Il y a de ces films que j’ai vus à de nombreuses reprises et qui me plaisent toujours chaque fois. Ceux qui prennent place dans le monde de la rédaction, du web, des magazines ou de la publicité m’ont toujours plu sans que je ne comprenne vraiment pourquoi. Il y a quelque chose de particulièrement charmant à voir des professionnels pitcher des slogans en espérant obtenir de nouveaux contrats, ou des rédacteurs écrire sur des sujets variés dans un environnement confortable où les couvertures de magazines jonchent les murs des cubicules et où les rails de vêtements se font promener partout jusque dans les salles de séances photos. How to Lose a Guy in 10 Days nous offre les deux : la publicité et la rédaction, dans un agréable enchaînement de dialogues rapides et dont la répartie reflète totalement les métiers des deux personnages principaux. Tout y est calculé, bien écrit, bien lancé, pervers et complètement accrocheur.

Andie Anderson (Kate Hudson) est la rédactrice des chroniques « How to » de son magazine. Elle propose ainsi de raconter ses propres expériences humoristiques dans divers domaines pour le bonheur des lectrices, notamment comment se sortir d’une contravention ou comment réorganiser son appartement afin qu’il soit feng-shui. Après que son amie Michelle (Kathryn Hahn) se fait laisser quelques jours après le début d’une relation qu’elle croyait parfaite, Andie propose la chronique titre, « How to lose a guy in 10 days », afin de voir quelles sont les choses à faire et surtout ne pas faire pour poursuivre une relation. Ce sera donc, en quelque sorte, un anti-guide relationnel. Le magazine travaille aussi activement à une grande publicité avec une agence où Benjamin Barry (Matthew McConaughey) est le meilleur vendeur. Dans quelques jours, le couple à la tête d’une compagnie de diamants doit tenir un bal, et Ben espère décrocher ce contrat, le plus gros de l’année. Si Ben réussit à rendre une femme amoureuse de lui dans les 10 prochains jours, le contrat est le sien. Andie et Ben se courtiseront donc pendant ces 10 jours où elle tente de le faire fuir en étant détestable alors que lui ne peut se permettre de partir.

D’entrée de jeu, j’accepte qu’il y a un côté totalement malsain à la prémisse de ce film. C’est à mon avis une bonne chose que nos sociétés aient assez évolué depuis quinze ou vingt ans pour ne plus proposer des scénarios du genre. J’ajoute même que l’idée perd de son lustre quand on ne fait plus partie de ce jeu parfois malhonnête et cruel qu’est la courtisanerie. Cela dit, de tels propos existent au cinéma, et il faut revenir aux années 1990 ou au début des années 2000 pour en voir de nombreux exemples, notamment la plupart des comédies romantiques pour adolescents. Si l’on oublie, donc, que la trame de fond est déficiente, peut-on trouver notre compte dans cette « nouvelle » histoire?

À ce niveau, j’ai un parti pris pour l’environnement dans lequel tout prend place. Que « le plus grand magazine » et « la plus grande agence de publicité » se rencontrent pour un projet ponctuel de diamants semble donc tout à fait naturel, et parvient à plaire. Cela dit, que les héros se croisent par hasard dans le même bar de New York l’est un peu moins, et que l’ampleur de cette histoire d’amour tordue se concentre en 10 jours est aussi étrange.

Il y a quelque chose de fondamentalement absurde dans les comédies romantiques, qui sont toutes sensiblement construites de la même façon. J’ai de la difficulté à croire qu’une relation « solide », qu’on nous promet avec le baiser des retrouvailles à la fin, puisse durer plusieurs années quand on n’a été ensemble que quelques mois (dans ce cas-ci, dix jours!) et que, dans ce court laps de temps, on a déjà connu un accroc, qui a fait pleurer la fille et regretter le gars. Je passe volontairement par-dessus tous les autres films qui sont basés sur des mensonges (John Tucker Must Die, She’s All That ou le pire d’entre tous, After) où, inévitablement, au milieu de ces paris ou jeux entre amis, les protagonistes tombent amoureux l’un de l’autre et où on semble ne pas savoir comment s’assoir pour discuter calmement d’une situation problématique.

Ainsi, dans ce cas-ci, il faut pardonner beaucoup d’éléments à la mise en place pour pouvoir profiter pleinement de ce qui nous est présenté. Malgré tous ses défauts, j’avoue aimer profondément les dialogues de ce film, bien qu’ils manquent de naturel. J’adore aussi la chimie entre les deux acteurs principaux, et plus spécifiquement le jeu de Kate Hudson, qui semble avoir énormément de plaisir avec son personnage, et qui rend crédible (dans la limite de ce que le film propose, il va sans dire) les émotions pour le moins variées qu’elle traverse.

Lorsqu’on a accepté le film pour ce qu’il est, on passe un très bon moment avec l’histoire qui nous est présentée. Si les films du genre ne vous plaisent habituellement pas, celui-ci ne fera pas exception et n’apportera rien de nouveau à des thèmes qui ont été abordés maintes fois au cinéma. On rira dans les moments qui se veulent drôles, on roulera des yeux dans les moments tirés par les cheveux et on ressentira au final un peu de réconfort tout de même. How to Lose a Guy in 10 Days ne révolutionne rien, mais demeure un bon divertissement… si on est capable de le légitimer.

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