Courtesy of the Sundance Institute.

Avant-dernière journée (déjà) de Sundance. Aujourd’hui, je ne visionne que des films en premières mondiales (et donc hors compétition). Le premier sur ma liste est Uncle Frank, d’Alan Ball (Six Feet Under, American Beauty). J’avais décidé de prendre le bus le plus tard possible, quitte à peut-être manquer ce visionnement. Les critiques étaient en effet particulièrement tièdes, alors ce n’aurait pas été la fin du monde si par malheur j’arrivais en retard. Je suis tout de même parvenu à y arriver à l’heure, et j’ai été surpris du plaisir que j’ai eu à visionner ce film. On suit Frank (un excellent Paul Bettany), professeur de littérature à New-York, qui tente de cacher à sa famille, de la Caroline du Sud, son homosexualité, le tout, du point de vue de sa nièce Beth (Sophia Lillis, que l’on voit de plus en plus ces derniers temps). Certes, le film comporte son lot de clichés, mais Ball a un talent inné pour écrire des personnages attachants, comme il l’a démontré dans ses précédents projets. Il possède une sensibilité et un sens du rythme qui peut rendre une histoire des plus banales en un film très appréciable. La fin est également relativement surprenante, à l’image du film, quoi!

Courtesy of the Sundance Institute.

Mes trois visionnements de la journée sont au Eccle Theater, la plus grande salle du festival. Je n’ai donc pas à me déplacer pour le visionnement de Kajillionaire, un film pour le moins hétéroclite. On suit une famille d’escrocs qui voit leur dynamique changer lorsque les parents invitent Melanie (Gina Rodriguez) au sein de leur groupe. Evan Rachel Wood offre une excellente performance, tout comme Richard Jenkins et Devra Winger, mais au final j’ai trouvé les personnages très peu crédibles. Ils agissent tous assez étrangement, et on peine à croire les plans qu’ils élaborent et leur réalisation. Ce n’est pas un mauvais film, mais c’est loin d’être un grand film.

Courtesy of the Sundance Institute.

Le dernier visionnement de la journée est également l’un de ceux que j’attends depuis longtemps. Il s’agit de Wendy de Benh Zeitlin (Beasts of the Southern Wild), qui avait été découvert avec son dernier film au festival de Sundance en 2012. Réputé pour ses mouvements de caméra, sa fluidité, la qualité exceptionnelle du visuel de ses films, mais également pour travailler avec des acteurs et actrices inconnus, Zeitlin offre une plus qu’agréable réinterprétation de Peter Pan. Souvent comparé à Terrence Malick, Wendy maintient sa réputation, bien que plusieurs l’aient critiqué cette semaine. On dit qu’il ne parvient pas à recréer la magie de Beasts of the Southern Wild, ce qui n’est pas faux. Cependant, je ne crois pas qu’il devrait être discrédité pour cette raison. Je crois que Wendy est un très bon film qui représente bien le concept de Peter Pan sans trop entrer dans cet univers, exploré des dizaines de fois déjà. Le concept de liberté et d’enfance transcendent le scénario, et au final c’est un film qui se montre très sensible et qui ne perd pas de vue la perspective des enfants, point central du récit. Il possède cet incroyable talent de faire bien paraître ses acteurs et actrices, qui semble à leur aise dans cette histoire mystique. J’aimerais bien le revoir à sa sortie en salles un peu plus tard ce mois-ci.

Puis, direction la cérémonie de remise de prix. J’ai décidé de faire une croix sur mon visionnement de la soirée à Salt Lake City (Lost Girls) pour profiter au maximum de la chance que j’ai d’assister à cette cérémonie (et au party qui suivra). J’espère croiser quelques vedettes au passage. À ce chapitre, je n’ai pas été déçu! Dès mon arrivée, j’attends en ligne aux côtés de Radha Blank (The 40-Years-Old Version), et j’en profite pour la féliciter pour son film. Je suis quand même surpris de constater que l’équipe des films en compétition entrent par la même entrée que moi! L’événement est exclusif, certes, mais vu la facilité avec laquelle je me suis procuré un billet, ça me semble relativement accessible tout de même. C’est à l’image du festival, je crois, où même les plus grandes vedettes côtoient les festivaliers et festivalières avec une certaine liberté, comme je l’ai mentionné dans l’un de mes précédents textes.

