gilliam et Palin quant à l’écriture du scénario que des mises en scène. Le film ne manque assurément pas d’originalité, et je préfère toujours un film moyen créatif qu’un bon film traditionnel.

Time Bandits n’est pas à la hauteur des meilleurs films de Gilliam. Je suis d’avis que Brazil et Twelve Monkeys sont des chefs d’œuvres que le réalisateur ne parviendra probablement jamais à égaler. Toutefois, il ne se classe pas non plus parmi ses pires films. Il laissait présager la venue d’un grand réalisateur à sa sortie en 1981, et Gilliam n’aura pas déçu un auditoire qui était déjà appréciatif des films originaux qu’il concoctait. Time Bandits n’a pas nécessairement mal vieilli, mais il résonne probablement moins aujourd’hui qu’à l’époque de sa sortie. Il demeure toutefois un film que je crois être familial, et que je serais curieux de présenter à mes enfants un jour.

Fait partie de la Collection Criterion (#37).

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