Adaptation du roman du même nom de Roald Dahl (qui a aussi écrit Charlie and the Chocolate Factory, BFG et The Witches, entre plusieurs autres), Matilda raconte l’histoire exceptionnelle d’une fillette avec une intelligence hors du commun et des dons de télékinésie. Le film paraît en 1996, et met en vedette la petite Mara Wilson (Mrs. Doubtfire, Miracle on 34th Street) dans le rôle titre et Danny DeVito dans celui de son père. Ce dernier est aussi le narrateur et réalisateur du film.

Matilda Wormwood (Wilson) est une enfant très intelligente qui tente de se développer dans une famille qui ne l’apprécie pas à sa juste valeur. Entre un père vendeur de voitures malhonnête (DeVito), une mère dont la seule ambition est de bien paraître pour aller jouer au bingo (Rhea Perlman) et un frère (Brian Levinson) qui semble destiné à suivre les traces de ses parents (dont il est la fierté), Matilda apprend rapidement à s’occuper d’elle-même. À quatre ans elle sait cuisiner et a déjà lu tout ce qu’elle pouvait trouver dans la maison. Elle décide donc de se rendre à la bibliothèque, toute seule et à pied. Dès lors, elle se familiarise avec la littérature pour enfants et passe rapidement à travers tout le rayon. Son rêve d’aller à l’école s’exauce quand la directrice de l’établissement scolaire de la ville, Agatha Trunchbull (Pam Ferris) achète une voiture à son père. Matilda fait donc la rencontre de Miss Honey (Embeth Davidtz), son enseignante et la seule adulte qui soit capable de voir à quel point la petite est exceptionnelle. Mais en-dehors de la classe, la Trunchbull terrorise tous les élèves de son école, Matilda y compris, jusqu’à ce que cette dernière développe des dons de télékinésie, et décide de rendre justice à ceux qui ont été lésés.

J’ai des souvenirs très précis de la place que j’accordais à ce film quand j’étais plus jeune. J’avais l’âge de Matilda quand je l’ai vu la première fois, et je le visionnais chaque week-end, surtout quand je recevais des amies à coucher à la maison (avant que je ne le remplace par The Parent Trap en 1998 pour le même genre de rituel). J’avais bien évidemment le VHS de ce film, dont la pochette en plastique de couleur jaune banane devait être ouverte comme un livre, et le faisait se hisser au rang des VHS cool, plus que ceux dans des pochettes en carton qui glissaient par l’ouverture au bas. Je ne sais pas ce qui a poussé mes parents à m’acheter ce film. Mes héroïnes de l’époque étaient les jumelles Olsen, et je n’avais jamais entendu parler de Roald Dahl. J’imagine que le Québec Loisirs avait Matilda quelque part dans ses pages. Quoi qu’il en soit, j’ai tout de suite accroché à cette histoire d’injustice mais surtout d’intelligence. Je me rappellerai toujours de la réponse à l’équation « 13 multiplié par 379 » (« ça fait quatre mille neuf cent vingt-sept, je crois ») et c’est probablement de là où m’était venue l’idée de demander à mon professeur de première année d’avoir plus de devoirs à faire à la maison. Le film a initié dans mon jeune esprit une envie de me démarquer des autres par mes accomplissements, ce avec quoi je vis encore aujourd’hui. J’ai bien sûr essayé de faire bouger moi aussi mes céréales, sans succès évidemment!

La force de Matilda est donc là je crois. Avec Wilson dans le rôle de son héroïne attachante et qui joue toujours à point, le récit démontre aux enfants que l’intelligence et la gentillesse gagnent toujours. Il explique qu’il vaut mieux avoir des connaissances que de se fier seulement à notre apparence, dans une scène plutôt difficile à regarder où Miss Honey tente de convaincre les parents de Matilda qu’elle pourrait se rendre à l’université avec un bon encadrement. Et par-dessus tout ça, le récit nous transporte dans un monde magique où il devient possible de canaliser cette énergie pour faire bouger les objets. Alors qu’on a une manifestation des pouvoirs de l’enfant très tôt dans le film quand elle fait exploser la télévision, c’est véritablement quand Miss Honey lui parle de sa propre enfance qu’elle se met en tête de l’aider et qu’il n’y a plus de limites à ce qu’elle est capable d’accomplir, allant jusqu’à faire croire à la Trunchbull que sa maison est hantée par l’esprit de son frère décédé.

Ces moments nous sont évidemment rendus par l’usage d’effets spéciaux, certains ayant moins bien vieilli que d’autres. Les enfants qui volent dans les airs et font des pirouettes semblent totalement composés par ordinateur, et on peut voir certains câbles et fils quand Matilda s’exerce à ses pouvoirs. Mais on oubliera rapidement ces petits défauts pour plutôt se laisser transporter dans la magie, qui sera efficace pour les enfants.

Et ce n’est pas seulement la magie qui fonctionne ici, mais aussi les décors, les mouvements de caméra et la distribution qui contribuent grandement à l’authenticité du récit, malgré que la plupart de ce qui est présenté est plus grand que nature et ne serait pas possible dans la vraie vie. Ainsi, Danny DeVito et Rhea Perlman incarnent à merveille les parents déconnectés de Matilda, par leur relâchement, leurs mimiques faciales et leurs grands élans d’émotions. Les vêtements qu’ils portent témoignent certainement des années 1990, tout comme leur immense maison couverte de tapis. De même, Pam Ferris est une Trunchbull tout à fait convaincante (elle jouait aussi le rôle de la tante Marge dans le 3e volet de Harry Potter!), qui semble mesurer plus de six pieds (grâce aux nombreux plans en contre-plongée), et dont les cheveux en chignon serré ajoutent à l’aura de sévérité qui s’en dégage. Mentionnons aussi l’école, qui est particulièrement sombre et bordée de clôtures pointues. En fait, on se croirait plutôt en prison qu’à l’école, effet sans aucun doute recherché par la directrice. Finalement, la maison de Trunchbull, si gothique elle aussi sous son emprise, change totalement quand Miss Honey en prend possession. On pourra donc s’y sentir d’abord comme un intrus, et ensuite comme un invité, pour aller de pair avec les personnalités bien différentes des deux propriétaires.

Matilda est d’abord une bonne adaptation du roman de Dahl, et ensuite un très bon film en lui-même. Malgré que certains des éléments qu’il présente sont bien ancrés dans la décennie 1990, les enfants pourront toujours y trouver leur compte. Mara Wilson semble elle aussi être cette enfant prodige car elle est toujours particulièrement convaincante dans tous ses rôles, même si sa carrière n’a pas été longue. Entre l’esprit aiguisé des « bons » et celui moins affûté des « vilains », le film met à l’avant l’idée que tout est possible, que les gentils gagneront toujours, et qu’il n’y a aucune honte à être intelligent. J’ai beaucoup regardé ce film dans mon enfance, et l’expérience de visionnement aujourd’hui ne change pas vraiment l’opinion que j’en gardais jusque-là. Il y a quelque chose de particulièrement envoûtant dans les récits qui ont en leur centre des enfants exceptionnels. Harry Potter m’a donné envie de recevoir moi aussi ma lettre de Poudlard, mais c’est Matilda qui a fait en sorte que j’aurais voulu être une Serdaigle.

 

2 commentaires

  1. Matilda – Ciné-Histoire sur décembre 22, 2020 à 10:40 am

    […] ☆☆☆☆☆ Très bon […]

  2. Kingsman: The Secret Service – Ciné-Histoire sur janvier 24, 2021 à 8:54 pm

    […] ☆☆☆☆☆ Excellent […]

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