Les films « choraux » (hyperlink en anglais) sont ceux où l’on suit à la fois plusieurs personnages et histoires, qui se croisent en de multiples endroits et se terminent en ayant éclairci les liens entre ceux-ci. Bien qu’il ne soit pas le premier du genre, Love Actually en est un bien populaire qui, en 2003, trace la voie à toutes les autres comédies romantiques centrées autour d’une Fête, que ce soit Mother’s Day, Valentine’s Day et New Year’s Eve, ou encore He’s Just Not That Into You, adapté d’un livre de développement personnel consistant en de multiples entrevues avec plusieurs hommes et femmes sur les relations interpersonnelles.

Les trames narratives que l’on voit évoluer dans Love Actually sont multiples : un chanteur déchu qui sortira bientôt un album de Noël, un acteur porno, un beau-père veuf, le Premier Ministre du Royaume-Uni et ses employés, un auteur parti écrire en France, un jeune garçon qui vit sa première peine d’amour, une employée secrètement en amour avec un collègue, son patron, tiraillé entre sa vie de famille et l’envie de s’émanciper, sa femme au beau milieu de tout ça, un jeune anglais qui rêve des filles de l’Amérique, un couple de nouveaux mariés, et finalement le meilleur ami du marié qui essaie de composer avec un conflit intérieur.

La construction des films choraux

Par leur construction particulière, les films choraux ne nous permettent pas de nous investir d’une seule histoire. Ils nous en présentent tellement que l’on passe finalement peu de temps dans chacune d’elles, et il ne nous est pratiquement pas possible de nous attacher aux personnages. Il est également fréquent que certaines trames soient accessoires, et qu’on nous présente alors des aperçus rapides entre d’autres scènes plus chargées.

Love Actually le fait avec l’anglais qui veut s’établir à New York et l’acteur porno (joué par Martin Freeman, aussi attachant et innocent qu’il peut l’être en simulant des scènes de sexe avec sa partenaire, les deux complètement habillés). Le choix de se concentrer sur quelques personnages au détriment des autres n’est pas mauvais en soi ; c’est pourquoi il y a toujours des personnages « principaux » et « secondaires » dans les films. Le problème avec ce type de film est que l’on ne devrait pas avoir à le faire, étant donné le but même de la construction, soit de montrer le cheminement de plusieurs personnes simultanément. À ce moment-là, on aurait pu simplement réduire la quantité d’histoires, pour leur donner la même importance. À la fin du visionnement, on ne se souviendra pas des noms de certains personnages puisqu’on les a revus pour la 2e fois environ 50 minutes après la première, pour une durée totale de plus ou moins 6 minutes. Et c’est également valide pour les personnages plus centraux de l’histoire.

All I Want For Christmas Is You

Love Actually ne s’en cache pas : c’est un film de Noël. C’est pourquoi sa pochette est enrubannée, en rouge, au milieu des nombreux visages qui composent ses tout aussi nombreuses histoires.

Quand on a compris ça, on comprend aussi que l’on vient de se faire embarquer dans des scénarios tous plus prévisibles les uns que les autres, que les situations n’ont pas toujours de sens, et que le but ultime de tous les personnages est de trouver l’amour, conserver l’amour, se préserver de l’amour, aimer mieux, autrement, ailleurs, plus fort, etc. L’amour, bref, devient l’unique quête de ces personnages, point qui pourrait jouer en sa défaveur en juillet, mais qui, en décembre, semble être plus facile à avaler.

Accepter de vivre dans le non-sens

Pendant tout le film, le personnage de Liam Neeson mentionne à plusieurs reprises que s’il avait la chance de faire sa vie avec Claudia Schiffer, il le ferait. Lorsqu’elle apparaît devant lui à l’aéroport et qu’il ne réagit pas, on sent le clin d’œil, mais on peut tout de même se questionner : est-ce que le personnage est conscient de ce qui lui arrive? Est-ce Claudia ou une femme qui lui ressemble? Si elle occupe ses pensées si fréquemment, pourquoi ne pas jouer avec ça entièrement en nous présentant « Claudia Schiffer » et, pour une raison qui nous échapperait probablement, leur décision d’être ensemble.

De la même façon, un jeune Thomas Brodie-Sangster (Game of Thrones, Nanny McPhee) décide de déjouer la sécurité d’un aéroport (dans une scène qui ne pourrait jamais se produire réellement) pour dire au revoir à la jeune fille qu’il aime avant qu’elle ne parte… pour un mois… quelques heures après le concert de Noël de l’école. Lorsqu’elle revient un mois plus tard, qu’est-ce qui a changé? Pourquoi nous présente-t-on une autre scène à l’aéroport après le dénouement des trames? Ces trois dernières minutes ne servent en rien les histoires, déjà conclues de manière satisfaisante.

Lorsqu’on accepte Love Actually pour ce qu’il est (soit une comédie-romantique chorale), on peut éprouver du plaisir au visionnement. Il s’insère bien dans une sélection de films du temps des Fêtes, certes, mais dans la panoplie de classiques du genre qui existent, il se compare à la négative, et dans la pluralité des films choraux qui existent, sans être le pire, il n’est assurément pas le meilleur. Il peut être intéressant de le découvrir, mais une seule écoute vaut amplement.

3 commentaires

  1. […] Love Actually (2003) de Richard Curtis […]

  2. […] Love Actually (2003) de Richard Curtis […]

  3. Isabelle sur décembre 11, 2022 à 4:09 pm

    Moi je trouve toutes ces minis histoires un peu loufoques c’est ce qui les rendent marrantes, on ne se prend pas la tête

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