Depuis qu’il est tout petit, Alex (Alexandre Wetter) cultive un rêve improbable : celui d’être élu Miss France! Lorsqu’il croise un de ses anciens camarades de classe qui a pour sa part atteint son objectif de devenir boxeur professionnel, Alex est déterminé à participer à la prochaine édition du concours, en cachant toutefois sa véritable identité. Il demande donc l’aide des autres locataires de la maison de chambre où il réside, notamment Lola (Thibault de Montalembert), une drag-queen prostituée, et l’aventure commence! Si la première partie du concours se déroule très bien pour le candidat, il devra ensuite joindre une bande de filles toutes plus méritantes les unes que les autres pendant un camp d’entraînement en vue de la finale télévisée. La compétition atteindra des sommets inégalés pour l’aspirante au titre, qui devra remettre en perspective ses priorités.

Il serait réconfortant de voir en Miss un film différent qui ose aller plus loin que ses comparables, mais force est de constater que cette nouvelle histoire n’amène pas grand-chose de supplémentaire à un sujet déjà abordé maintes fois au cinéma, et parfois mieux. Rapidement, on tisse les parallèles entre celui-ci et Girl, par exemple, qui pour sa part présentait un adolescent en transition et les défis rencontrés dans une troupe de ballet. Cela dit, Girl a l’avantage de présenter un récit plus nuancé et dramatique que Miss ne propose. Alors qu’on pourrait croire qu’Alex sera la candidate qui changera la tradition malsaine et bien ancrée des concours de beauté, notamment quand on l’entend dire lors de son audition que son ambition principale pour participer est qu’elle veut « devenir quelqu’un » (créant un émoi certain chez les producteurs qui se font bouder du public et veulent redresser la réputation de l’organisation), le film navigue plutôt dans la vanité et l’importance pour l’aspirante d’avoir plus de followers que ses compétitrices sur les réseaux sociaux.

Il est tout à fait normal que les participantes se bâtissent un fanbase sur les diverses plateformes de médias sociaux. Après tout, le vote final vient du public et chaque Miss devra se faire adorer pour espérer remporter la compétition. Cela dit, même si on pourrait s’attendre à ce que le film adresse une critique de cette tendance à l’hyper-exposition, il n’en est rien. Ainsi, ce qu’on regarde, c’est un homme au milieu d’une quinzaine de femmes, qui ne parvient pas à prendre sa place et cherche désespérément à plaire à « tous » pour se donner de la valeur, alors que sa famille l’a toujours accepté tel qu’il est, même lorsque lui-même n’était pas capable de se sentir pleinement à l’aise dans son identité d’entre-deux. Déjà-vu? Réchauffé? Oui, absolument.

En voulant présenter un récit original d’acceptation de soi et de réalisation de ses rêves, Miss ne parvient qu’à s’enfoncer dans un puits de clichés. Alex a tellement besoin de validation qu’on devient rapidement inconfortables dans la manière dont il traite sa famille, surtout lorsqu’il annonce à Lola qu’elle ne participera pas à la vidéo de présentation des candidates, parce que la France n’est « pas prête » à voir un travesti à la télé dans le contexte d’une compétition de beauté. Quel beau moment d’ironie dans le contexte du récit! Qu’adviendra-t-il d’Alex après la finale? La France est-elle prête à l’élire? Mentionnons au passage la tenancière de la maison, Yolande (Isabelle Nanty), qui semble être la seule à voir comment le concours change son locataire, et dont les commentaires tranchants feront écho aux impressions qu’on pourra avoir pendant le visionnement.

L’idée, toutefois, avait une grande part de charme. On aurait aimé voir Alex briser les barrières comme on aurait voulu qu’Abigail Breslin remporte Little Miss Sunshine. Sorti il y a quelques années, Miss aurait été une comédie passe-partout. Vu aujourd’hui, il est plutôt un projet qui ne parvient pas à exprimer clairement ses intentions, devant un public qui, contrairement à la France, est prêt. En restant en surface des thématiques qu’il aborde, le film devient, malheureusement, aussi superficiel que le genre de concours qu’il présente.

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