Flash of Genius (2008)

Les films biographiques s’assurent habituellement d’avoir en leur centre un personnage charismatique, souvent mythique, pouvant ainsi s’assurer d’un public de gens avides d’en apprendre un peu plus sur un individu. Flash of Genius n’entre pas dans cette catégorie. S’intéresser à Robert Kearns, l’inventeur du système d’intermittence des essuie-glaces, est un pari relativement risqué pour un studio. On pourrait penser que cette invention que nous prenons tous pour acquise mériterait probablement autant son film que la personne qui a inventé le four à convection. Pourtant, une véritable épopée judiciaire a suivi cette invention, lorsque Ford, qui tentait en vain au même moment d’élaborer un système similaire, a copié son invention. Tout d’un coup, le film ne devient plus tant une biographie qu’une histoire de résilience extrême d’un homme contre une multinationale.

Dès les premiers instants du film, on craint de se retrouver dans un film du type A Beautiful Mind. On nous présente en effet le personnage de Kearns (Greg Kinnear) comme un individu possiblement dérangé. Se faisant intercepter par des policiers dans un autobus alors qu’il semble complètement déboussolé, on le retrouve trois ans plus tôt, à l’église avec sa famille. Rentrant chez lui après la messe par un dimanche pluvieux, il s’offusque du fait que ses essuie-glaces sont trop rapides pour la quantité de pluie. Kearns, un ingénieur et professeur à Détroit, décide alors de mettre sur pieds un système de vitesse à vitesse ajustable et, une fois accompli, souhaite mettre en place, avec le support financier de son ami Gil Previck (Dermot Mulroney), sa propre entreprise pour manufacturer son produit et le vendre aux gros constructeurs automobiles.

Review: 'Flash of Genius' a mere glimmer – East Bay Times

Ces constructeurs, Ford en tête, sont tous intrigués par l’invention de Kearns, eux qui tentent également d’élaborer ce concept. Après qu’une entente informelle semble s’être conclue entre Ford et Kearns, il leur envoie un prototype, puis demeure sans réponse de la compagnie. Il remarque lors de l’inauguration du plus récent modèle de la Mustang que la voiture a incorporé ce système d’intermittence, ce qui pousse alors Kearns, contre tous les conseils de ses proches et ses avocats, de poursuivre la compagnie pour avoir volé son concept.

Cette biographie est véritablement l’histoire de David contre Goliath. En plus de faire le choix conscient de poursuivre l’un des plus riches constructeurs automobiles, l’avocat qu’il embauche (Alan Arda) décide de ne plus le représenter après que Kearns refuse d’accepter une entente hors cour. Il doit donc se représenter lui-même et apprendre les procédures judiciaires s’il souhaite l’emporter. Nous sommes donc plus dans une étude de cas du négligé qui veut que justice soit faite sur cette histoire.

Plus que ça, Flash of Genius est un film de principes. Plus qu’autre chose, ce que Kearns souhaite, c’est de faire reconnaître les droits de son invention. Il ne déclenche pas cette guerre pour de l’argent, comme en démontre son refus d’une offre de règlement de 30 millions de dollars, mais plutôt que Ford reconnaisse ses torts dans l’affaire, même si, dans les faits, il voulait plutôt retrouver le droit de manufacturer son produit. Le message du film est assez clair à ce niveau. Si vous vous battez pour vos principes, vous allez en ressortir gagnant.

Flash of Genius — Science on Screen

La structure du film est assez conventionnelle pour un film biographique, bien qu’il y ait certains problèmes de rythme. Après l’inévitable retour en arrière qui ouvre le récit, on est plongé dans une histoire linéaire parsemée d’ellipses temporelles qui témoignent de la longueur des procédures judiciaires. On ne fait pas un si bon travail pour nous expliquer toutes les difficultés et les retards dans l’affaire, à mon avis. S’échelonnant sur une douzaine d’année, le procès, quoi que tout de même bien exposé, ne rend pas justice à l’insurmontable tâche de Kearns pour remporter sa cause. Il manque ces scènes clichées ou, à bout, le personnage principal n’a plus la force de continuer, mais puise finalement en lui l’énergie nécessaire pour poursuivre sa mission. Certes, sa famille est présente et le supporte durant les procédures. Mais le réalisateur Marc Abraham, qui en est à une première expérience et pour qui ce film est un projet chéri, ne parvient pas à mettre suffisamment en valeur le support familial, ni même Phyllis (Lauren Graham), sa femme.

Kinnear, qui nous avait auparavant habitués à des rôles comiques, livre une très bonne performance posée. Son personnage n’est pas particulièrement attachant, mais l’acteur parvient à le rendre crédible dans ses convictions. Alan Alda, qui n’a que quelques minutes à l’écran, offre la performance la plus crédible et authentique du lot. Il reprendra un rôle similaire à celui-ci une décennie plus tard dans Marriage Story, par ailleurs.

Flash of Genius ressemble à un téléfilm bien exécuté mais oubliable. L’histoire est suffisamment accrocheuse pour nous inciter à le visionner, mais n’offre pas grand-chose d’autre à se mettre sous la dent, si ce n’est de désormais connaître le nom et l’histoire derrière l’une des inventions les plus banales (mais utiles) qui soit. Sans révolutionner le genre, le film est toutefois une biographie efficace qui s’approche d’un drame de justice, sans toutefois s’élever aux meilleurs films du genre. Qui sait, le nom de Robert Kearns vous sera peut-être utile lors d’une éventuelle partie de Trivial Pursuit!

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