Opération Nez rouge, le bien connu service de raccompagnement offert pendant les Fêtes au Canada, a vu le jour en 1984. L’idée, tout à fait bienvenue en cette période de réjouissances, a grandi dans le coeur des québécois jusqu’à avoir des dizaines de milliers de bénévoles chaque année dans la plupart des villes du Québec, les profits recueillis étant remis à des organisations de chacune de ces villes. Opération Nez rouge est maintenant à sa manière une tradition du temps des Fêtes et, pour y avoir déjà participé, c’est un vrai party que de faire partie des services de raccompagnements! En 2003, Érik Canuel se retrouve à la réalisation d’un premier film sur les aventures cocasses d’une équipe de raccompagnements à Montréal, Nez rouge. Critique d’un film québécois festif qui mérite amplement sa place dans les incontournables du genre!

Félix Legendre (Patrick Huard) est un critique littéraire populaire qui aime détruire les œuvres qui lui sont présentées. Céline Bourgeois (Michèle-Barbara Pelletier) est une romancière qui a vu l’un de ses projets se faire traîner sur la place publique par Legendre et qui peine à avancer dans sa carrière depuis. Après un événement littéraire où les deux se croisent, Félix se fait accoster dans un barrage routier et, échouant l’alcotest, doit plaider sa cause avec l’aide de Léon (Pierre Lebeau), un avocat pour le moins particulier. Léon parvient à convaincre le juge de laisser Félix faire plutôt du bénévolat à Nez rouge pour se repentir, et les deux rencontrent Céline alors qu’ils cherchent un troisième coéquipier. Pour Félix, c’est le coup de foudre. Il ne reconnaît pas l’auteure et tente par tous les moyens de la séduire. Céline, quant à elle, participe afin de reporter par écrit son expérience, et y voit l’occasion de se venger du critique par plusieurs coups qu’elle lui fera subir tout au long de leur partenariat. Léon, en bon père de famille, travaille ardemment à les rapprocher juste à temps pour Noël.

J’ai toujours aimé les films qui prennent place dans l’univers de l’édition. Que ce soit dans un magazine, une agence de publicité, les bureaux d’un site web ou un journal, avec des auteurs, critiques, journalistes ou éditeurs, dans les événements, les salons, ou même l’organisation de lancements, bref, le monde littéraire, au cinéma, m’attire énormément. C’est donc sans grande surprise que Nez rouge fait partie de mes films préférés, malgré le fait qu’il vieillit de façon douteuse, surtout auprès des cinéphiles aguerris.

En effet, au-delà d’une histoire somme toute assez simple et des performances qui sont correctes, le film est rempli d’effets visuels qu’on ne remarque pas vraiment aux premiers visionnements, mais qui pourront agacer les spectateurs qui ont l’œil plus affuté. Les ralentis côtoient les flashs rapides, les vertigos s’enchaînent dans des écrans séparés montrant deux actions simultanément, ou, encore, le générique de début, se voulant comique, nous avise que le film ne sera absolument pas sérieux, en étant rouge et vert, présentant des images d’un Montréal en mouvement derrière les noms qui défilent. Cela dit, si on outrepasse ces quelques éléments de réalisation, il est tout à fait possible d’avoir une belle expérience.

Au-delà de la comédie romantique habituelle, l’environnement de celle-ci saura d’abord charmer les spectateurs mais aussi les faire rire. Les québécois se reconnaîtront dans les situations du duo, soit parce qu’ils ont déjà participé à une édition de la campagne, soit parce qu’ils ont déjà été ivres (et, avouons-le, qui ne l’a pas déjà été?) Les pièges que tend Céline à Félix seront comiques à leur façon, mais la grande étoile du récit est assurément le bénévolat chez Nez rouge (et l’omniprésence de Desjardins, qui montre de façon pas aussi subtile qu’on le croyait qu’il a grandement contribué au financement).

Lorsqu’on le regarde avec les commentaires du réalisateur, on en apprend peu, sauf peut-être à quel point les nuits étaient froides et comment il a été possible de rendre certains plans et scènes. Ce qui est mis de l’avant, surtout, c’est que Canuel a eu énormément de plaisir dans ce projet, ce qui se sent dans tous les choix esthétiques, les effets spéciaux et les scènes de raccompagnements plus grandes que nature. À sa défense, La loi du cochon, un autre de ses films, a eu droit au même traitement visuel. C’est donc une marque du réalisateur, qu’on aimera, ou pas.

Il ne faut pas s’attendre à un grand film de Nez rouge. Cependant, c’est une comédie romantique efficace et hautement divertissante qui attend les spectateurs. L’important, dans son cas, est surtout de représenter l’organisation adéquatement, et à ce niveau, c’est tout à fait réussi. C’est un film que je regarde fréquemment depuis que je l’ai vu avec mes parents au cinéma, sans comprendre vraiment pourquoi j’aimais énormément le résultat. C’est même grâce à ce film que j’ai toujours appuyé l’organisation, en faisant du bénévolat, en profitant de leur service et en me procurant leurs porte-clés chaque année. Cheers!

2 commentaires

  1. […] Nez rouge (2003) d’Érik Canuel […]

  2. Coups de cœur de la rédaction – Ciné-Histoire sur décembre 21, 2020 à 8:11 am

    […] regard d’enfant sur les films qui m’avaient marquée plus jeune. Puis j’ai vu Nez rouge avec mes parents au cinéma, probablement une des premières manifestations de mon amour pour le […]

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