La trilogie The Lord of the Rings de J.R.R. Tolkien a longtemps été considérée comme impossible à adapter au grand écran. Une histoire avec de multiples personnages et trames narratives, se déroulant sur une trentaine d’années (la quête principale s’étale sur un peu plus d’un an toutefois) et une grandiosité difficile à atteindre sans gros risque financier. Pourtant, une équipe constituée de Fran Walsh, Philippa Boyens et Peter Jackson a accompli l’impossible en proposant un scénario exemplaire, convainquant (non sans effort!) le studio New Line de produire la trilogie mythique. On ne peut que s’incliner devant le résultat final.

Jeter les bases d’un univers colossal

Le premier film d’une trilogie est crucial pour gagner son public et le faire adhérer à son univers, même si les fans du livre sont à priori gagnés d’avance. En ce sens, le réalisateur néo-zélandais Peter Jackson – pratiquement inconnu du public américain, si ce n’est des films de genre Bad Taste et Braindead, ou encore de Heavenly Creatures – a piloté d’une main de maître le récit de l’anneau unique. Tout commence avec un prologue de près de dix minutes qui jette les bases d’un univers complexe se déroulant sur plusieurs milliers d’années. Beaucoup de contenu, mais narré avec la voix posée de Galadriel (Cate Blanchet), nous permet de bien cerner l’histoire de l’anneau, de sa création jusqu’à son arrivée dans les mains de Bilbo Baggins (Ian Holm), héros vieillissant du Hobbit.

L’histoire débute véritablement avec l’arrivée de Gandalf (Ian McKellen) dans la Comté pour le 111e anniversaire de Bilbo. Son neveu Frodo (Elijah Wood) vit avec lui, et porte une admiration sans fond pour son oncle et ses aventures. Il est loin de se douter que Bilbo, après un coup d’éclat à son anniversaire, lui lèguera son fameux anneau qui rend invisible quiconque le désire. Ce legs le lancera dans une aventure folle avec ses acolytes hobbits Sam (Sean Astin), Merry (Dominic Monaghan) et Pippin (Billy Boyd), aventure qui les fera traverser la Terre du Milieu, de Rivendell à la Moria, jusqu’au Mordor, pays des orques et lieu de destruction de l’Anneau unique. Le groupe s’agrandira au fil du récit, alors qu’Aragorn (Viggo Mortensen), Legolas (Orlando Bloom), Gimli (John Rhys-Davies) et Boromir (Sean Bean) se joindront à eux dans cette quête de l’impossible.

Rédiger ce cours synopsis s’est avéré un défi de taille de ma part vu l’ampleur du récit et ses multiples histoires sous-jascentes. En élaborer le scénario a dû être un véritable casse-tête. On décrie bien souvent les écarts entre un roman et son adaptation au cinéma. Cette fois pourtant, malgré les nombreux changements apportés (Frodo a tout de même près de 50 ans au début de sa quête dans les romans), on ne peut que saluer le brillant récit qui nous est proposé (même si les critiques ont fusé à sa sortie en 2001, et particulièrement de Christopher Tolkien, le fils de l’auteur, sur le fait que l’histoire n’est pas centrée sur l’expérience des hobbits). Jackson a voulu donner une tournure épique à l’histoire en approfondissant certains personnages qui n’étaient que peu abordés dans les romans, et c’est tant mieux. Beaucoup de matériel a été publié suite aux romans dont l’objectif était justement de mieux enrôber l’histoire principale, et il cela aurait été une occasion manquée que de ne s’en tenir qu’au roman. Les amateurs auront peut-être plus de difficultés avec cette version, mais pour un public néophyte cela donne une histoire très riche et interreliée très intéressante. Tout comme d’autres films à succès, plusieurs scènes sont devenues anthologiques après la sortie du film, encore plus dans ce premier opus que dans les suivants. Du fameux « You shall not pass » au concile d’Elrond, de la course effrénée entre les Nazgûls et Arwen jusqu’à la fin tragique de Boromir, tout y est dans ce premier opus qui ratisse large, mais qui accomplit un travail fantastique et immersif.

