Invisible Life' Review: Sisterhood Is Stronger Than Patriarchy ...

Cette critique a été rédigée dans le cadre de l’édition 2020 du Festival cinéma du monde de Sherbrooke.

Gagnant du prix Un Certain Regard à Cannes l’an dernier, Invisible Life de Karim Aïnouz fait finalement son arrivée près d’un an après sa première. Ce film brésilien a beaucoup fait parler de lui sur la Croisette et il est difficile de ne pas avoir d’attentes envers lui. C’est un film qui prend très peu de risques, mais qui exécute à perfection tout ce qu’il tente d’accomplir, ce qui lui donne un attrait à la fois universel et intemporel. Plongeons au cœur de Rio de Janeiro en 1950.

Invisible Life, c’est l’histoire d’Euridice (Carol Duarte), 18 ans, et de Guida (Julia Stockler), 20 ans, deux sœurs inséparables. Elles vivent chez leurs parents et rêvent, l’une d’une carrière de pianiste, l’autre du grand amour. À cause de leur père (António Fonseca), les deux sœurs vont devoir construire leurs vies l’une sans l’autre. Séparées, elles prendront en main leur destin, qui les amènera assez loin de ce qu’elles avaient imaginé plus jeunes.

Il est difficile de ne pas avoir d’attentes envers ce film. Malgré ses quelques longueurs, il s’agit du meilleur long métrage de fiction de la programmation du Festival cinéma du monde, ou du moins le plus complet. Cette histoire de deux sœurs que le destin semble vouloir séparer est très émouvante, en grande partie en raison de l’approche sensible du réalisateur Karim Aïnouz et des incroyables performances de ses deux actrices principales Carol Duarte et Julia Stockler.  Elles crèvent l’écran, et ce malgré le fait qu’elles ne soient réunies que de brefs instants tout au long du film. On présente leurs vies parallèles, et leurs « dialogues » sont en fait des lettres qu’elles s’écrivent mais qu’elles ne reçoivent pas. Ces témoignages sont touchants, surtout parce que chacune s’imagine la vie de l’autre selon le souvenir qu’elles gardent du temps qu’elles étaient adolescentes. On ne peut s’empêcher d’être frustré envers tous ceux et celles qui veulent empêcher leurs retrouvailles, et c’est un film qui nous fait réfléchir sur les occasions ratées de la vie. 

The Invisible Life of Euridice Gusmao - Griffioen Cultural Hub

Outre ces magnifiques interprétations, le rendu visuel est lui aussi ahurissant. Les palettes de couleurs utilisées dans le film siéent à merveille l’ambiance brésilienne des années 1950. Les décors et costumes ajoutent à l’authenticité, même si on n’exploite au final que très peu l’époque dans laquelle se déroule le récit. En fait, elle sert plus à nous montrer comment deux femmes indépendantes ont voulu devenir maîtresses de leur destin respectif à une époque conservatrice où l’homme prime sur tout. À cet égard, le destin des deux sœurs sera plutôt différent.

Invisible Life est un excellent film qui, s’il n’est pas marquant, est à la hauteur de ses ambitions. Plutôt que de nous imposer un message, il veut plutôt nous inviter à nous remémorer ces occasions manquées de la vie et qu’on aimerait pouvoir changer. Il témoigne de la modernisation des idées et des moeurs qui s’opère dès les années 1950, mais qui s’accélérera dans les décennies suivantes, mais c’est d’abord et avant tout un récit d’amour sororal qui traverse le temps et les époques. Chapeau!

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