Addison (Ansel Elgort) et Phoebe (Chloë Grace Moretz) se préparent à entrer à l’université. Le jour où Addison dépose sa demande d’admission, les deux vont chercher un café où travaille Kevin (Jared Kemp), ami d’Addison. Peu après leur passage, Kevin est tué dans ce qui semble être un règlement de comptes. Alors que le département de police local est fermé à toute autre théorie, Addison se met en tête de rendre justice à son ami et découvrir ce qui s’est réellement passé dans le café, car il est convaincu que Kevin ne faisait pas partie d’un gang.

Adapté d’un roman duquel on dit qu’il n’y a pas de milieu entre l’adorer ou le détester, November Criminals semble être plutôt de la seconde catégorie, à en croire les nombreuses critiques défavorables et les avis des spectateurs. Je n’ai jamais lu le texte original, donc je ne peux pas comparer l’adaptation au matériel de base. Cependant, je dois me rallier à l’opinion générale.

Plusieurs ont mentionné que Catherine Keener et David Strathairn étaient sous-utilisés dans ce film pour leur pedigree. Certes, les deux parents sont particulièrement accessoires au récit, mais il faudrait aussi regarder de plus près les rôles principaux, un des problèmes majeurs de November Criminals. En effet, Moretz et Elgort ne sont pas les acteurs les plus expressifs. Leur faire porter un film d’enquête où on devrait s’indigner par l’inaction du service de police est donc une mauvaise idée si on s’attend à ce que les spectateurs rejoignent leur cause. En fait, toutes leurs scènes ensemble sont fades, que ce soit au moment où ils font l’amour pour la première fois (par ailleurs, aucune « première fois » ne ressemble à celle présentée dans le film), pour la deuxième fois (car, oui, il fallait plonger un peu plus dans la psychologie des adolescents en démontrant qu’ils développent des sentiments l’un pour l’autre), ou quand ils « enquêtent » sur le meurtre, cette investigation se résumant à dire que la police ne fait pas son travail.

Parlons de cette enquête. Tout au long du film, l’argument (sans fondement) d’Addison semble être que son ami ne faisait pas partie d’un gang. Pourtant, la police ne veut pas explorer d’autres pistes. Lorsqu’il va rencontrer les parents de Kevin, Addison apprend que celui-ci était associé à des dealers de drogues, à sa grande surprise. Quelques informations le mèneront à D. Cash (Cory Hardrict), qui engageait Kevin. À partir de ce moment, il faudra à Addison encore une autre conversation pour se rendre chez le présumé meurtrier. Comment se fait-il que la police n’ait jamais trouvé les comprimés que Kevin transportait? Et comment n’ont-ils jamais réussi à trouver le coupable si Addison le fait en moins de deux? Notons aussi que Phoebe se fait prendre à part par un collègue de classe qui lui annonce avoir vu le bras du meurtrier au café, et qu’il était blanc. Coup de théâtre! Il n’était pas noir, donc il ne peut pas faire partie d’un gang? Il était blanc, donc la police cherche au mauvais endroit? Tout est tellement maladroit dans cette façon de présenter les choses que l’on peine à adhérer à l’enquête, et c’est bien dommage.

Par ailleurs, le film est particulièrement court, soit moins de 90 minutes, et on a préféré montrer la relation entre Moretz et Elgort par de multiples plans au ralenti, plutôt que d’explorer la relation entre Addison et Kevin, qui aurait été une meilleure base si on doit par la suite accepter sans explications qu’ils étaient des amis vraiment proches et que l’enquête de la police le fâche tellement qu’il décide de mener la sienne. Si on peut passer par-dessus ce manque, on pardonne moins facilement que le film soit totalement exempt d’action ou de cohérence, pour concentrer l’essentiel de ses éléments dans les dix dernières minutes. Contrairement à un film d’enquête traditionnel, on ne réfléchit pas en même temps que le héros ici en voyant se dérouler les étapes et, il faut l’avouer, on ne ressent aucun attachement envers la cause.

Et comme si on avait besoin de contexte, le film prend la peine de nous parler de la mère décédée d’Addison, seulement pour nous expliquer pourquoi celui-ci est un grand fan de David Bowie (sa mère l’était, c’est à peu près tout), justifiant au passage l’utilisation de plusieurs de ses chansons dans des moments qui auraient pu s’en passer. Les nombreuses vidéos de sa mère expliquent probablement aussi pourquoi Addison filme tout ce qu’il fait, mais encore là, ça ne sert aucunement la trame principale du récit et, donc, on aurait pu faire sans.

Il est difficile d’identifier toutes les raisons qui font en sorte que November Criminals ne fonctionne pas. Son titre n’a aucun rapport avec son récit, qui lui est maladroit, ses acteurs n’ont pas de charisme, tout est trop lent jusqu’aux dix dernières minutes où l’action nous laisse indifférent et le dénouement, trop rapide et aucunement ficelé, ne parvient aucunement à nous satisfaire. En fait, on sortira du visionnement en se demandant pourquoi un tel film existe et pourquoi il a été fait de cette façon. Je dois avouer que je suis maintenant particulièrement curieuse de lire le roman, juste pour tenter d’excuser le film, mais je doute qu’on ait pu s’écarter à ce point du matériel original. Et à en croire les critiques des lecteurs, c’est à se demander même pourquoi on a voulu adapter cette histoire, qui ne fait assurément pas l’unanimité là non plus.

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