Escape Room
Les jeux d’évasion se sont imposés il y a quelques années comme étant un incontournable pour tous les fervents d’énigmes. Les amateurs du genre peuvent se rendre dans la plupart des grandes villes et tenter de battre le chronomètre dans de multiples thématiques variées. Chambre d’hôtel, saloon, bateau pirate, centrale nucléaire, prison, appartement d’un meurtrier, temple maya, bref, ces salles sont l’endroit par excellence pour faire travailler nos méninges. Devant leur popularité grandissante, Escape Room paraît en 2019 et propose de nous amener dans des salles particulièrement hostiles. Si les jeux d’évasion ont toujours été coopératifs, il ne pourra y avoir qu’un seul vainqueur ici.
Zoey (Taylor Russell), Ben (Logan Miller) et Jason (Jay Ellis) ont reçu une boîte puzzle mystérieuse qui avait en son centre un billet d’entrée pour un jeu d’évasion reconnu comme étant particulièrement difficile. À ce jour, personne n’a réussi à sortir des salles imaginées par la compagnie Minos, et c’est pourquoi elle promet 10 000$ à celui ou celle qui y arrivera en premier. Il n’en fallait pas plus pour qu’ils se retrouvent toutes et tous dans la salle d’attente du jeu, où ils rencontrent Amanda (Deborah Ann Woll), Danny (Nik Dodani) et Mike (Tyler Labine), venus tenter leur chance également. Si Danny est un habitué de ce genre de jeux (il en a réussi 93 et cherche toujours son prochain défi), les autres n’ont pas d’expérience préalable. C’est lorsque la première pièce où ils se trouvent se transforme en four qui ne peut pas s’éteindre que les six réalisent qu’ils sont véritablement en danger. Il leur faudra traverser sept salles afin d’être déclaré gagnant.e, un prix qui semble de plus en plus inaccessible.
En faisant appel à la réflexion des participant.e.s et spectateurs, Escape Room peut facilement se placer aux côtés d’un Saw, qui n’est pas totalement gratuit dans sa violence (du moins dans les premiers volets) et qui compte davantage sur l’observation et l’esprit, que l’on soit en-dehors ou à l’intérieur des salles. Les pièces où l’on se trouve ici sont particulièrement cruelles, certes, mais il est toujours possible d’en sortir, pour autant qu’on réfléchisse. Cependant, les personnages qu’on a regroupés ne sont pas aussi complémentaires qu’à l’habitude dans ce genre de récits. L’accent est surtout mis sur Zoey, étudiante en physique quantique. C’est elle qui trouve et comprend la plupart des indices, et les autres participant.e.s sont relégué.e.s au second plan. Quelques rapides retours en arrière nous permettent d’apprendre ce qui unit les six, et ce n’est donc pas une surprise quand on constate qu’ils ne sont pas arrivés là par hasard. Mais il nous faudra aussi comprendre pourquoi ils ont été choisis. Si chacune des pièces semble faire appel à un élément qui leur font se remémorer des événements traumatisants et leur donneront tour à tour l’occasion de briller à leur façon, il serait utopique de penser que chacun des membres de la bande survivra au jeu.
Les défis qui les attendent sont variés. À cet effet, il faut saluer le travail qui a été accompli au niveau des décors, car chaque nouvelle pièce est un nouvel univers rempli de mystères. D’abord une salle d’attente, ensuite l’intérieur d’un chalet et l’extérieur sur un lac gelé (où il fera réellement froid), un bar de billard à l’envers, une salle d’opération, une pièce psychédélique digne d’Alice au pays des merveilles et une salle dont le mur avance tout seul jusqu’à nous écraser, voilà ce qui nous attend dans Escape Room. Bien que chacun des lieux n’ait que quelques énigmes à résoudre (beaucoup moins que dans un vrai jeu d’évasion), le passage de l’un à l’autre est toujours plus terrifiant, et on aimera également la montée de la tension conjointement à la rapide descente aux enfers des personnages.
Les nombreux tests auxquels seront soumis les héros ont l’avantage de ne pas être trop rapides et, donc, très faciles à suivre pour les spectateurs. Cependant, il aurait pu y en avoir beaucoup plus, et on aurait même aimé se casser la tête pour quelques puzzles, de la même façon qu’avec cette sublime énigme des contenants de 3 et 5 gallons du troisième volet de Die Hard, qui reste longtemps à l’esprit, et qui procure une grande satisfaction lorsqu’on l’a comprise. Escape Room ne nous donne jamais ce sentiment d’accomplissement caractéristique des jeux d’évasion, et il aurait gagné à chercher à le faire.
Quand on a réussi à sortir du jeu meurtrier, le film passe à son deuxième acte, et on retrouve un peu d’excitation face à ce qui nous attend. On perd le sentiment rapidement toutefois, quand une ellipse temporelle nous fait passer par-dessus un élément particulièrement important, et qu’on ne comprend pas comment les personnages se sont retrouvés là où ils sont… six mois plus tard.
Escape Room est donc un bel essai de film d’horreur thématique, mais force est d’admettre qu’il s’agit davantage d’un thriller que d’un film d’horreur, et que la thématique aurait pu être explorée davantage. Alors qu’il tente de nous faire réfléchir, il ne réussit pas totalement à nous satisfaire, et on ne peut qu’être perplexe face à sa finale, qui laisse présager une suite (qui verra le jour en 2021 si tout va bien!) Je vais assurément plonger avec avidité dans le prochain, en espérant qu’il aura pallié les lacunes du premier et sera parvenu à se réinventer.