The Cannonball Run
Le réalisateur Hal Needham amorce la décennie 1980 au sommet de sa gloire après les deux films à succès Smokey and the Bandit 1 et 2. Renouant avec la vedette de ces deux films, Burt Reynolds se joint bien malgré lui à l’impressionnante distribution de The Cannonball Run qui compte Sir Roger Moore, Farrah Fawcett, Dom DeLuise et un jeune Jackie Chan. Loin d’être la comédie du siècle, le film deviendra un succès au box-office en plus de devenir culte avec le temps. Plongeons au cœur de l’une des courses les plus déjantées de l’histoire des États-Unis.
Le film raconte l’histoire de la course clandestine du même nom, qui consacre la première équipe à arriver en Californie au départ du Connecticut. Needham se base ici sur la véritable course qui a eu lieu en 1979 et à laquelle lui-même a participé, sans toutefois la terminer. L’équipe McClure-Prinzim (Reynolds et DeLuise respectivement), au volant d’une ambulance, est au centre du récit qui comporte toutefois son lot d’équipes pour le moins originales. Il y a notamment Blake (Dean Martin) et Fenderbaum (Sammy Davis Jr.) qui, déguisés en prêtres, pilotent une Ferrari 308 GTS, Jill Rivers (Tara Buckman) et Marcie Thatcher (Adrienne Barbeau) en aguicheuses qui conduisent une Lamborghini Countach, deux japonais (Chan et Michael Hui) au volant d’une voiture ultra-technologique, et enfin Seymour Goldfarb Jr. (Moore), une parodie de James Bond (que Moore incarnait à l’époque), et sa Aston Martin DB5. On le voit déjà, c’est un film pour les amateurs de voitures qui ne se prend que très peu au sérieux.
Le but est d’arriver le premier en Californie, certes, mais une partie de la stratégie réside dans le fait de ne pas se faire prendre par la police, puisque c’est une course illégale. Alors que les déguisements seront pour certains fructueux, ils causeront des problèmes chez certaines équipes. Pour ajouter à leur crédibilité, McClure et Prinzim recruteront par exemple le Dr. Nikolas Van Helsing (l’excellent Jack Elam) pour justifier leur train d’enfer à travers les États-Unis. C’est environ la même tactique qu’avait employé Needham lors de sa participation à la course, par ailleurs.
Sans être un féru du sport automobile, j’ai tout de même trouvé mon compte dans l’humour de Cannonball Run, et particulièrement dans l’humour « méta » qui met en vedette Roger Moore. Son personnage représente en effet tous les stéréotypes de James Bond, exacerbés jusqu’au ridicule ici. Ses « co-pilotes » changent à chaque plan au rythme des Bond Girls, sa voiture possède des gadgets aussi dangereux qu’inutiles, et il s’inscrit dans la course sous le nom de Roger Moore. On peut également mentionner la brève apparition de Peter Fonda qui est le chef d’un groupe de motards, référence aucunement subtile à Easy Rider. J’aime particulièrement l’humour qui brise le 4e mur, et ce film en regorge.
Le quatuor formé de McClure, Prinzim, Van Helsin et Pamela Glover (Farrah Fawcett), une photographe amoureuse des arbres et complètement déconnectée, parvient lui aussi à nous procurer quelques rires. Les situations qu’ils vivent ensemble sont bien pensées, sans toutefois révolutionner le genre. En fait, ce qui m’a le plus surpris dans Cannonball Run, c’est d’avoir ri, tout simplement. Les comédies sont souvent le produit de leur temps, et ça se sent ici. Les multiples références à James Bond ont plus d’impact quand on sait que For Your Eyes Only est sorti la même année, par exemple. Toutefois, je crois qu’il a un aspect plus intemporel, puisqu’il ne réfère pas beaucoup au contexte ou aux événements du début des années 1980. Ce qui fait rire, ce sont véritablement les situations et la réaction des personnages face à celles-ci.
Le film est également bien photographié, et les scènes de courses sont bien exécutées et, parfois, impressionnantes. Les couleurs sont très belles, et les voitures pour la plupart esthétiques. Tous ces éléments parviennent à créer une ambiance à la Dukes of Hazzard ou même Talladega Nights. Il ne faut évidemment pas s’attendre à un film qui explore de grandes thématiques ou qui pousse l’auditoire à réfléchir. L’antagoniste du film, Foyt (George Furth) n’est que peu présent, et le peu de surprise que le film provoque rebutera sans doute un large auditoire.
Toutefois, Cannonball Run est le genre de film que l’on met pour relaxer après une dure journée de travail. Il est plus préoccupé à mettre en scène de longues courses qui ne font pas avancer l’histoire qu’à mettre des bâtons dans les roues de ses protagonistes. Si les suites ne m’inspirent pas confiance, le plaisir que j’ai éprouvé en visionnant ce premier volet me donne tout de même envie de me risquer à les regarder le moment venu. C’est cependant un grand classique comique qui mérite de s’élever aux côtés de ce genre de production – Caddyshack, Stripes ou Blues Brothers, pour ne nommer que ceux-là – et qui ne vous fera pas regretter votre visionnement, même si vous n’en ressortirez pas grandi.