Étonnamment, le billet d’entrée vient avec un open-bar et un buffet à volonté. Pas mal pour un billet gratuit! J’en profite pour boire quelques Stella Artois en attendant le début de la cérémonie. Les gens de la presse ne peuvent pas s’asseoir sur les chaises, toutes réservées aux équipes des films. Nous devons regarder la cérémonie en retrait, soit sur le côté de la salle où à l’arrière. Qu’importe, puisqu’on voit assez bien la scène d’où je me positionne. J’ai dans mon champ de vision Viggo Mortensen et l’équipe du film Falling. Je me retiens pour crier Go Habs Go comme j’avais fait à Cannes, lui qui est un fan notoire des Canadiens. J’aperçois également au loin Ethan Hawke et Isabella Rossellini, membres du jury, ainsi que Patricia Clarkson, que j’ai adoré dans Sharp Objects de Jean-Marc Vallée. Bref, je suis en très bonne compagnie. La cérémonie débute lentement, avec la remise des prix pour les documentaires et les films de fictions internationaux, ainsi que pour la section NEXT. J’avoue ne pas en avoir vu beaucoup, ayant plutôt mis l’accent sur la section américaine du Festival. Le film I Carry You With Me remporte deux prix, et attire mon attention. Je tenterai de garder l’œil sur ce film qui semble éclaté dans sa forme au cours de la prochaine année. Alors qu’aucun documentaire international que j’ai vu ne remporte de prix, je vois This Is Not A Burial, It’s A Resurection remporter le prix pour réalisation visionnaire. L’esthétisme est la seule chose que j’ai aimé de ce film, alors je n’en fais pas un grand cas (rappelons que j’ai détesté ce film). Ben Whishaw remporte quant à lui le prix du meilleur acteur, ce qui est grandement mérité pour sa performance exceptionnelle dans Surge. Ce sont les deux seuls films de ces compétitions que j’ai vu, il m’est donc difficile de commenter plus longuement sur les vainqueurs.

Kirsten Johnson, pour le film Dick Johnson Is Dead. Courtesy of the Sundance Institute.

Par contre, pour les documentaires et les films de fiction américains, j’avoue être satisfait des prix octroyés. J’aurais aimé voir Dick Johnson is Dead remporter les grands honneurs, mais il repart toutefois avec le prix Innovation in Nonfiction Storytelling, ce que je comprends totalement. Je rappelle que ce film a une forme totalement novatrice d’approcher la mort et ses représentations. Grandement mérité! Le grand prix revient à Boys State, que j’avais grandement apprécié également. Le prix de l’audience revient à Crip Camp, que je n’ai malheureusement pas vu, mais qui avait une bonne réception critique. Les autres prix ont été octroyés à des films que je n’ai malheureusement pas vu, mais qui seront sur mon radar.

Lee Isaac Chung pour le film Minari. Courtesy of the Sundance Institute.

Alors que Minari remporte à la fois le grand prix et le prix de l’audience (c’est seulement le 4e film de l’histoire du festival qui parvient à réussir cet exploit), The 40-Year-Old Version et Radha Blank se voient récompensé du prix de la meilleure réalisation. J’aurais vu le film remporter le meilleur scénario, mais c’est grandement mérité, à mon avis. Le meilleur scénario est plutôt remis à Nine Days, que je n’ai malheureusement pas vu, mais qui me semblait très prometteur. Le prix de la meilleure distribution (ou meilleurs acteurs) est remis à Charm City Kings, qui le mérite une fois de plus. Les jeunes dans ce film sont tout simplement exceptionnels. Le prix du meilleur film d’auteur est remis à Shirley. J’avoue ne pas trop comprendre cette catégorie, mais je savais que ce film remporterait un prix, alors je ne suis pas trop déçu. Enfin, l’un de mes films préférés du festival, Never Rarely Sometimes Always repart avec le prix pour son néo-réalisme. J’aurais aimé le voir remporter un autre prix, mais je suis tout simplement content de le voir récompensé.

Radha Blank, pour le film The 40-Years-Old Version. Courtesy of the Sundance Institute.

Puis, rapidement après la fin de la cérémonie, les gens se précipitent au bar, les chaises sont rangées et laissent place à la piste de dance et à la musique électro. Je profite de l’occasion pour un 2e service alimentaire. Un party quand on est seul est assez moyen. Je ne crois pas m’attarder bien longtemps ici, mais je compte tout de même attendre et croiser quelques vedettes. Je recroise Ethan Hawke, qui est déjà sur son départ, ce qui est compréhensible puisqu’il a été le centre d’attention tout au long du festival. Je croise à nouveau Blank, que je félicite une fois de plus, avant de croiser Wagner Moura (Pablo Escobar dans la série Narcos) qui sirote son verre un peu en retrait de la piste de danse. J’y croise également l’équipe du film Minari, que je félicite également. C’est l’un des meilleurs films du festival, peut-être l’un des meilleurs films de l’année! Je croise d’autres lauréats au passage, ainsi que la réalisatrice Dee Rees (Mudbound) et John Cooper, directeur du festival, mais la fatigue commence à me prendre. Le festival tire à sa fin, tout comme ma résistance à la fatigue. Je me résigne donc à quitter la cérémonie vers 22h30, après quelques consommations gratuites, tout de même! Direction Salt Lake City à l’aide d’Uber, pour la somme plus que raisonnable de 28$ US. Si j’avais attendu à minuit, les prix auraient aisément pu atteindre 100$ US, surtout si les quelques centaines d’invités présents avaient quitté la fête au même moment. Je sens déjà que le réveil sera pénible demain matin. Quelle journée!

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