Courtesy of the Sundance Institute.

Visionné au Sundance Film Festival 2020.

Viggo Mortensen (The Lord of the Rings, Captain Fantastic) arrive à Sundance avec son premier long métrage en tant que réalisateur. Il y signe également le scénario, en plus de jouer l’un des rôles principaux. On sent instantanément que c’est un projet grandement personnel de sa part. Le film doit faire la clôture du prestigieux festival le 2 février prochain, et on questionne sérieusement les intentions derrière cette décision.

Un scénario exploité des dizaines de fois

Willis Peterson (Lance Henriksen) est un octogénaire vivant seul sur une ferme dans l’est des États-Unis. Atteint de sénilité et de plusieurs problèmes de santé, il doit vendre son lopin et d’aller vivre chez son fils John (Viggo Mortensen) à Los Angeles. Willis est toutefois un homme grognon qui insulte sans filtre toutes les personnes qu’il rencontre. On sait tout de suite que la cohabitation entre les deux sera difficile, d’autant plus que John est homosexuel et vit avec son mari Eric (Terry Chen) et leur fille Monica (Gabbi Velis). Le film suit donc cette difficile relation père-fils à travers la recherche d’une nouvelle maison pour Willis, tout en présentant de nombreux retours en arrière retraçant la jeunesse de John et de ses parents.

Avec un tel synopsis, on peut déjà en deviner les principales péripéties. Insultes homosexuelles et raciales de la part d’un vieil homme sorti tout droit des campagnes américaines et réticence à tout changement et à ce qui s’approche même un peu de pensées libérales sont au rendez-vous. On aurait souhaité quelques surprises, qui ne viennent malheureusement pas. Le film souffre également de plusieurs problèmes de ton, de rythme et de dialogues, qui rendent tous les personnages peu crédibles. À moins d’être atteint du syndrome de la Tourette, aucun individu, aussi méchant soit-il, n’insulterait de la sorte chaque individu rencontré. La sénilité n’excuse en rien les agissements de Willis, qui est pourtant le personnage le plus intéressant du lot. Ses insultes sont pour la plupart assez comiques, mais trop peu crédibles.

Courtesy of the Sundance Institute.

Henriksen brille dans une distribution plutôt moyenne

Lance Henriksen livre une excellente performance, mais ce n’est pas suffisant pour sauver le film, malheureusement. Il donne tout ce qu’il a, mais le reste de la distribution ne suit pas la cadence. Mortensen est plus que moyen, et semble plus concentré sur sa réalisation que sur son jeu. Laura Linney, bien que très brièvement présente, offre une bonne performance, sans plus. Le reste de la distribution, incluant une apparition de David Cronenberg (collaborateur de longue date de Mortensen) est tout simplement tiède. Sverrir Gudnason, qui joue le jeune Willis, est également très efficace. Notons toutefois qu’il aurait dû (ou devrait, éventuellement) être choisi pour jouer un jeune Viggo Mortensen (la ressemblance est frappante, et il y a même un fondu entre son visage et celui de Mortensen, ce qui est plutôt étrange).

En fait, le film est la plupart du temps assez beige. Tout le monde semble s’insurger des commentaires de Willis, mais personne ne dit rien, et tous se contentent de faire « tsss » et d’oublier ce qui a été dit. On assiste finalement à une belle confrontation vers la fin du film, mais c’est trop peu trop tard. Il n’y a pas vraiment de développement de personnage, et on demeure indifférent à la plupart des péripéties. Bref, un film oubliable.

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