Daphné (Camélia Jordana), enceinte de trois mois, attend que son conjoint François (Vincent Macaigne) revienne d’un contrat de travail à l’extérieur. Le cousin de ce dernier, Maxime (Neils Schneider), doit leur rendre visite pour quelques jours, alors elle se retrouve seule pour l’accueillir. Pour passer le temps ensemble, les inconnus décident de se raconter leurs plus déchirantes histoires d’amour, jusqu’à développer une indéniable complicité.

La grande force du film d’Emmanuel Mouret (Mademoiselle de Joncquières) tient dans sa narration. En effet, Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait repose essentiellement sur des retours en arrière amenés par les multiples histoires racontées par les personnages qui se sont produites à des moments différents, quelques semaines ou quelques mois précédemment. Malgré la pluralité des trames, on ne se perd jamais dans les multiples temporalités qui nous sont présentées. Si on peut en venir à se lasser de cette construction, certaines bribes d’information auront l’avantage de complexifier le récit, qu’on pourrait éventuellement trouver trop simple ou répétitif, dans la lignée d’un film de Woody Allen à la fois dans les thèmes que dans la façon de les aborder.

Pour accompagner les doux récits mettant en opposition les mensonges que l’on raconte et les choses qui se sont réellement produites, la musique, les décors et les effets de caméra au ralenti font un excellent travail. Le film a cette force de nous faire nous perdre dans sa beauté, conjuguant morceaux de musique classique et campagnes françaises, rendant alors presque poétiques les histoires de tromperie qui, elles, nous feront nous questionner à savoir à quel personnage on devrait le plus s’attacher (car ce ne sera assurément pas chose facile).

Là où le film peut décevoir, c’est dans ce refus de présenter une aventure aux mœurs plus acceptables que les autres. On passera donc les quelques deux heures dans l’expectative d’entendre une histoire qui surprend et qui ne cédera pas à la facilité. On en aura au final deux ou trois, sur plus d’une dizaine. Il ne faut pas s’attendre à trop de ce qui est présenté ici : tout le monde se trompe, tout le monde se ment. Tous les personnages disent des choses et en font d’autres. C’est le but, et bien qu’il soit atteint, il fait en sorte que, même à la fin, quand tout indique que les choses se sont finalement placées, il nous est particulièrement difficile de savoir de quel côté pencher. Personne ici ne gagne ou ne perd. Tout le monde cache son jeu, et on ne sait encore pas si on doit remercier Mouret de nous avoir présenté quelques facettes de la réalité humaine ou se désoler de l’apparente conclusion de toutes les histoires.

Je dis « apparente », car on se doute que le cycle qui nous a été présenté est chose commune pour la vie des personnages avec qui on a évolué pendant quelques jours, semaines et mois. Ce qui nous a été raconté ici n’est pas extraordinaire, tellement les thèmes se répètent dans les différents segments. On a donc eu accès à ces quelques tranches de vie, se doutant qu’il y en avait plusieurs autres avant, et qu’il y en aura assurément d’autres après.

Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait est donc ce film qui nous fera voyager dans des histoires d’amour impossibles, de vanité, de fierté, d’espoir aussi, auquel on aura de la difficulté à s’identifier et duquel on sortira en ayant passé un beau moment, sans qu’il ne nous marque. La poésie est bien présente et l’idée est charmante, mais le résultat pourra être convaincant ou non, selon notre propre bagage, notre degré de narcissisme, nos idéaux et notre manière de percevoir ce que devraient être les relations humaines.

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