« Il est facile de commencer le jihad, mais personne sait comment y mettre fin. »

Rares sont les films de guerre qui ne portent pas un message anti-guerre. Leaving Afghanistan n’y fait pas exception. Avec son plus récent projet, le réalisateur russe Pavel Lungin (Taxi BluesThe Wedding) s’intéresse moins aux causes d’un conflit ou aux conflits eux-mêmes, mais plutôt au processus de démilitarisation suivant la fin d’une guerre. Le résultat est un film qui questionne la nature humaine dans un style quasi documentaire qui ne parvient pas à camoufler ses clichés.

Le film aborde le retrait des troupes russes en Afghanistan suivant l’annonce de Gorbatchev à cet effet. Au cours de cette période transitoire, le pilote Alexander Vassiliev est capturé par les Moudjahidines après qu’ils ont abattus son avion. Il revient donc à la 108e division d’infanterie motorisée d’aller le secourir, car Alexander est le fils du Général Vassiliev de l’armée soviétique.

Le parallèle évident à faire lorsqu’on aborde un film qui traite des corollaires de la guerre est le célèbre Apocalypse Now. Leaving Afghanistan ne s’approche aucunement du grand classique, bien qu’il propose des réflexions similaires quant aux impacts d’une guerre sur les populations qui subissent une invasion. On observe souvent un conflit de façon macro, selon les décision qui sont prises non pas au front mais auprès des autorités dirigeantes. Ici, Moscou est bien loin des terres afghanes, et la démilitarisation provenant d’un retrait volontaire des troupes soviétiques qui reconnaissent l’échec de leur démarche vient avec son lot de conséquences. Les troupes de l’infanterie devront faire face à la réticence de la population locale et aux embuscades fréquentes s’ils espèrent rapatrier Alexander.

L’histoire s’inspire des mémoires de Nikolay Dmitrievich Kovalyov, un espion et ancien chef du FSB (anciennement KGB) qui a participé à l’élaboration de cette invasion. Lungin tente tant bien que mal de nous rappeler constamment que cette histoire s’est réellement déroulée, que ce soit par les nombreux textes qui ouvrent le film, par son style documentaire ou encore par les images d’archives ajoutées à la scène finale. Si la reconstitution des conflits armés est plus que crédible, force est d’admettre que la réalisation présente certaines lacunes.

Cette réalisation, elle est nerveuse. Très nerveuse. On traverse les champs de bataille caméra à l’épaule dans des scènes qu’on croirait tirées d’un Cloverfield. Elle réagit au même rythme que l’action, ce qui est très immersif dans les segments à grand déploiement, mais moins lorsque l’action retombe. Les nombreux zooms non justifiés sur les visages des personnages pourront à la longue être agaçants, mais on peut pardonner à Lungin ces quelques écarts, puisque dans la majorité des scènes, on saluera son travail. Les reconstitutions sont très crédibles, et on voit l’argent à l’écran.

Le film a connu une certaine controverse en raison de la représentation anti-patriotique de l’armée soviétique. Lungin s’est toutefois défendu en disant qu’il a voulu non pas dégrader l’armée, mais plutôt démontrer comment de bonnes personnes ont été poussées à participer à une guerre qui n’avait aucun sens, selon lui. Et c’est toujours sur cet aspect humain qu’il tente de nous ramener. La distribution est efficace, quoique stéréotypée dans son interprétation. En fait, la structure même du récit est assez clichée, que ce soit avec ses nombreux retours en arrière servant à présenter ses personnages, ou encore avec le trop-plein de testostérone qui se fait ressentir.

Leaving Afghanistan est au final un film efficace, mais qui ne plaira pas aux cinéphiles aguerris. Trop peu de nouveautés pour une surdose d’action donne comme résultat un film de guerre assez traditionnel, à saveur soviétique. Son message est intéressant, mais peu novateur comparativement aux nombreux films anti-guerre sur la Seconde Guerre mondiale ou le Viêt Nam. Il pourra en impressionner quelques-uns si vu au cinéma, car sinon c’est un film qui tombe rapidement dans l’oubli.

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