Les premiers rôles au cinéma se font rare pour la pourtant très talentueuse Gillian Jacobs. S’étant surtout fait connaître dans la série Community, elle a depuis multiplié ses apparitions au petit écran, sans jamais obtenir sa chance dans un film d’envergure (sauf peut-être Ibiza, qui s’est avéré une déception). Si I Used to Go Here n’est pas le film qui la propulsera vers de nouveaux horizons, le film, qui devait être présenté au festival SXSW, lui permettra toutefois de gagner quelques points auprès des critiques. Dans cette comédie générationnelle plutôt fade et oubliable, elle offre une performance digne de mention.

Kate Conklin (Jacobs) est une jeune auteure qui vient de publier son premier roman. Ne connaissant pas le succès espéré, sa tournée est annulée par son éditeur, mais elle reçoit tout de même une invitation de la part de son mentor et ancien professeur d’université David (Jemaine Clement) pour faire la lecture publique d’un extrait de son livre dans l’une de ses classes. Récemment séparée, elle n’a d’autre attache que son amie Laura (Zoë Chao), et elle s’embarque pour Carbondale en Illinois, retrouver le campus qui l’avait accueillie il y a une quinzaine d’années.

Elle espère avec cette aventure peut-être se retrouver d’une quelconque façon. Confirmer en quelque sorte ses choix de vie qui l’ont menée sur un chemin bien différent de celui de ses amies. Après sa lecture, David lui propose de devenir professeure à l’université, une proposition qui l’enchante mais qui la fait se remettre en question. Prenant un temps pour y réfléchir, elle se retrouve à son ancienne fraternité, et se lie d’amitié avec les étudiants qui y logent, plus particulièrement avec Hugo (Josh Wiggins), Emma (Kloe Janel) et Tall Brandon (Brandon Daley). Replongeant un peu dans son adolescence, Kate décide de revivre à fond la vie d’universitaire, avec ses hauts et ses bas.

Nous l’avons mentionné d’entrée de jeu, mais c’est un film qui repose entièrement sur la performance de Jacobs, présente dans tous les plans du film ou presque. Nous offrant le type de prestation auquel elle nous a habitués, elle joue bien cette trentenaire adolescente dans l’âme qui se retrouve à la croisée des chemins. Sa performance comique et touchante est assurément le point fort du film. Le reste de la distribution est un peu amorphe en comparaison. Clement, qui nous a habitués pour sa part à l’humour pince sans rire de Flight of the Concords et What We Do in the Shadows, n’est présent que pour mettre un gros nom sur l’affiche du film. Bien que son personnage ait de l’importance, sa présence à l’écran est assez limitée, au profit d’une jeune distribution prometteuse mais un peu fade. Du lot, c’est Wiggins qui ressort, offrant une performance sobre mais convaincante. Daley offre un bonne dose d’humour, dans un film qui en manque beaucoup.

En effet, on se retrouve dans une typique dramédie en demi-ton, qui ne pousse véritablement ni le drame ni la comédie à fond. Les gags sont rarement drôles (si ce n’est d’une scène farfelue entre Tall Brandon et la mère d’Hugo (Jennifer Joan Taylor)), et les moments dramatiques ne sont pas assez bien exploités. On amène toutefois quelques réflexions intéressantes sur une jeunesse à l’ère de #metoo et sur les relations entre professeur.e.s et étudiant.e.s. Kate entretient une attirance envers David depuis son temps à l’université, et ce dernier semble être lui-même impliqué dans une amourette avec l’une de ses étudiantes, April (Hannah Marks). On aborde ainsi les relations amoureuses avec une grande différence d’âge et, surtout, en position d’autorité.

La faute de cette fadeur revient en partie à Kris Rey. Cette histoire est inspirée de sa propre tournée des universités, après le succès de Unexpected à Sundance en 2015. Voulant explorer un personnage qui se retrouve confronté entre sa vie d’universitaire et sa vie « d’adulte », force est d’admettre que c’est un pari à demi réussi. Le résultat est une exploration assez sommaire d’une situation somme toute banale. La réalisatrice a de bonnes intentions, mais le résultat est un film qui se cherche, peut-être autant que son personnage principal. N’eut été de Gillian Jacobs, c’est un film qui serait tombé aux oubliettes. Grâce à elle, c’est un film qu’on oubliera d’ici un an.

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