Le studio Laika est passé à l’histoire en janvier 2020 en remportant son premier Golden Globes pour meilleur film d’animation, à la surprise générale. Battant tout de même deux films Disney et un Pixar, Missing Link a depuis attiré l’attention médiatique. Ce film était en effet sorti dans la plus grande indifférence en avril dernier, malgré des critiques généralement positives. Saura-t-il répéter ses exploits et remporter les grands honneurs aux Oscars? Probablement pas…

Big Foot, le monstre du Loch Ness et le Yéti

Sir Lionel Frost (Hugh Jackman) est l’un des plus réputés explorateurs britanniques. Il se passionne notamment pour la découverte de créatures mystiques et de lieux oubliés. Après avoir obtenu un cliché du monstre du Loch Ness, il reçoit une lettre mystérieuse lui indiquant où se trouve le Sasquatch (ou Big Foot) et le pressant d’aller le capturer. Il est très enthousiaste puisque cette créature pourrait être le chaînon manquant (Missing Link) qui prouverait sa théorie de l’évolution. Frost s’embarque alors pour l’Ouest américain, pour constater que le mystérieux rédacteur n’est nul autre que le Sasquatch lui-même, renommé Mr. Link (Zach Galifianakis) par Frost. Il requiert les services de l’explorateur pour découvrir le Yéti, que Mr. Link croit être un cousin éloigné. Frost, ne manquant pas une occasion pareille, s’embarque ainsi pour une nouvelle aventure qui l’amènera jusqu’en Himalaya, plus précisément à Shangri-La, ce fameux éden perdu dans les montagnes.

S’ensuit alors une série d’aventures impliquant son ennemi juré Willard Stenk (Timothy Olyphant) et la veuve d’un autre grand explorateur, Adelina Fortnight (Zoe Saldana), qui possède une carte permettant de trouver Shangri-La. Si la prémisse semble simple et assez linéaire, c’est qu’elle l’est. On ne s’attend jamais à des histoires très compliquées à l’écoute d’un film d’animation pour enfant, mais les péripéties parsemant Missing Link ne sont pas particulièrement intéressantes. On peut habituellement compenser par des dialogues intelligents et de bons gags, mais là aussi le film peine à vraiment conquérir son public. Plusieurs réactions de Mr. Link sont particulièrement drôles, mais la surutilisation de certaines blagues, d’ailleurs pas si comiques, prouve la superficialité du scénario. Notons toutefois une belle ouverture de la part de Chris Butler, réalisateur et scénariste, lorsque Mr. Link va lui-même se renommer Susan plus tard dans le film. Ce sont ces petits détails, inculqués dès l’enfance, qui permettront une plus grande tolérance et ouverture d’esprit à la longue.

La stop-motion, un style pratiquement révolu

Globalement, en fait de stop-motion, ce film est ce qui se fait de mieux. C’est du moins le projet le plus ambitieux du studio Laika (Kubo and the Two Strings, Paranorman, Coraline), réputé pour ce style d’animation. En ce sens, c’est mission accomplie pour l’équipe, qui parvient non pas à réinventer le genre, mais plutôt à ouvrir de plus en plus les horizons d’un style qui s’avère plus contraignant qu’un film d’animation entièrement généré par ordinateur. Elle a d’abord construit de nombreux et immenses décors, passant de l’Ouest américain à l’Himalaya à l’océan. Cette multiplicité d’environnements ne rend pas nécessairement la tâche plus difficile au studio, mais demande des ressources financières et humaines beaucoup plus importantes, ce que la plupart des studios se spécialisant dans le stop-motion ne possèdent pas. Ensuite, la grande taille de Mr. Link par rapport aux autres protagonistes complexifie considérablement la tâche de l’équipe. Les décors doivent être plus vastes, en plus de devoir toujours conserver un rapport d’échelle équivalent tout au long du film. On constate donc toute l’expertise du studio, qui semble de plus en plus perfectionnée dans le genre, comme en démontre l’esthétisme des personnages et des environnements, beaucoup plus détaillé que dans leurs précédents projets.

Toutefois, l’animation stop-motion n’est pas appréciée de tous. Si on salue évidemment le travail supplémentaire qu’entraine cette technique, plusieurs se désoleront du visuel quelque peu saccadé, et beaucoup moins détaillé que l’animation générée par ordinateur. Les intentions derrières le stop-motion sont certainement louables : donner l’impression que les personnages sont en fait des jouets sortis tout droit de notre imagination, tout en ramenant à la base un style d’animation pratiquement révolu en raison du perfectionnement technologique. Nous sommes d’avis que le visuel d’un film d’animation importe peu, pour autant que l’histoire soit bonne. Malheureusement pour Missing Link, c’est là où le bât blesse.

Un film qui tombe à plat

Ce film d’animation s’avère être un divertissement plaisant. Si l’histoire plutôt simpliste ne parvient pas à nous investir suffisamment, on passe tout de même un bon moment en visionnant Missing Link. Le travail derrière le film est impressionnant, mais ceux et celles qui ne se renseigneront pas sur le film vont vite passer par-dessus les prouesses techniques du studio. J’aurais apprécié regarder le film avec des enfants pour avoir leurs impressions. On oublie trop souvent que les films d’animations sont principalement créés pour eux, qui au final recherchent plus une certaine stimulation plutôt qu’un film techniquement impressionnant. Il est difficile de juger en tant qu’adulte l’effet que peut faire un tel film sur des enfants. Toutefois, il nous semble que le film tombe à plat par moment, à la fois en raison de son histoire simpliste que de son humour inégal. On salue les efforts du studio Laika, qui garde véritablement en vie ce style d’animation particulier. Missing Link mérite certainement d’être vu, mais Toy Story 4 devrait remporter les grands honneurs cette année.

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