Une réalisation hors pair

Peter Jackson et son équipe ont travaillé d’arrache-pied pour créer cet univers plus vrai que nature. Le moindre détail a été le sujet d’une attention méticuleuse, et la tâche colossale n’a pu être effectuée qu’avec une équipe de passionnés. Effectuant le tournage des trois films simultanément, ce sont plus de 4 ans de travail qui ont été investis dans ce projet. Amorçons ce tour d’horizon en traitant des effets spéciaux, simplistes mais efficaces. Plutôt que de recourir systématiquement aux effets par ordinateurs (devenus de plus en plus la norme malgré la qualité laissant encore à désirer à la fin des années 1990), on a opté plus souvent qu’autrement pour des modèles réduits et de la perspective forcée pour rendre compte des interactions entre les hobbits et les hommes. Ainsi, pour ne nommer qu’une scène parmi tant d’autres, lorsque Frodon et Gandalf sont assis l’un à côté de l’autre au cours de leur première scène, Frodon est plutôt assis près de trois mètres derrière Gandalf, question de conserver les échelles différentes. Le travail de taille qui a dû être effectué par l’équipe des décors (il a fallu construire plusieurs lieux et plusieurs objets en double mais de taille différente) est tout simplement magistral. Par opposition à la trilogie The Hobbit qu’a livré Jackson plus de dix ans après, on serait presque tenté de dire que les effets spéciaux de The Lord of the Rings sont de meilleure qualité. Le CGI (Computer Generated Imagery) facilite beaucoup le travail et diminue beaucoup le coût de production, mais rien n’égale de vrais décors et des illusions visuelles.

Jackson n’a dans un deuxième temps pas perdu de vue l’aspect « aventure » du récit. Pour ce faire, il a pris la décision de tourner entièrement la trilogie en Nouvelle-Zélande, sa terre natale, et d’en faire ressortir la beauté du territoire. Plutôt que de générer des arrière-plans de paysages (qui était plus l’exception que la règle, avouons-le), il a tenu à tourner en pleine nature la plupart des scènes de la communauté. Le rendu est unique, et les longs plans aériens du groupe sont tout simplement magiques et immersifs à souhait. Ajoutez à cela la musique épique du compositeur canadien Howard Shore et personne ne peut rester indifférent à l’ambiance et à l’univers du film.

Mentionnons en terminant l’énorme tâche que représente le montage de ce film. Le rythme dans ce premier opus est excellent, alternant entre conversations exposant des éléments importants pour la suite du récit et scènes d’action, le tout s’enchaînant avec fluidité. On ne s’ennuie jamais malgré les trois heures (ou plus si visionné en version allongée) du film. Bref, Jackson a su coordonner à merveille tous les éléments techniques qui rendent vivant l’univers de Tolkien.

Une distribution investie

Les acteurs et actrices qui composent The Fellowship of the Rings (ou même la trilogie en entier) sont tout simplement parfaits. Le quatuor de hobbits possède une chimie qui opère bien, particulièrement entre Wood et Austin. McKellen est également excellent, se méritant même une nomination aux Oscars en 2002, fait rare dans un film avec une aussi grosse distribution. Mortensen, acteur méconnu à l’époque, brille également et crève l’écran, et certains considèrent même Aragorn comme le véritable personnage principal des films. Ce sont de grandes chaussures à porter, mais Mortensen, qui semble dans la vraie vie une incarnation de son personnage, les chausse humblement. Blanchet est somptueuse et effrayante, et il se dégage d’elle un charisme indéniable. Sean Bean, fidèle à lui-même en incarnant un « vilain », est tout de même attachant malgré le tragique destin qui l’attend, une fois de plus. On sent que tous et toutes veulent faire partie de cette incroyable aventure qu’est le tournage de la trilogie, et ça transparaît à l’écran. Il est difficile de donner plus de crédit à certains plutôt qu’à d’autres, puisque tous et toutes constituent un morceau d’une immense mosaïque. On ne peut que saluer le travail de casting effectué.

Avec du recul…

Près de vingt ans après sa sortie, le film produit le même effet qu’en 2001. Il a très bien vieilli, et il est passé à la postérité, que ce soit avec les innombrables memes qu’il a inspiré ou par le nombre de gens qu’il a profondément marqué. Considéré comme un tout, The Lord of the Rings est tout simplement la meilleure série de films jamais produite. L’ampleur de la production et la qualité du produit final sont suffisantes pour éclipser toute compétition. Bien qu’il faille considérer les trois films comme un tout, je suis tenté de placer The Fellowship of the Ring comme le meilleur chapitre de la trilogie, ainsi qu’au premier rang des meilleurs films de l’histoire selon moi, rien de moins! S’il est peut-être plus lent que les deux autres, il jette les bases essentielles d’un univers complexe et diversifié. Le succès des chapitres suivants dépend de ce premier film, et Peter Jackson vise très juste. Encore faut-il aimer la fantasy médiévale, quoique le film propose des valeurs universelles devant lesquelles il est difficile de demeurer de glace. Quel chef d’œuvre!

Fait partie des 1001 films à voir avant de mourir.

Fait partie du top 250 d’Alexandre (#1).

Fait partie du top 100 de Jade (#20).

Fait partie du top 50 de Camille (#12).

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