Avant d’être réimaginé en 1998 avec Meg Ryan et Tom Hanks dans les rôles principaux de You’ve Got MailThe Shop Around the Corner nous transportait en Hongrie dans une boutique de jouets pendant les vacances de Noël. Si le remake fait assurément partie de mes films préférés pour sa représentation romancée des librairies, il faut admettre qu’il a beaucoup emprunté au premier de 1940. Critique d’un film particulièrement charmant et magique à l’aube du temps des Fêtes!

Alfred (James Stewart) est l’employé exemplaire d’une boutique de cadeaux populaire à Budapest. Après un échange tendu avec son patron M. Matuschek (Frank Morgan) au sujet d’une boîte à cigarettes qui fait de la musique (Alfred craint que la boutique ne réussira pas à les vendre alors que le patron demeure convaincu du contraire), Klara (Margaret Sullavan) entre dans le magasin dans l’espoir de trouver un travail. En moins de deux, Klara vend la boîte et se fait embaucher. Alfred verra en sa nouvelle collègue une rivale et celle-ci lui rendra bien. Les deux, cependant, ne sont pas au courant qu’ils correspondent ensemble anonymement, et ont développé une relation de confidences bien assumée, depuis que Klara a posté une annonce dans le journal local. À l’approche de Noël, Alfred invite sa correspondante à un dîner en sa compagnie, et apprend son identité alors que Klara croit s’être fait poser un lapin. Profitant de cet avantage, il tentera de se rapprocher de Klara en tant que son collègue et la convaincre de ses intentions.

The Shop Around the Corner a tous les éléments pour plaire. Dès les premières minutes, l’ambiance qui se dégage de la boutique et de ses employé.e.s est particulièrement comique. Les répliques sont rapides et cinglantes, le rythme est soutenu et l’humour est bien présent, que ce soit quand les collègues se parlent de leurs aventures ou encore quand l’un d’entre eux disparait chaque fois que le patron dit qu’il veut l’honnête opinion de ses subalternes. À cet effet, ce leitmotiv pourra rappeler aisément To Be or Not to Be, du même réalisateur. Au-delà de ces quelques éléments, les deux acteurs principaux ont une belle chimie à mi-chemin entre le flirt et l’agacement, et on aimera suivre l’évolution de leur relation secrète en appréciant davantage le privilège qui nous est donné d’être les seuls à connaître l’identité des correspondants. Puis, en trame de fond, la boutique, essentiellement le seul lieu qui nous sera présenté, nous charme tellement qu’on aimera beaucoup y passer tout le récit.

On pourra être plus déçus quand le film tente de nous convaincre que les personnages se détestent, alors qu’en réalité on a peu d’éléments tangibles qui le démontrent. De la même manière, on passera plusieurs mois dans la boutique et il sera plutôt difficile de constater le passage du temps puisqu’on n’en sort presque jamais. Mais lorsqu’on oublie ces quelques failles, on peut replonger dans cette histoire qu’on suit se développer, d’abord en secret et ensuite aux côtés d’Alfred.

En effet, le film se réinvente lorsqu’Alfred apprend que Klara est sa correspondante. Même si on aura peu de temps pour profiter de ce nouveau revirement de situation, il sera bien comique de voir Alfred d’abord se convaincre que son amie secrète, si parfaite à ses yeux, est bel et bien sa collègue qu’il n’apprécie pourtant pas du tout, et ensuite, de la convaincre qu’il n’est pas si détestable après tout.

Au final, The Shop Around the Corner pourra s’apprécier comme le premier You’ve Got Mail. Si on connait l’histoire et qu’il est plutôt facile de savoir comment elle se termine, on se fera convaincre par le jeu, l’humour et les décors qui accompagnent les employés de cette petite boutique de cadeaux à Budapest. Ernst Lubitsch nous propose ici un tout cohérent, convaincant et tout à fait adorable qu’on prendra plaisir à découvrir ou redécouvrir à la période des Fêtes.

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