En plein hiver, le propriétaire d’un club de golf situé sur une île résidentielle huppée (Stéphane Crête) fait appel à une compagnie qui étend sur son terrain un produit faisant fondre la neige, lui permettant ainsi d’être ouvert durant la saison morte. Le produit s’infiltre dans le sol et vient contaminer l’aqueduc qui approvisionne les résidents en eau, les transformant du même coup en zombie. Des survivants, on compte André (Iani Bédard), un adolescent qui doit prendre soin de sa petite sœur après que leur mère (Anne-Élisabeth Bossé) a été contaminée, et Dan (Roy Dupuis), un garde de sécurité survivaliste qui espère trouver un remède pour sauver sa fille Patricia (Marianne Fortier), devenue zombie.

Il serait facile de tracer des parallèles entre la situation qui afflige les résidents de l’Île-aux-Paons et la pandémie actuelle, mais ce serait nous distraire du message que tente de faire passer le réalisateur Julien Knafo. C’est plutôt sur la peur de l’autre que Knafo, qui signe également le scénario et la trame sonore, veut nous faire réfléchir. Tout film de zombie possède cette caractéristique inhérente de nous faire méditer sur le monde au sein duquel on vit, et Brain Freeze n’échappe évidemment pas à ce moule élaboré en grande partie par George A. Romero. Toutefois, outre l’altérité, les nombreuses thématiques abordées (parfois trop en surface) ont un sentiment de déjà-vu et n’amènent malheureusement rien de nouveau à la discussion.

Du lot, c’est peut-être les commentaires sur les radios poubelles qui sentent le plus le réchauffé. Les personnages de Patrick Nault (Simon-Olivier Fecteau) et sa productrice (Marie-Lyne Joncas) sont trop caricaturaux pour qu’aucun message social ne soit véritablement pris au sérieux. Certes, le film tourne toujours autour de la comédie noire, mais les quelques scènes mettant en vedette Fecteau contrastent avec le ton du reste du film. Le message environnementaliste n’est quant à lui exploré qu’en surface, mais on excuse quelque peu ce fait quand on comprend que c’est ce qui a attiré Dupuis au projet, de loin l’acteur le plus efficace du lot. La déshumanisation des zombies est peut-être moins importante que celle qui afflige la population à l’extérieur de l’île, qui tarde à venir en aide aux survivants, et c’est là que réside l’essentiel du message à faire passer.

Brain Freeze est tout de même rafraîchissant dans l’univers cinématographique québécois. Outre Les affamés, sorti il y a quelques années, rares sont les films de genre au Québec (et surtout les films de zombies), et encore plus rares sont ceux qui sont visuellement réussis. On voit que la production est l’une des peu nombreuses de ce genre à avoir bénéficié d’un budget décent, certes pas à la hauteur de ses ambitions, mais somme toute raisonnable, ce qui donne un look très singulier au film. Les effets spéciaux n’y sont pas si nombreux, mais ils sont très bien effectués, tout comme la direction photo aux teintes froides. C’est d’ailleurs l’un des seuls films de zombies qui se déroule l’hiver, ce qui ajoute à sa particularité.

Il ne faut évidemment pas s’attendre au film de l’année lorsqu’on va voir Brain Freeze. Il ne prétend pas être autre chose qu’une comédie d’horreur qui met le divertissement à l’avant-plan, et à cet égard, c’est somme toute mission réussie. Le film manque peut-être un peu d’action pour venir dynamiser le récit, et très peu de scènes sont mémorables au final, mais il serait surprenant qu’il déplaise aux amateurs du genre. On peut toutefois espérer que cette production – et sa distribution solide – contribuera à ce que les films de genre soient considérés à leur juste valeur par les studios et les organismes subventionnaires dans un avenir rapproché.

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