La religion catholique semble questionner sa modernité en France à l’heure actuelle. Cette remise en question a apparemment fait son chemin jusqu’au cinéma, comme le confirment les récents L’apparition, Grâce à Dieu et Magnificat, pour ne nommer que ceux-ci, qui ont tous abordé une facette de la rigidité contemporaine du catholicisme. Paternel, premier long métrage de Ronan Tronchot, s’intéresse aux prêtres-pères, ces religieux qui ont eu des enfants, et à qui on refuse habituellement la pratique religieuse.

Quand l’ancienne vie rattrape la nouvelle

Père Simon (Grégory Gadebois) est un prêtre respecté d’une petite ville du centre de la France depuis une dizaine d’années. Un jour, Louise (Géraldine Nakache), sa maîtresse du temps où il était au séminaire, lui apprend qu’il est le père d’Aloé (Anton Alluin), un garçon de onze ans. Ces derniers vivent à Montréal, mais la mère est revenue dans l’espoir que Simon prennent ses responsabilités, ce qu’il ne peut évidemment pas faire en tant que prêtre.

Il tente le plus longtemps possible de camoufler la situation, notamment à Père Amine (Lyès Salem), son collègue, mais, comme on peut s’y attendre d’une petite bourgade, les secrets sont difficiles à garder. S’ensuit alors un combat de David contre Goliath entre Père Simon et l’institution catholique, réfractaire à vouloir assouplir ses pratiques.

Un film sur la paternité?

Avec un tel titre, on pourrait s’attendre à ce qu’on suive Père Simon dans son nouveau rôle de parent. Et on le fait, dans une certaine mesure, mais on sent que la préoccupation de Tronchont, également co-scénariste, se situe ailleurs. Il souhaite plutôt attirer notre attention sur la rigidité de la religion, à une époque de désengagement de la population envers les pratiques religieuses. Pourquoi, en effet, un imam, un pasteur ou un prêtre anglican peuvent se marier, alors que les prêtres catholiques ne le peuvent pas?

Et le film ne nous amène pas nécessairement la conclusion souhaitée (tout comme dans les films précédemment susmentionnés). Le catholicisme entend demeurer traditionnel et conserver ses positions fermes. La parentalité n’est qu’un autre exemple de ce conservatisme dérisoire.

On y aborde également la question de l’avortement dans Paternel, quoique de façon très brève, avec cette fillette de seize ans qui est enceinte et dont la mère se tourne vers Père Simon pour obtenir des conseils. Aurait-il souhaité, lui, que Louise se soit fait avorter plutôt que d’avoir gardé Aloé, ce qui lui aurait permis de continuer à pratiquer la prêtrise? Lorsque la jeune opte finalement pour l’avortement et va à l’encontre des conseils prodigués par Père Simon, ce dernier, quand il apprend la nouvelle, agit de façon moderne en déterminant que ce qui est fait est fait, et lui dit que Dieu l’aimera pareil. Gageons qu’il aimerait un tel dénouement pour son fils et lui.

Un film trop peu mémorable

Malgré une solide interprétation de Gadebois, toujours excellent peu importe la nature de son rôle, Paternel demeure au final un film qui ne sait pas sur quel pied danser. Nous sommes moins en présence d’un récit sur le développement de la parentalité (il existe nombre de films qui abordent brillamment ce sujet), que d’un message sur la modernisation souhaitée de la religion catholique. Si l’on avait davantage peaufiné ce premier aspect, probablement que le film nous serait resté plus en tête, au lieu de marteler un fait impersonnel qui découle de l’évidence.

Laissez un commentaire